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Protestation lycéenne à Marie-Curie

Animation inhabituelle ce matin rue Constant Pilate. Plus encore : chants, slogans, sono … Plusieurs dizaines de lycéens rassemblés devant la porte principale du lycée Marie-Curie écoutent un élève équipé d’un mégaphone. Ils reprennent ses mots d’ordre « Arrêtez les contrôles » de plus en plus vite comme une chanson qui se débriderait. Parfois « Les Profs avec nous ! »

Une élève de T9, une terminale générale, L*, élue au Conseil de vie lycéenne, en explique les motivations. « Nous demandons que les cours d’enseignements généraux soient interrompus pendant 2 jours et demi. » L’objectif : pouvoir réviser les cours de spécialités, dont les épreuves se tiennent lundi et mardi prochains de 14h à 18h. « Nous voulons avoir le jeudi, vendredi et samedi matin de cette semaine pour nous y préparer. Et par conséquent, ne pas avoir de contrôles dans cette période. »

C’est l’idée des contrôles pendant la période de révision qui a paru insupportable. « Les associations de parents d’élèves PEEP et FCPE, les délégués des élèves soutiennent l’idée, dit-elle. » Un rendez-vous avec le proviseur pour lui soumettre cette demande. Il aurait refusé. « Nous avons déclenché le mouvement la semaine dernière et décidé un blocage. Nous étions devant la porte, ce matin à 7h. »

Préparer les épreuves de spécialité

Devant la porte, il y a des élèves de terminale, mais aussi de première et même de seconde. Pour H*, une élève de T2, une terminale générale, « si nous obtenons la banalisation de jours précédant les épreuves de spécialité, cela vaudra pour les prochaines années. On ne pourra pas revenir dessus. » Sous-entendu : les premières et les secondes d’aujourd’hui en profiteraient.

Nous ne voulons pas finir les cours à 18h30, rentrer chez nous et devoir travailler jusqu’à 4h du matin sur les spécialités ! » N’est-ce pas un peu excessif ? Peut-être, c’est une manière de dire. Pourtant une pancarte dénonce quelque chose comme « 99% de reçus, 99% d’exténués. »

« Les programmes de spécialités, dit L*, sont colossaux. Ils devaient être allégés en début d’année, mais ça ne s’est pas fait. » H* renchérit et parle de programmes immenses pour le tronc commun aussi. Les professeurs n’arrivent pas à finir. En guise d’exemple, elle cite sa classe. « On n’a commencé les probas stats que la semaine dernière, alors qu’elles comptent pour 5 points à l’épreuve du bac. »

Qu’est-ce qui empêche les élèves de prendre deux jours de leur propre volonté ? Deux raisons. Compter des jours d‘absence peut nuire au dossier ParcourSup. « Certaines écoles, dit H*, prennent en compte la scolarité du deuxième trimestre. » Ensuite des parents refusent de soutenir des absences. « C’est pourquoi nous voulons que ce soit banalisé pour tous. »

Se rencontrer, s’expliquer

Le leader continue de chauffer l’assistance en scandant des mots d’ordre dans son mégaphone. Il semble très à l’aise. Déjà, il est en possession d’un mégaphone, ce qui n’est pas le lot de tout le monde. Ensuite, il a la voix qui va bien pour un moment à la fois revendicatif et jovial. Du moins ce matin à 10h. Interrogés deux hommes de la Police nationale qui surveillent de loin que rien ne dégénère, indiquent que, dans les Hauts-de-Seine, ce mouvement ne semblait concerner que le lycée Marie-Curie.

A 12h30, contact avec un professeur : la situation a évolué. Le blocage semble levé et tous ses élèves de Terminale étaient présents lors du dernier cours. Elle n’a d’explication du revirement que par ouï-dire. Une délégation de lycéens aurait été reçue par le proviseur. Ce que L* confirmera plus tard : « En tant qu’élus du Conseil de Vie lycéenne, nous avons été reçus vers 10h35 par le proviseur et la proviseure adjointe. C’est à ce moment qu’ils nous ont donné leur décision. Le blocus s’est arrêté suite à cet entretien. »

Pour H*, « même si ce n’est pas exactement ce que l’on demandait, les efforts de la direction sont tout de même appréciés. » Même sentiment chez L* qui y voit une « petite victoire, mais une victoire tout de même. » Une justification surtout du bien-fondé de la demande, avec la conviction « que le baccalauréat devrait être mieux organisé l’an prochain. »

Deux lycéennes finalement révélatrices de l’événement d’aujourd’hui : le désir de réussir et le sens du compromis. Exceptionnel.

Précisions du proviseur

Mr Recoing étant en conseil de classe toute la fin de journée de lundi, il a fait parvenir mardi matin à la Gazette les précisions suivantes :

« Initialement, après avoir reçu le CVL, je leur ai fait réponse vendredi dernier en leur indiquant que le BO du 22 septembre organisant les épreuves ne prévoyait pas de temps de révision et que ma réponse négative était à ce titre celle aussi donnée par la très grande majorité des lycées du sud 92.

En ce qui concerne le compromis trouvé, il est celui-ci : Les cours du contrôle continu de jeudi et vendredi sont maintenus mais les professeurs de ces cours laisseront les élèves réviser leurs épreuves de spécialité. Ce samedi, il n’y a que des cours de spécialité.

A deux exceptions près :

  • Si une évaluation en discipline de tronc commun était programmée, elle aura lieu.
  • Les cours d’EPS sont maintenus.« 

  1. […] de la réforme du bac, mais la pandémie Covid a fait que cela n’a eu lieu qu’en 2023, (avec les réactions des élèves que l’on sait). Le ministère a décidé de les reporter à juin. Étienne Recoing considère que c’est une […]

  2. Gérard Bardier Gérard Bardier 14 mars 2023

    Le lycée Marie-Curie de Sceaux avait quelques heures d’avance sur le ministère

    Voilà la message du ministre Pap Ndiaye sur Twitter :
    « Par souci d’égalité entre les candidats, j’ai demandé à ce que dans tous les lycées, les journées du vendredi ou du samedi soient consacrées pour les élèves de terminale aux révisions des épreuves de spécialité, sous forme de séances de révision ou de temps libéré. »

  3. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 14 mars 2023

    C’est curieux les coïncidences. On les remarque chaque fois que ça coïncide avec un évènement qui nous concerne !
    Pas plus tard qu’hier soir, j’ai eu l’occasion de bavarder avec mon petit-fils lycéen à Orléans. J’avais préparé mon affaire. Je lui ai demandé ce qu’il attendait de moi pour essayer d’améliorer sa vie future ; en lui rappelant que Greta Thunberg avait vivement appelé à une mobilisation sérieuse des générations en état de décider maintenant, pour que l’avenir des jeunes ne soit pas demain une longue traversée de difficultés insurmontables.
    Il n’a pas hésité longtemps : l’éducation. Je ne m’attendais pas à une longue dissertation sur les bienfaits civilisationnels qu’apporte l’éducation. Mais…
    En fait, sans que ce soit bien clair dans ses explications, j’ai très vite compris qu’il souhaitait que les modes opératoires et procédures en vigueur dans l’enseignement soient complètement repensés pour que les jeunes puissent s’épanouir et prendre du plaisir dans leurs études. Les profs semblent contraints au-delà du raisonnable et font porter à leurs élèves le stress qu’ils ont besoin d’évacuer (interprétation libre de ma part), et les élèves voudraient bien pouvoir travailler tout simplement sans se livrer en permanence à des calculs de probabilité de réussite en fonction des coeff. des matières étudiées. Sans parler du monstre que représente Parcours Sup qui s’apparente dans leurs jeunes esprits à un piège destiné à les faire trébucher de manière maligne.
    On peut penser que ces idées délétères ne sont pas rares par les temps d’incertitude que nous vivons.

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