En 1979, les premières élections populaires au Parlement européen ont vu s’affronter 11 listes. Depuis, le nombre de listes a augmente continuellement pour atteindre 38 cette année. Moins de la moitié ont envoyé leur profession de foi aux électeurs de Sceaux. En 2019, seules 6 listes sur les 34 en lice ont eu des élus. Quelle motivation pour les listes qui n’ont aucune chance d’avoir des élus ?
Des candidats sans grands moyens
Dans l’enveloppe reçue par l’auteur de cet article, 15 professions de foi et 12 bulletins. 11 de ces bulletins étaient l’œuvre de 11 des listes ayant adressé leur profession de foi. Le 12e émanait de la liste UPR dirigée par Asselineau. Celui-ci n’a même pas déposé de profession de foi sur le site des élections. Une seule autre liste est dans ce cas, la liste Free Palestine.
Pour résumer, 22 listes n’ont rien envoyé. En général, par manque de moyens. Payer plus de 40 millions de documents coûte cher. Les mêmes n’ont pas d’affiches sur les panneaux électoraux présents devant tous les bureaux de vote. Le seuil pour être remboursé de ses frais de campagne est à 3% des exprimés. Une partie de ceux qui ont envoyé des professions de foi ne sera donc pas remboursée. Huit seulement l’ont été en 2019.
Quelles propositions ?
Le site dédié à ces élections affiche toutes les listes avec leurs profession de foi. Elles sont classées dans le même ordre que sur les panneaux d’affichage : la liste 1 (Pour une humanité souveraine) est sur le panneau 1.
Huit listes sont présentées par des partis installés (RN, Reconquête, LR, Renaissance et ses alliés, PS et alliés, EELV, PC et LFI). On peut y ajouter deux autres listes. Celle des radicaux de gauche et alliés (14), et celle dirigée par Jean Lassalle, Alliance rurale (29), dont les propositions rappellent furieusement celles de la liste Chasse, nature, pêche et traditions.
Cinq listes défendent une idée forte et spécifique, ayant, sauf la dernière, un rapport très lointain avec l’Europe. La liste 1 se revendique des Caraïbes et veux lutter contre les pratiques consistant à retirer un jeune de sa famille. La liste 34, »défendre les enfants », est dirigée par un père divorcé qui n’arrive plus à voir sa fille. Le titre des listes 7 et 8, Free Palestine et parti Animaliste, résume bien leur cause. Enfin, la liste 37 défend l’espéranto.
Cinq listes (9, 19, 22, 23 et 28) peuvent être classées à l’extrême gauche, ce qui montre la capacité de ce courant à se diviser.
Quatre listes (15, 24, 25 et 26) peuvent être classées à l’extrême droite, et on peut faire la même observation.
Six listes (13, 14, 16, 20, 32 et 35) se réclament de l’écologie, souvent associée à un souci social et/ ou citoyen.
Trois listes (2, 10 et 17) proposent une démocratie plus proche du citoyen.
Trois listes (30, 36 et 38) sont à rattachés au mouvement Gilets jaunes et/ ou anti-pass sanitaire.
La liste 12 veut plus d’Europe.
La liste 21 est dirigée par un ancien de Lutte ouvrière passé ensuite à LFI et qui se veut aujourd’hui souverainiste. A classer à l’extrême droite ou à l’extrême gauche ? Ou parmi les valets du Kremlin ?
De plus en plus de listes
En 1979, 11 listes se présentent. Il y en a 14 en 1984, 15 en 1989, 20 en 1999. En 2004, 2009 et 2014, il y a un scrutin par circonscriptions interrégionales. Dans celle d’Ile-de-France, on compte successivement 28, 27 et 31 listes. En 2019, avec le retour à une seule circonscription nationale, on compte 34 listes. 15 d’entre elles n’obtiendront pas les suffrages d’un votant sur 1000.
Une participation faible mais régulière.
En 1994, on compte encore plus de 52% de votants. Puis la participation diminue. Entre 1999 et 2014, elle oscille entre 40,6% (en 2009) et 46,7% (en 1999). En 2019, la participation repasse au-dessus de 50% (50,12%). Mais on compte parmi ces votants 4,53% de votes blancs ou nuls, malgré une offre pléthorique.
Un scrutin dévoyé ?
On l’a compris, de nombreuses listes utilisent le scrutin pour se faire connaître, quand l’objectif du scrutin est d’élire les députés du parlement européen. Un Parlement dont tous les observateurs observent qu’il prend de plus en plus d’importance.
Or l’analyse des scrutins donne le sentiment que les électeurs s’en servent pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis du gouvernement en place, dont les listes recueillent rarement un score satisfaisant.
En 1984, le scrutin européen a permis au Front national de surgir sur la scène nationale, avec près de 11% des suffrages exprimés.
Autre force à qui le scrutin européen profite : les écologistes. Ils atteignent plus de 10% des suffrages en 1984. Si leur score en 1989 est décevant, ils auront ensuite toujours plus de 7% des voix, le record étant établi en 2009 avec 16,3% des suffrages. Des résultats qu’ils n’arriveront jamais à transformer aux Européennes : leur meilleur score est de 5,25% en 2002 (Noel Mamère). La liste de Yannick Jadot obtient 13,48% en 2019. Mais le candidat n’obtiendra que 4,63% à la présidentielle suivante. Il est vrai que l’éviction de Lionel Jospin au deuxième tour de 2002 a appris aux électeurs à ne pas disperser leurs voix…
Que va nous donner le vote du 9 juin 2024 ?