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Économiser l’énergie

Les appels à l’économie d’énergie, en particulier d’électricité, se multiplient à l’approche de l’hiver.

Lors du Salon des entreprises du secteur de la rénovation qui s’est tenu à Bourg-la-Reine le 20 novembre dernier était distribuée une plaquette intitulée Elec’Onomy se présentant comme un guide des économies d’électricité. Elle a été publiée par SIPPEREC (un syndicat intercommunal pour l’électricité et les réseaux de communication) avec l’appui d’EDF.

Quelques ordres de grandeur

La brochure du SIPPEREC donne quelques ordres de grandeur utiles sur la répartition de la consommation d’électricité pour un particulier. Trois grands postes font les 4/5èmes de la consommation : le chauffage, l’eau chaude et le froid.

Un point important à retenir : si vous avez un chauffage électrique, se préoccuper de réduire l’éclairage ou les différentes mises en veille de vos appareils n’a aucune utilité en période de chauffe. L’énergie de ces éclairages se transforme en chaleur. Les arrêter ne fait que solliciter plus votre radiateur électrique (s’il est réglé pour une température donnée). Cela n’a aucun impact sur votre consommation électrique totale.

Si donc vous voulez faire des économies, concentrez-vous sur l’essentiel : limiter fortement le chauffage dans les pièces inoccupées, réduire la température, baisser la consigne en cas d’absence, (de quatre degrés si c’est pour 4 heures, en hors-gel si c’est pour plusieurs jours), prendre une douche tous les deux jours plutôt que tous les jours. Le guide donne de nombreuses autres idées, mais l’impact de chacune est assez faible (ce qui ne signifie pas inutile).

Les investissements dans l’isolation sont aussi de bonnes solutions, mais cela demande un délai de réalisation assez long.

Les actions des pouvoirs publics, locaux et nationaux

Le gouvernement a lancé un plan sobriété le 6 octobre autour de « la sobriété énergétique, levier indispensable pour accélérer la sortie des énergies fossiles ». L’objectif : baisser de 10 % notre consommation d’ici 2024 avec en ligne de mire l’objectif de baisser de 40 % la consommation d’énergie d’ici 2050.

L’effet attendu des 15 mesures du plan a été chiffré. On notera l’importance du réglage de la température de chauffage.

L’AMF a publié elle aussi son guide, avec 10 pistes d’action à mettre en œuvre et 100 autres pistes évoquées. On y retrouve notamment la régulation à 19°C, la mise hors gel des bâtiments inoccupés et l’interdiction des chauffages d’appoint. A noter la première action proposée : Établir une estimation globale des consommations d’énergie des bâtiments et services pour cibler les priorités. Cela va sans dire, mais cela va encore mieux en le disant.

La Gazette a rapporté les décisions de sobriété prises à Sceaux et à Bourg-la-Reine. On retrouve peu ou prou des propositions faites ailleurs, ce qui n’est pas une surprise tant les situations sont semblables. Des différences cependant sur les illuminations de Noël que Sceaux préfère conserver quand Bourg-la-Reine les réduit assez nettement.

Sobriété et efficacité énergétique

Pour le particulier, la principale consommation d’énergies fossiles provient de son chauffage s’il est au gaz (ou au fuel) et de ses véhicules personnels, sauf s’ils sont électriques.

Pour ce qui est du chauffage, ce qui a été avancé pour l’électricité est bien entendu également valable pour le gaz. Pour ce qui est des véhicules, deux moyens majeurs d’économies. D’abord se demander à chaque trajet s’il est nécessaire et si d’autres moyens de locomotion ne feraient pas l’affaire. Ensuite, réduire sa vitesse sur autoroute, la consommation étant alors très corrélée à la vitesse. On recommandera aussi de conduire « fluide » en ville.

Sauf pour ceux qui étaient déjà très économes, il apparaît que réduire sa consommation d’énergie d’environ 10% par la sobriété peut se faire sans trop de difficultés. Plus on veut aller au-delà, plus cela risque d’être très contraignant. N’oublions pas que la sobriété n’est qu’un des leviers pour réduire ses émissions de CO2. Utiliser une source d’énergie bas carbone est une voie intéressante. Et il est souvent possible d’investir pour son efficacité énergétique.

C’est aussi un moyen d’éviter les coupures de courant, alors, pourquoi hésiter!

  1. […] consommateurs à essayer de limiter leur facture. Il s’en est suivi des efforts de sobriété de la part des ménages, des entreprises comme des collectivités territoriales.  La baisse de consommation a été […]

  2. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 3 janvier 2023

    Oui, économiser électricité conduit, au moins certains jours, à économiser du gaz ou des réserves hydrauliques

    Sinon, dire « une grande partie du parc nucléaire est à l’arrêt » est un poil exagéré, même s’il y a un réel problème: à l’instant, il fonctionne à 68% de ses capacités. Et cela devrait encore augmenter dans les prochaines semaines

  3. Liliane Wietzerbin Liliane Wietzerbin 2 janvier 2023

    Bonjour Gérard,
    Merci pour votre réponse et meilleurs voeux à vous aussi!
    Mon point vise à indiquer que économiser l’électricité, c’est économiser aussi le gaz et l’hydraulique, qui sont indispensables à l’équilibrage du réseau électrique et représentent d’une certaine façon l’unique moyen de « stocker » l’électricité. A un moment où une grande partie du parc nucléaire est à l’arrêt et où les risques de délestages (qui contrairement à l’effacement sont « forcés ») sont importants, il me semblait important de le rappeler.

  4. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 2 janvier 2023

    Bonjour Liliane
    D’abord mes meilleurs vœux pour 2023, à vous et votre famille

    L’article ne parle pas de l’éclairage public pour une raison très simple : il s’adresse au particulier et à sa consommation personnelle.
    Par ailleurs, la Gazette a consacré un article complet à la réunion que vous avez organisée sur ce thème en novembre
    https://sceaux-lagazette.fr/index.php/2022/11/12/les-lumieres-superflues-de-la-nuit-dans-les-villes/

    Pour ce qui est de l’utilisation du gaz dans la production électrique, vous dites que « le chauffage électrique consomme majoritairement une électricité produite à partir de gaz ». Je voudrais discuter votre appréciation.
    EDF organise sa production de manière que les réacteurs nucléaires soient plus disponibles en hiver qu’en été. La différence peut aller jusqu’à 10 GW disponibles de plus en hiver qu’en été. En période de grand froid, RTE peut demander à des entreprises qui ont conclu un contrat en ce sens de s’effacer (= ne plus consommer), pour une puissance qui approche 3GW.
    Par ailleurs, une partie de la saisonnalité est assurée par la production hydraulique ; une partie de celle-ci est au fil de l’eau, mais une autre est parfaitement pilotable. Les STEPS permettent même de stocker une partie de l’énergie produite par d’autres moyens.
    En pratique, l’hydraulique produit nettement plus de décembre à mai, son point bas étant d’août à novembre. La différence est de l’ordre de 3 GW. Voir par exemple ici : https://www.france-hydro-electricite.fr/lhydroelectricite-en-france/chiffres-clefs/
    La production à partir de gaz est d’abord utilisée pour compenser les évolutions aléatoires des énergies non pilotables (éolien et solaire). Par exemple, en mars et avril 2023, la production gazière s’est généralement située entre 4 et 8 GW, mais avec des points bas à 2GW et même à 0,5 GW en fin de semaine 16, à des périodes de vents importants
    J’ai regardé pour 3 périodes de 2022 la production française à partir du nucléaire et à partir du gaz
    En janvier et début février, le nucléaire était à 48/49 GW, puis il a baissé à 44GW fin février
    De son côté le gaz était à 8GW jusqu’à la mi-février pour descendre ensuite à 4 GW
    En juillet août, le nucléaire était autour de 25 GW et le gaz entre 3 et 5 GW
    En novembre, le nucléaire était à 29 GW en novembre, et entre 33 et 41 en décembre. Le gaz était en moyenne à 5GW en novembre et à 8 GW les trois premières semaines de décembre (froides, avec un éolien au plus bas) et à 2 GW fin décembre
    Conclusion : la contribution du gaz pour faire face à la saisonnalité liée au chauffage résidentiel est assez faible. Cette fonction est surtout assurée par le nucléaire, complétée par l’hydraulique, l’effacement ne servant que pour faire face aux plus grandes pointes. Le gaz est surtout utilisé pour faire face aux variations intra saisonnières de la demande (liées à la météo) et aux variations de la production éolienne et solaire.

  5. Liliane Wietzerbin Liliane Wietzerbin 2 janvier 2023

    Bonjour, merci de cet article.

    Je suis surprise de ne pas y trouver de mention de l’extinction de l’éclairage public la nuit. Pour les collectivités c’est le vecteur le plus efficace de diminution de la consommation d’énergie électrique, en particulier lorsque le réseau n’est pas équipé de LED ce qui est le cas de Sceaux (moins de 25% du réseau équipé). Déjà plus d’un tiers des communes de France le pratiquent et de nombreuses villes leur emboitent le pas : Lyon, Nancy, Fontainebleau, Colmar, etc. A Sceaux une extinction la nuit entre 1h30 et 4h30 permettrait une économie de 30% de l’énergie électrique consommée – c’est le seul moyen de se rapprocher de l’objectif de 10% d’économie d’électricité demandé par l’Etat. C’est une mesure également efficace pour la Santé, la biodiversité et les villes que l’appliquent ne constatent aucun impact sur la sécurité. Bien sûr des aménagements sont possibles (we par exemple).

    Concernant les économies possibles en période de chauffage, il est utile de préciser que le chauffage électrique consomme majoritairement une électricité produite à partir de gaz ! (voire en période de très grand froid, par de l’électricité importée produite par des centrales charbon). Et pour économiser une quantité d’énergie équivalente, il convient de baisser de deux degrés la température d’un chauffage électrique là où la baisse d’un degré suffit pour le gaz.

  6. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 18 décembre 2022

    « Si donc vous voulez faire des économies, concentrez-vous sur l’essentiel », écrivez-vous, Gérard.
    Je préférerais l’énoncé : « Si nous voulons faire des économies, concentrons-nous sur l’essentiel ».
    Car, dans le contexte actuel, ce sont bien des décisions collectives qui me paraissent pouvoir toucher à l’essentiel : éviter le gaspillage.

    Ici, comme le titre l’indique, il s’agit de s’interroger sur la question d’économiser l’énergie, au sens de ne pas en gaspiller trop. Ce qui n’est pas la même chose que « l’Économie de l’énergie » qui est en soi un vaste problème au sein de la « Science de l’Économie ».

    Est-il possible d’avoir une réponse unique à cette recherche de sobriété, toutes énergies confondues ?
    Ou bien faut-il faire l’effort de chercher une compréhension plus fine des différents cas d’utilisation des énergies disponibles pour en choisir les modalités d’utilisation les plus sobres ?

    Pour faire simple, limitons-nous au seul cas de l’utilisation de l’énergie destinée au chauffage de nos logements.
    Je mets de côté ici les questions de décarbonation de l’énergie car, à titre individuel, nous ne pouvons pas faire grand-chose sur la disponibilité immédiate des énergies primaires.

    Effectivement, les gestes de mise en veille de nos équipements électriques ou de l’extinction des lampes ne changent rien à la consommation d’énergie globalement destinée au chauffage de nos logements. Ce qui est gagné d’un côté est compensé de l’autre. Évidemment, ce raisonnement n’est valide qu’en période de chauffage car l’été, la mise en veille ou l’extinction sont alors des gestes de sobriété. Cet article le fait remarquer par la seule incise «… en période de chauffage… » ce qui me paraît un peu rapide, ce pour quoi j’interviens ici.

    Ce résultat n’est correct qu’en considérant le bilan énergétique compté en kWh.
    Si l’on compte en euros il pourrait en être autrement : pour une même énergie calorifique utile, il vaut mieux que je dépense moins. Je peux jongler avec le mix énergétique pour chercher un optimum.

    Il n’est pas certain que, collectivement, ce calcul reste pertinent.

    L’article propose une réflexion plus étendue sur les questions d’économie d’énergie et de sobriété.
    Je ne m’y attarderai pas sauf sur la question de l’éclairage public.
    Deux communes, Sceaux et Bourg-la-Reine. Deux choix.
    De mon point de vue, Sceaux n’a pas fait le meilleur.
    Pourquoi éclairer des lieux où il n’y a personne ?
    Pourquoi chauffer la campagne, si tant est qu’une partie de l’énergie électrique destinée à l’éclairage est perdue en chaleur ?

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