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Révisions du bac et Parcoursup

Les lycéens de terminale qui protestaient lundi devant Marie -Curie pour avoir des jours de révision ont obtenu satisfaction. Et, une fois n’est pas coutume, ils avaient le soutien d’associations de parents et de professeurs aussi. Cette convergence montre comment la perspective des études supérieures concentre l’inquiétude des jeunes et de leurs parents.

Les parents

Les lycéens que nous avions rencontrés la semaine dernière avaient cité le soutien de deux associations de parents d’élèves, ce qui était exact. La troisième association ne les avait pas soutenus en raison de la méthode utilisée et de l’impossibilité de vérifier dans un temps court les arguments avancés (sur ce que faisaient dans d’autres lycées). Mais sur le fond, les responsables des trois associations partageaient la position des élèves.

Hélène Vangell est présidente de la PEEP à la Cité scolaire Marie-Curie : « Les élèves de CVL (conseil de vie lycéenne) nous ont sollicités. Ils demandaient à avoir les heures de cours du tronc commun banalisées pour se préparer aux épreuves de spécialités la semaine précédant les épreuves. Ils ont fait parvenir à la direction de la cité scolaire un courrier, mais le proviseur n’a pas répondu favorablement à la demande des élèves car après concertation avec les autres chefs d’établissements des alentours, il choisit de se conformer au bulletin officiel qui ne prévoie pas de dispositif et ainsi de ne pas créer de rupture d’égalité de traitement entre candidats.

 Pendant le blocus nous avons reçu de la part de la PEEP nationale une lettre officielle du ministre acceptant la requête des lycéens pour des heures de révisions surveillées le jeudi et vendredi. Le proviseur en a averti les élèves ainsi que les parents dès le lundi après-midi ce qui a signé la fin du blocus. Nous avons trouvé que c’était un bon compromis permettant à l’ensemble des élèves de réviser dans de bonnes conditions. Nous regrettons toutefois que les évaluations qui étaient prévues sur ce temps soient tout de même maintenues.

Nous avons en effet soutenu la demande des jeunes malgré une demande tardive car nos enfants sont fatigués et stressés et tout s’accumule. En plus de ces épreuves du bac, ils ont à remplir les dossiers pour Parcoursup et pour les demandes sélectives les dossiers sont long à remplir. Des concours à préparer et l’ensemble des évaluations sont maintenues afin de finaliser les bulletins du 2ème trimestre. Ces résultats vont servir pour alimenter le dossier Parcoursup, c’est important.

C’est la première année que ces épreuves de spécialité ont lieu véritablement en mars. Ces épreuves ont un gros coefficient et les résultats seront intégrés au dossier Parcoursup. »

De son coté, Mme Alice Zarfino, contact à Marie Curie pour l’ AAPES-UNAAPE (Association Autonome des Parents d’Élèves de Sceaux), commente : il y a manifestement une question de fatigue et de stress parmi les élèves de terminale actuellement. Les épreuves de spécialité ont une importance majeure en raison de leurs coefficients. Et les élèves doivent en même temps faire leurs dossiers pour Parcoursup. Ils ont jusqu’au 6 avril pour finaliser les dossiers de leurs vœux. Certains dossiers sont très lourds à composer et chaque dossier est unique.

Donc, oui, la demande de temps pour réviser est légitime, même si en Ile de France, les vacances avaient lieu il y a peu. Ce qui nous a gêné est que la demande est arrivée au dernier moment. Mr Recoing avait fait une réunion de parents en janvier et il avait alors bien précisé qu’il n’y aurait pas de temps de révision, comme il y en a en juin avant les épreuves. Aucun parent n’avait alors réagi.

Nous avons été prévenus de la pétition des lycées par la FCPE. Nous avons estimé qu’il valait mieux demander à Mr Recoing son avis avant de se lancer dans une pétition. De plus, nous trouvions cela très tardif 10 jours avant les épreuves.

La FCPE a rencontré Mr Recoing le 8 mars. Celui-ci a expliqué que la demande n’entrait pas dans le cadre prévu par le bulletin officiel.

Mais la décision prise par Mr Recoing nous convient tout à fait car elle répond au besoin mis en avant avec de bonnes conditions de mise en œuvre. Avec cependant une difficulté : un risque de retard pour le programme des autres disciplines. Les professeurs n’ont pas été consultés, certains ont eu le sentiment de sacrifier le tronc commun.

Reste qu’il vaudrait mieux anticiper pour les prochaines années. C’est un sujet que l’on va suivre. Lors du prochain conseil d’administration du Lycée (mardi 21 mars), on a prévu d’aborder cette question des réflexions pour les prochaines rentrées de la part de l’Education Nationale

Pour la FCPE, Bénédicte KARTMANN explique : Les parents des associations ont écrit et signé une lettre de soutien qui accompagnait la demande des élèves. Pour nous, c’était une demande légitime, la démarche des lycéens étant par ailleurs la même dans d’autres lycées (Lycée Descartes à Antony, lycée Michelet à Vanves). Mais il est vrai qu’il était assez difficile de connaitre l’ampleur exacte du mouvement sur le département : tout s’est fait très vite entre le mardi 7 et le jeudi 9.

La solution finalement retenue nous parait être un bon compromis, qui satisfera, nous l’espérons, les élèves. De toute façon, le ministère a émis un courrier allant dans ce sens le mardi 14 mars.

Par ailleurs, je reçois beaucoup de mails de parents très stressés par Parcours Sup, tout autant que leurs enfants. Ce stress me semble plus important qu’il y a quelques années, ce qui est peut-être lié à la réforme du bac.

Point de vue de professeurs

Une enseignante en SVT dans un autre lycée confirme les propos : depuis 3 ans les épreuves de spécialité sont prévues en mars, mais le Covid a bouleversé l’organisation les deux années précédentes. Mais, pour finir le programme de spécialités en mars, il faut traiter de nombreux chapitres. On n’a pas le temps de préparer les élèves aux épreuves ».

Le problème, ce n’est pas le bac. Les élèves stressent du fait du processus d’orientation (Parcoursup). Même l’accès à l’université est devenu difficile. Il y a quelques années, on conseillait aux élèves qui choisissaient une filière sélective (BTS, prépa…) de garder un « plan B » à l’université.  Aujourd’hui, il y a des refus à l’Université, même des élèves qui ont de bons bulletins ne sont pas pris.

Dans le dossier de l’élève sur Parcoursup, il y a la moyenne de la classe et le rang de l’élève dans chaque matière. De plus, le conseil de classe doit donner un avis pour chaque vœu. Soit « très satisfaisant », soit « satisfaisant », soit « doit faire ses preuves ». Les filières ultra sélectives ne gardent que ceux qui ont « très satisfaisant ».

Sur Twitter, un enseignant précise les critères de ceux qui sélectionnent :

1) l’assiduité, 2) les appréciations, 3) le classement au sein de la classe, 4) l’expérience des anciens de votre lycée au sein de leur établissement, pour se donner une représentativité des moyennes.

Les projets de formation motivés n’arrivent qu’en 5.

Le point 4 explique la prudence de notre professeur de SVT : « Si nous mettons « très satisfaisant » à tous, il y a un retour du bâton les années suivantes. »

Toujours sur Twitter, Martin Anota, un enseignant en SES qui tient un blog, réagit à la note du ministre (pour accorder deux jours de révision) :

« Je ne sais pas ce qui m’énerve le plus : le fait que je vienne de découvrir cette info, mais pas par la hiérarchie ; qu’il s’agisse d’un changement des règles aux derniers instants ; sa prétention à rétablir l’égalité des chances des élèves… »

La Croix a consacré un dossier au sujet, notamment un article sur les lettres de motivation.

Parcours sup, révélateur d’un système défaillant ?

Comme le signalait plus haut un enseignant, les universités sélectionnent maintenant. Pas forcément à tort. Par exemple, des Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) ont exigé des candidats qu’ils sachent nager. Ce qui leur a évité de prolonger les lourdes mises à niveau qu’ils devaient faire auparavant.

On peut discuter de la légitimité des critères de sélection, ou du principe même de sélection. Mais le stress des jeunes n’est-il pas le résultat du sentiment qu’ils jouent toute leur vie professionnelle sur ces dossiers ? Notre pays est l’un des rares où, lors d’un recrutement, on évalue encore un candidat de 50 ans sur son diplôme. N’est-ce pas cette pratique qui se traduit dans le stress des jeunes ?

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