Lors du premier confinement, les établissements scolaires ont été fermés, la plupart des enseignants essayant vaille que vaille de garder le contact avec leurs élèves, de continuer leurs cours et à les faire travailler. Un document de l’Éducation nationale, paru en novembre, montrait l’impact sur le niveau des élèves en primaire. Selon ce qu’on voudra démontrer, on pourra en déduire que ce confinement à nettement ralenti les apprentissages ou que les efforts de tous ont permis de limiter les dégâts.
L’impact négatif est-il irréversible au point de marquer toute une génération ? Est-il au contraire rattrapable à condition d’en prendre les moyens ? En pratique, comment cela se passe-t-il dans nos écoles ? Pour le savoir, la Gazette a pu rencontrer le directeur de l’école des Blagis, M. Delamare.
L’école des Blagis
L’école compte 15 classes et accueille environ 380 élèves, du CP au CM2. L’une des classes est une UPAA (Unité Pédagogique pour élèves Allophones Arrivants) qui accueille pendant deux ans les jeunes concernés de la circonscription (Sceaux, Bourg-la-Reine, Fontenay-aux-Roses). Je suis accueilli dans une vaste bibliothèque, qui joue un rôle pédagogique important dans l’école.
M. Delamare est directeur d‘école depuis 30 ans (il a commencé très jeune !) et de cette école depuis 23 ans. C’est dire qu’il la connaît (il y est très attaché), comme il connaît tous les enfants, puisqu’il passe une bonne partie de sa journée à travailler avec eux, par petits groupes, dans cette bibliothèque. L’équipe est très stable (à part deux enseignantes parties à l’étranger avec leur conjoint), les départs sont tous des départs en retraite. On comprend que cela a beaucoup d’avantages pour la continuité pédagogique.
Le premier confinement
Dès le 12 mars, l’école s’est trouvée au pied du mur : il s’agissait de garder le contact avec tous les élèves et de les « alimenter ». D’autant plus important que l’équipe enseignante a vite compris que le confinement allait durer au-delà des 15 jours qu’elle avait imaginé tout au début. Alors elle a organisé un suivi individuel de chaque élève, le plus souvent par internet, mais aussi en allant porter le matériel papier chez ceux qui n’y avaient pas accès. Sur Sceaux, les enfants de soignants ont été accueillis à l’école du centre.
A partir du 12 mai, l’école a repris en panachant le distanciel et le présentiel. Pour faciliter la vie des parents, la moitié des élèves venant sur place les lundis et mardis comprenait toutes les fratries. Les enfants repartaient avec du travail pour les deux jours où ils restaient chez eux, ce travail étant vérifié à leur retour à l’école. Et cela a fonctionné ! Le dispositif a permis de garder le contact avec tous les élèves, à l’exception de ceux de l’UPAA (lien d’autant plus difficile avec les parents qu’eux non plus ne parlent généralement pas français).
Cela a demandé un engagement très fort de tous. Selon le directeur, l’équipe est arrivée « essorée » aux vacances ! Au total, M. Delamare considère que l’épreuve a plutôt renforcé le lien entre l’école et les familles, mais a affecté négativement tout ce qui fait la force et la dynamique collective d’une école, à savoir les événements qui cette année n’ont pu avoir lieu. En particulier, certaines activités culturelles classiques de l’école, avec le conservatoire de Bourg-la-Reine ou le musée d’Orsay, n’ont pu se tenir.
Nouvelle année scolaire
En septembre, l’école s’est servie des résultats de l’évaluation nationale pour les CP, CE1 et CE2. Cette évaluation a permis d’identifier pour une série de compétences en français et en mathématiques les élèves ayant un besoin de renforcement (ainsi que ceux dont les compétences sont fragiles). L’école a alors utilisé un mécanisme déjà éprouvé : un enseignant garde uniquement les élèves ayant un besoin de renforcement donné pour travailler le domaine concerné (Activité Pédagogique Complémentaire ou APC) pendant que les autres élèves de sa classe sont pris en charge par le directeur pour un travail personnel dans la bibliothèque. Une nouvelle évaluation après Noël a permis de constater que, pour la plupart des domaines évalués, plus de 80 % des élèves sont au-dessus du seuil de compétences attendu, soit un résultat largement supérieur à la moyenne nationale. Dans deux domaines, le résultat est autour de 60 % : compréhension des énoncés (en mathématiques) et vocabulaire. Ce n’est pas une surprise : le problème est déjà identifié et fait l’objet depuis 6 ans de priorité dans le projet d’école.
Des résultats basés sur des pratiques habituelles
La stratégie menée pour effacer les conséquences négatives du confinement sur les savoirs s’est appuyée sur des pratiques anciennes. A l’école des Blagis, la bibliothèque est au cœur des apprentissages. Lors de la pause méridienne (il y a trois services successifs à la cantine, les enfants peuvent venir à la bibliothèque pour y travailler leur exposé ou lire ce qu’ils veulent. Par exemple, cette année, les élèves de CM2 travaillent sur la découverte de l’Europe et chacun d’entre eux prépare un exposé sur l’un des pays de notre continent.
On ne peut que souhaiter que ces pratiques fassent des émules !
P.S. : l’image en tête de l’article représente la fresque affichée dans la bibliothèque de l’école. Il s’agit d’une aquarelle de Noëlle Herrenschmidt.
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Que de merveilleux souvenirs dans cette ecole ! Mr Simon et Mr Desenfants et ses courses d orientation du côté de Nemours! Mr Pili Directeur en effet !
Madame Jacquelin m a appris à lire et écrire en CP, elle était à la veille de la retraite ! Qu’elle institutrice fantastique !!
Tous mes vœux de réussite aux enfants et longévité à l École des Blagis !!
J’ai été élève aux Blagis, à l’époque c’était Monsieur Pili notre directeur. Je suis entrée aux collège avant l’arrivée de Monsieur Delamare.
Mais déjà à mon époque on avait une équipe enseignante formidable. Mme Longeard, Mme Dru-Châtenay, le duo Monsieur Simon et Monsieur Desenfants.
La bibliothèque déjà était un point centrale. Ma maman a d’ailleurs fait partie des parents volontaires qui venaient la tenir quelques heures par semaine.
J’ai des souvenirs formidable de cette école et j’espère que mon enfant pourra à son tour y aller un jour…
L’école des Blagis est le plus beau cadeau fait au quartier des Blagis. Mes trois filles y on suivi leur scolarité primaire. À l’époque l’école était dirigée par Monsieur Desenfants. Ça ne s’invente pas ! Et toutes se souviennent aussi de Madame Maria. Mes petites filles y ont fait tout ou partie de leur scolarité avec son successeur Frédéric Delamare. Ces deux hommes ont animé avec enthousiasme les équipes qui ont amené au succès les enfants qui leur étaient confiés. Quelle ambiance ! Quel plaisir de les entendre, encore aujourd’hui, parler avec tant de bonheur de leur école.
Quand Frédéric Delamare s’est vu récompensé par la remise des palmes académiques, ils étaient tous là, instituteurs, surveillants, anciens élèves et leurs parents ou grands-parents à partager une joie méritée et gratifiante. Merci à eux.