Fontenay-aux-Roses est jumelée avec trois villes, une dans chaque pays, Allemagne, Angleterre et Pologne. Ce jumelage se manifeste au moment des cérémonies de commémoration, et à travers des activités communes impliquant notamment des scolaires et des sportifs. La Gazette a rencontré Dominique Lafon et Claire Karajani pour en savoir plus.
Séjour de collégiens
Le site du collège des Ormeaux rend compte du Séjour en Allemagne de 23 de nos élèves germanistes en mai 2023.
Des élèves de 5°, 4° et 3° sont partis chez leurs correspondants allemands du 10 au 17 Mai.
Ils les avaient accueillis à Fontenay-aux-Roses à l’automne dernier et étaient impatients de partir découvrir leurs chez-eux, à Wiesloch.
Ils ont partagé des activités diverses (accrobranche, randonnée, « outdoor escape-game » dans la ville de Heidelberg, création de chanson) et découverte des alentours (château de Dilsberg, chateau d’Heidelberg, ville de Mannheim).
Cela a aussi été un temps de partage de culture au sein des foyers et de découverte de l’enseignement en Allemagne avec une demi-journée dans les classes.
Les élèves étaient ravis et certains ne voulaient plus rentrer. Ce fut une belle expérience.
Les activités de jumelage
Ces activités ne diffèrent guère de ce qui se pratique ailleurs : échanges scolaires, sportifs en particulier. Quand les Allemands viennent, une journée est toujours consacrée à visiter Paris (expositions notamment).
Les échanges dépendent aussi des personnes qui s’investissent : pendant un temps cela a été le cas de l’institutrice d’une classe de CM2 et d’une enseignante du collège. Cela s’est arrêté avec leur départ. Il en a été de même avec une enseignante du lycée professionnel d’origine polonaise et maintenant en retraite.
Les échanges scolaires avec l’Angleterre sont de plus en plus rares. Pour les jeunes qui veulent apprendre la langue en immersion il est difficile de trouver des familles d’accueil.
Un peu d’histoire
Le premier jumelage avec Wiesloch en Allemagne est signé le 23 mai 1974. Il se dit que Maurice Dolivet, qui fut maire pendant 30 ans, n’aurait pas voulu de la proposition de jumelage avec une ville près de Hambourg et réclamé « une ville qui fait du vin ». Finalement, ce fut Wiesloch, sous la houlette de Claude Vitré, adjoint au maire (décédé en 2008). La femme de ce dernier, ancienne résistante, a beaucoup oeuvré pour ce jumelage.
Le second jumelage, avec la ville anglaise d’ Elstree-Borehamwood date du 30 janvier 1982. Enfin, celui avec Ząbkowice Śląskie en Pologne est signé le 18 novembre 2014.
Alors que dans des villes comme Bourg-la-Reine ou Sceaux, une association est au cœur de l’organisation des activités, c’est la municipalité de Fontenay-aux-Roses qui mène les opérations depuis l’origine.
C’est aujourd’hui Dominique Lafon, adjoint au maire, qui a la responsabilité des jumelages, depuis 2014, après l’avoir déjà eue entre 2002 et 2008. Il est assisté au sein du conseil d’Arnaud Bouclier pour l’Allemagne, Claire Karajani pour l’Angleterre et Estéban Le Rouzès pour la Pologne. Un agent de la mairie est en charge de l’organisation des événements.
Lors des commémorations, ce sont les élus de chaque ville qui se déplacent pour y participer. C’est l’occasion de découverte de la ville jumelée par les membres des délégations. Si les relations sont toujours chaleureuses, elles sont naturellement moins approfondies avec les maires anglais dont le mandat ne dure qu’un an.
Wiesloch
La ville de Wiesloch est une ville de 27.000 habitants, à une quarantaine de kilomètres au nord de Karlsruhe, dans le Bade-Wurtemberg. Il s’agit d’une ville très ancienne : on y trouve une voie romaine et il y eut là des mines d’argent. Wiesloch est située à quelques kilomètres de Waldorf, où se trouve le siège de la célèbre entreprise informatique, SAP.
Le jumelage a permis à la délégation française de comprendre certains des crimes du pouvoir nazi contre son propre peuple. Des crimes que les Allemands d’aujourd’hui ne veulent pas oublier.
La ville a eu une communauté juive importante, ce qui explique la présence d’un cimetière juif depuis le XVIIe siècle. Entre le 22 et le 25 octobre 1940 a lieu une rafle de tous les juifs de Saxe, Bade et Palatinat. Adolf Eichmann en est le commanditaire et Joseph Bürckel, Gauleiter du Land Lorraine-Sarre-Palatinat l’organisateur. L’objectif est d’expulser tous les juifs d’Allemagne pour « purifier la race ». 6.538 hommes, femmes et enfants sont raflés et emmenés par train en France, jusqu’à la ligne de démarcation. La France, qui se les voit imposer sans préavis, les conduit au camp de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques, camp établi pour interner les républicains espagnols…
En 1942, la situation change : le 20 janvier 1942, la conférence de Wannsee a vu les nazis décider la mise en œuvre de la « solution finale ». À partir du 6 août 1942, six convois vont emmener 3907 juifs vers Drancy. Les survivants se compteront en unités.
Wiesloch a connu un autre drame pendant la guerre, cette fois-ci dans son important hôpital psychiatrique. Toujours dans sa volonté de créer une race pure et forte, le régime nazi a voulu supprimer « les vies indignes d’être vécues ». De 1934 à 1945, entre 350.000 et 400.000 personnes furent ainsi stérilisées contre leur gré, parce qu’elles souffraient de huit maladies considérées comme « héréditaires », dont « la débilité mentale congénitale », la « schizophrénie » et l’« épilepsie » (voir le site).
Avec des opérations comme « Aktion T4 », environ 300.000 malades et handicapés mentaux ont été assassinés entre 1939 et 1945, sous couvert d’« euthanasie » dans les territoires allemands.
L’ Allemagne a institué le 27 janvier (anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau) comme date de commémoration des victimes du national-socialisme. La municipalité de Wiesloch y est très attachée.
Une délégation fontenaysienne y participe chaque année et les Allemands sont présents à Fontenay-aux-Roses pour la commémoration du 11 novembre. Une pratique à laquelle Dominique Lafon est d’autant plus attaché qu’il est originaire des Pyrénées ce qui lui a fait connaître l’histoire du camp de Gurs.
Le jumelage entre Fontenay-aux-Roses et Wiesloch a eu 50 ans en 2024. Le numéro de novembre 2024 de Fontenay-Mag lui a consacré un dossier de 6 pages.
Elstree-Borehamwood
La ville qui compte aujourd’hui 29 000 habitants fait partie du Grand Londres, ce qui lui donne assez peu d’autonomie. Les maires y sont élus pour un an, non renouvelable, ce qui ne facilite pas les relations personnelles entre élus des deux pays.
Elstree existait à l’époque romaine.
Borehamwood est connue pour abriter des studios de cinéma : on y a tourné des films célèbres, par exemple le premier film de Charlie Chaplin ou Orange mécanique. Aujourd’hui, seuls subsistent des studios de la BBC.
Un tournoi de tennis est prévu cet été à l’Estree-Borehamwood, juste au moment du tournoi de tennis de Wimbledon, où la ville de Fontenay-aux-Roses sera représentée par une délégation de 6 jeunes joueurs.
Zabkowice-Slaskie
Cette ville polonaise d’environ 15.000 habitants a été fondée au milieu du XIIIe siècle. Disputée ensuite entre la Pologne et la Bohême, elle est annexée par la Prusse en 1742. Elle reste allemande jusqu’en 1945, époque où la basse Silésie est rattachée à la Pologne. Jusqu’en 1945, elle porte le nom de Frankenstein et certaines légendes locales auraient nourri le roman éponyme de Mary Shelley.
Ząbkowice Śląskie est également connue comme « la Pise de Silésie » du fait de la présence d’une tour penchée.
Le jumelage date de 2014, et la raison de son choix est simple : la ville est jumelée à Wiesloch depuis 1998.
Les échanges sont freinés par des transports malcommodes et longs entre les deux villes il faut compter une journée de déplacement dans chaque sens. Depuis 2022, une difficulté s’est ajoutée : comme beaucoup de villes polonaises, Ząbkowice abrite de nombreux réfugiés ukrainiens et il devient difficile d’accueillir en plus des Français dans les familles. Au-delà de ces difficultés, les relations sont chaleureuses.
Fin 2024, la ville de Fontenay-aux-Roses a attribué une subvention de 5000€ à la ville de Ząbkowice Śląskie, particulièrement touchée par des inondations.