26 avril 2025 Dès que l’on franchit la grille du parc de Sceaux, c’est comme si le monde, souvent frénétique et bruyant, restait de l’autre côté. On laisse les grands axes pour se diriger vers les parties boisées. Là, souvent, le premier chant d’oiseau se fait entendre. Les habitués le reconnaissent à l’oreille et partent à sa recherche avec des jumelles, ayant ainsi accès à un monde discret et merveilleux que beaucoup ne soupçonnent même pas.
En se promenant, on remarque en effet que la plupart des visiteurs du parc passent à côté de tout cela. Beaucoup viennent courir, casque vissé sur les oreilles, regard fixé droit devant ou sur le sol, ignorant complètement le concert gratuit donné par les oiseaux. D’autres promènent leur chien, discutent à voix haute, téléphonent d’une main et tiennent leur trottinette de l’autre. Il y a ceux qui marchent seuls, l’air songeur, et ceux qui s’installent sur un banc pour lire ou manger un sandwich. Les enfants courent après les pigeons ou dévalent les chemins à vélo. Des couples s’allongent dans l’herbe et s’enlacent. Bref, chacun profite du parc à sa manière, mais souvent sans vraiment voir ce qui l’habite.
Pourtant, il y a tant à découvrir. Presque tous nos sens sont en éveil : on entend les chants et les bruissements, on voit le mouvement des feuilles et le vol des mésanges, on respire les odeurs humides du sous-bois, on sent les écorces rugueuses.
Sous un arbre ou au détour d’une allée, on peut prendre le temps d’observer des mésanges, des pinsons, des pouillots véloces, des rouges-gorges, des grives, des merles, des bergeronnettes, des troglodytes mignons, des corneilles, des geais, des choucas, des hérons, des cormorans, des perruches… et même quelques écureuils. Localiser un roitelet, un grimpereau, un faucon crécerelle, une sittelle ou un pic vert peut être jubilatoire. Les observer permet de les connaître mieux.
Il suffit parfois de quelques notes — un merle, un rouge-gorge, un pinson — pour que tout en soi se détende. Quelques minutes de calme, et tout semble soudainement plus léger. Ces petits instants ordinaires ont des super-pouvoirs insoupçonnés. C’est incroyablement apaisant, presque méditatif. Un moment de déconnexion du monde moderne, mais une vraie connexion à la nature.
Troquer les jumelles contre un appareil photo rend l’expérience encore plus addictive. On se surprend à attendre vingt minutes qu’un troglodyte sorte de son buisson. Autour, les gens passent sans prêter attention. Parfois un enfant s’arrête, intrigué, demande « tu prends quoi en photo ? », et on partage un sourire.
Le dimanche matin, on croise un groupe d’amis qui se retrouvent chaque semaine. Ils disent que c’est une tradition immuable. La moitié du groupe court, tandis que l’autre moitié marche d’un bon pas, en papotant. Après l’effort, ils se retrouvent autour d’un café et refont le monde.
Ces escapades au parc, simples et précieuses, quelles que soient les motivations pour s’y rendre, sont des respirations essentielles. Comme quoi, il n’est pas toujours nécessaire de partir loin : parfois, il suffit juste d’ouvrir grand les yeux… et les oreilles.