Les oiseaux du Parc de Sceaux

La Ligue de Protection des Oiseaux Île de France organise régulièrement des sorties. Certaines ont lieu au parc de Sceaux, généralement animée par un agent du domaine, Bruno Lebrun. Les deux dernières ont eu lieu samedi 5 et dimanche 6 avril.

A défaut de participer à la sortie, la Gazette a demandé à deux de ses participants de raconter la sortie et d’expliquer leur intérêt pour ce type de manifestation.

Déroulement de la sortie

« Nous avons commencé dans la petite zone boisée à droite de l’entrée, raconte Shayane Katchera, 25 ans environ. Le but était d’écouter les petits oiseaux qui chantent au printemps. Nous avons entendu des locaux qui sont présents toute l’année comme le troglodyte mignon, les mésanges, ou encore le rouge gorge familier. Nous avons également entendu des oiseaux qui étaient de retour de leur migration comme les pouillots véloces et fitis, ou la Fauvette à tête noire. Nous avons repéré une loge de pics verts. Le mâle passait la tête pas l’entrée de la cavité, puis est parti quand la femelle est arrivée (voir photos en fin d’article).

Ensuite nous nous sommes dirigés vers l’Octogone en passant par le bois. Nous avons pu voir un couple de faucons crécerelles qui défendaient un nichoir. C’est un bon indice qu’ils vont l’utiliser pour la nichée. Au niveau de l’Octogone, nous avons vu de nombreuses perruches, des choucas des tours et des pigeons colombins.

Nous avons fait une pause sur un banc à l’Octogone. Du thé, des sablés et des petits pains au chocolat ont été partagés. Pendant ce temps, les rapaces animaient le ciel : faucon crécerelle, épervier d’Europe et buse variable passaient dans le ciel. Ensuite, en passant par la plaine de la Patte d’oie, nous sommes allés sur l’allée au bout du parc côté A86. De là, nous avons vu 4 nids de corbeaux freux, un nid de corneille, un nid de pigeon ramier, et une cavité de perruche, tous occupés. Nous avons pu voir le mâle de perruche nourrir la femelle.

Nous avons fini la sortie au niveau du mémorial de la Shoah où un rougequeue à front blanc (un oiseau rare dans le parc) a été vu par quelques personnes du groupe. La sortie a duré environ 6 heures. »

Shayane était équipé d’un appareil photo avec un zoom impressionnant (200/800) et il a communiqué à la Gazette les photos qui illustrent cet article (voir à la fin de l’article). A la question sur sa présence ce jour-là, il répond :

J’ai commencé la photographie quand ma famille me complimentait lorsque je prenais des photos. J’ai commencé par de la photo de paysage. Puis lors d’une balade dans la forêt de Meudon à l’été 2023, un oiseau me tournait autour, et je me suis amusé à essayer de le photographier. Et depuis j’ai continué de m’intéresser aux oiseaux pour pouvoir les photographier sans les déranger.

Écouter les oiseaux

Benjamin Mollier, la quarantaine, a commencé à écouter les oiseaux il y a quatre ans. Pour les reconnaître à leur chant, il a suivi la formation (gratuite) proposée par une revue naturaliste suisse,  La Salamandre : Apprenez à reconnaître les chants d’oiseaux facilement. On peut déjà avoir une idée de cette formation en regardant les vidéos de la minute nature qui présentent à chaque fois trois oiseaux. Dans la playlist, il y a 21 vidéos d’une durée comprise entre 3 et 10 minutes. La première vidéo explique que l’apprentissage se fait en janvier, une période où peu d’oiseaux différents chantent : il est plus facile de les reconnaître.

Benjamin Mollier a bien profité de la formation. En traversant le parc pour venir au château, lieu du rendez-vous, il a reconnu une vingtaine d’espèces. Plus tard, il a senti le besoin de rencontrer d’autres amateurs pour augmenter ses connaissances. Et c’est ainsi qu’après deux balades avec la LPO, il s’est retrouvé au parc de Sceaux pour la sortie animée par Bruno Lebrun. Il était très content de sa balade, qui a été l’occasion de voir entre 30 et 40 espèces. Il explique :

« Bruno sait bien où sont les oiseaux pour écouter ou voir où il y a des nichoirs. Il sait bien expliquer ce qu’il faut regarder. Nous avons par exemple pu voir des faucons crécerelles (plusieurs couples qui nichaient). Aussi un épervier d’Europe qui chasse les oiseaux, un rapace qui peut chasser en forêt et que je n’avais jamais vu auparavant. Également un pouillot fitis, un migrateur qui revient d’Afrique subsaharienne. C’est le bon moment pour les migrateurs, les premières hirondelles sont revenues.

Le groupe était assez varié, avec une dame dont c’était la première sortie de ce type, des personnes qui en avaient fait quelques-unes et enfin de bons connaisseurs, habitués du recensement des oiseaux. »

Quels oiseaux dans le parc de Sceaux ?

Bruno Lebrun connaît très bien les oiseaux du parc. En 2019, il a publié une Synthèse ornithologique 2019 du parc de Sceaux. Il l’avait déjà fait plusieurs fois depuis 2005, par exemple en 2013. Le document détaille la situation de chaque espèce, avec le nombre de couples observés pour les oiseaux nicheurs. La comparaison avec les travaux précédents montre les évolutions : si la stabilité domine, les régressions sont nettement plus fréquentes que les croissances. Quarante-cinq espèces d’oiseaux ont niché en 2019 au parc de Sceaux. 120 espèces de passage (des oiseaux migrateurs) ont également été observées. Le document, très précis, est à lire par tous ceux qui s’intéressent au sujet.

Si tout cela vous donne envie de participer à ce type de sortie, le plus simple est d’aller sur le site de la LPO Ile de France

A lire sur la Gazette :

Sixtine Bazire et l’observation des oiseaux

Voir et entendre les oiseaux au parc Henri Sellier