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L’autre vie de nos élus : Florence Presson

Les élus locaux exercent, pour la plupart, un métier ou une activité extérieure à leur engagement municipal. Quelle est cette autre face, cette autre vie? Comment se partage-t-elle avec la vie d’élu. La Gazette s’est entretenue avec plusieurs d’entre eux. Elle y consacre une série d’articles.

Sans pour autant ressembler à Joséphine Baker (photo à l’appui), Florence Presson a deux amours : le numérique et l’environnement. Lequel est son pays lequel est Paris, on n’a pas cherché. En revanche, on sait, à la façon dont elle en parle, qu’elle a deux autres amours, ses deux filles. En tout, ça ferait quatre. Mais on en reste ici à la part publique qu’elle relève de son métier ou de son engagement.

Prôner les PREP

Actuellement chargée de mission à Grand Paris Grand Est, territoire qui regroupe 14 communes, elle travaille sur la transition énergétique. Une de ses tâches est le développement et la mise-en-œuvre des Parcours de la rénovation énergétique performante (PREP). C’est un dispositif porté par la Métropole et le ministère de la Transition écologique et sociale. Il a « pour objectif d’inciter financièrement les propriétaires de maisons individuelles en France métropolitaine à réaliser une rénovation globale performante de leur patrimoine immobilier. »[1]

Pratiquement sa mission de développement du PREP se traduit par la formation des référents dans les communes ; l’accompagnement des maires et la communication auprès des municipalités ; des actions en direction des artisans (sensibilisation et formation sur les techniques de rénovation).

Par ailleurs, elle anime régulièrement des débats ou ateliers pour sensibiliser les entreprises et les élus aux contraintes liées à la réutilisation des déchets dans le parcours de rénovation.

Auparavant, elle a travaillé pour la municipalité de Montfermeil, en tant que chargée de mission agriculture urbaine, économie circulaire et transition énergétique. Déjà, elle conduisait un projet d’élaboration et d’expérimentation du PREP dans des secteurs pavillonnaires de la ville. Son action était dans la coordination des acteurs de la transition énergétique et la mobilisation des citoyens.

Signalons un article d’elle publié récemment dans Réalités industrielles (aux Annales des Mines). Elle y développe l’idée que l’accompagnement égalitaire (bien que sur mesure par définition, tous les pavillons sont différents), produit des effets tangibles sur le développement des PREP.

Les circuits du circulaire

Son deuxième domaine d’activité est l’économie circulaire. D’abord elle y croit profondément. Elle est profondément convaincue qu’il ne faut pas attendre la suppression idéale des déchets, et que la mise en place de boucles complètes et vertueuses (de réutilisation) est possible. Indispensable.

Florence Presson mène, auprès des élus et des entreprises, des campagnes de sensibilisation sur les bonnes pratiques en la matière. Elle accompagne également des projets comme l’intégration des exigences d’économie circulaire dans la passation des marchés publics ; comme la lutte contre le gaspillage alimentaire, ou aux modèles de réutilisation des déchets.

Pour information, il existe une plateforme des acteurs du Grand Paris, qui « rassemble les initiatives, les acteurs, les connaissances, les outils, les actualités et les événements de l’économie circulaire. Espace de valorisation, de partage et de rencontre, il est au service des collectivités locales, des entreprises et des associations du territoire. »

Cet engagement se traduit chez elle par une volonté de former. Après avoir travaillé avec un enseignant-chercheur sur la création d’un diplôme universitaire, elle assure une UE (Unité d’enseignement) à l’IUT de Sceaux autour de l’économie circulaire. Elle précise d’emblée : « C’est à titre bénévole. Pas question de créer un conflit d’intérêts avec ma fonction d’élue. »

Elle intervient à l’INCO, une école de commerce qui a l’originalité de former des entrepreneurs soucieux de l’impact social et environnemental et d’accompagner des personnes dans la découverte de domaine d’activité afin d’assurer une reconversion.  Florence Presson y apporte son expérience sur les marchés publics dans le domaine du bâtiment et sur les métiers associés à la rénovation énergétique.

L’informaticienne

En fait son activité d’aujourd’hui n’est pas dans la continuité ordinaire de celle d’hier. Florence Presson vient d’ailleurs. De l’informatique. Elle aime en parler, c’est une passion formée dans son adolescence. « Mon lycée était en face d’une base militaire où il existait d’importantes ressources informatiques. Quand elles devenaient obsolètes pour les militaires, le lycée en profitait avec une formation à la programmation faite par des soldats. C’était extraordinaire à une époque où l’informatique n’avait pas pénétré les familles et surtout pas la mienne qui était modeste. »

Pendant ses années lycée, elle apprend à coder (programmer). Elle en garde un beau souvenir et le sentiment que « les informaticiens ne sont vraiment pas des communicants 😉 ».

Elle ne terminera pas ses études commencées à l’Institut international 3A (Asie, Afrique, Amérique) qui enseignait marketing, gestion etc … à des fins solidaires. Non qu’elle n’aime pas, mais une embauche chez SFT lui est proposée. C’est une entreprise qui développait des applications Minitel (alors extraordinairement florissant). Elle veut gagner sa vie et puis elle aime aussi. Elle y reste quelques années et participe au développement de programmes dans le domaine du recrutement et dans celui de la gestion commerciale qui sera pour elle le début d’une carrière.

Car ce dernier projet lui ouvre la porte de Publisoft une SSII plus importante. « C’est l’époque des premiers ordinateurs portables avec des Toshiba qui pesaient 7 kilos, se souvient-elle. ». Les commerciaux nomades s’en équipent. Il fallait y mettre les applications qui jusque-là fonctionnaient sur Minitel. Avec son savoir-faire acquis chez SFT, elle se colle très vite à la nouvelle technologie. Cela lui plaît, elle évolue en compétence. Elle décrit cette transition numérique dans un article publié dans Enjeux numériques (Aux Annales des Mines).

Avec de grands projets, bien tendus comme tous les grands projets, donc avec le stress à gérer, elle est vite embarquée dans le management trépidant d’une équipe travaillant à flux tendu en France et en Roumanie. Elle cite quelques clients : LVMH, Pierre Fabre, Cadbury France (Poulain), Petit bateau. A certaines périodes, elle définit le jour en atelier les besoins des commerciaux, elle développe la nuit. Elle y gagne de savoir encaisser les hautes pressions.

Elle se mesure à des milieux masculins : équipes d’informaticiens, et côté client, direction commerciale ou direction financière. Mais son récit semble dire qu’elle s’impose sans problème. Pas simple, peut-être, mais pas compliqué non plus. En tant que femme, Florence Presson n’est sûrement pas une victime.

En 2007, quand Publisoft est vendu, elle préfère partir et créer son entreprise : Sinopé.

La rencontre avec Philippe Laurent

Ce départ est aussi un tournant (celui de la quarantaine peut-être). Elle veut entrer en politique. Elle est concernée depuis son adolescence par les questions environnementales. Elle a toujours été très AMAP, très Nature et progrès. C’est une autre facette. Elle pense avoir fait le tour du monde associatif qui lui paraît alors limité. Elle veut voir des actions se créer et s’exécuter.

En 2007, elle rencontre Philippe Laurent et il faut croire que cette fois-ci le courant passe. Il l’intègre à sa liste pour les élections municipales de 2008 et la positionne, une fois la victoire acquise, sur les affaires scolaires.

Cela dit, il lui faut gagner sa vie. Elle bûche et développe dans Sinopé une activité de consulting autour du numérique : stratégies d’accueil de nouveaux progiciels (elle en vient) ; comment faire passer les changements de méthode induits par le numérique ? Comment redistribuer les compétences ? C’est autour de ces challenges qu’elle construit des prestations pendant plusieurs années.

En 2012, un (grave) problème de santé survient, dicte sa loi et met de dures limites à son activité (elle en parle dans une interview au Journal du Grand Paris). Elle ne peut plus assurer ses prestations de conseil, essentiellement en province. Elle fait un choix. Elle abandonne le numérique (mais pas dans sa tête) et passe complètement à l’environnement. En quatre ans d’action municipale, elle a bien approfondie le sujet. D’où son activité d’aujourd’hui au territoire Grand Paris Grand Est.

L’élue

Florence Presson est à présent adjointe au maire, en charge des Transitions et de l’économie circulaire et solidaire. Logique. « C’est un gros mi-temps surtout étendu sur les soirées et les week-ends. Ça le rend compatible avec un travail salarié à temps complet. » Pour qui peut supporter la pression, a-t-on envie d’ajouter.

« En tant qu’élue, j’ai environ 3 soirées par semaine qui sont consacrées à des réunions de travail avec des citoyens comme le CCT ou avec mes collègues ou encore à des interventions auprès des habitants. Un lundi sur 2 est complètement pris par les réunions de la majorité, à commencer par le comité exécutif dès 8h30. La charge de représentation est énorme… Faut vraiment aimer les gens. »

Elle n’aime pas beaucoup les réunions protocolaires, il y en a, il y en a pas mal, elles préfèrent les réunions techniques.

En septembre, l’élue de Sceaux, membre de l’INEC est membre du jury du prix UNICEM Entreprises engagées

En tant qu’adjointe, elle fut membre jusque ces jours-ci du conseil d’Administration l’INEC (Institut national de l’économie circulaire), auquel la ville de Sceaux est adhérente. Elle a assuré la gestion et l’administration de l’association pendant 2 mandats. Le nombre de sièges vient d’être réduit, elle s’en est retiré (bien volontiers).

Par ailleurs, elle représente l’AMF auprès des instances liées à la transition énergétique et à l’économie circulaire. Ce qui veut dire contribuer au CNTE (Conseil national de la transition énergétique) et au CNCE (Conseil national de l’économie circulaire.)

Enfin elle participe à la Fondation AFNIC qui finance des projets luttant contre la fracture numérique. Elle y est en tant que personnalité qualifiée représentant les collectivités locales. Si la charge de 3 réunions par an est faible, c’est tout de même par an 120 dossiers ! en provenance d’associations ou de fondations. « J’ai de quoi occuper mes vacances, dit-elle en souriant. »

Où trouve-t-elle le temps de faire tout ça, entre son métier, son rôle d’élue, sa famille ? Sa santé, si elle est correcte, a des fragilités. Où trouve-t-elle l’envie ? On dirait qu’elle a comme une fringale et que ses deux amours ressemblent à un désir de vivre deux fois plus. Comme si sa formule était : « Vivre. Vivre, avant tout vivre. »


[1] Pour des détails, voir le site du ministère et celui de la ville de Sceaux.

  1. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 6 octobre 2022

    Joli portrait. Maurice Zytnicki est tombé sous le charme.
    À le lire, cette élue ne manque pas d’épaisseur et d’implication dans les domaines, nombreux, qu’elle a choisi d’explorer. Avec talent et enthousiasme si l’on suit le portraitiste. Bravo.

    • Maurice Zytnicki Maurice Zytnicki 8 octobre 2022

      Jean-Claude, je prends votre commentaire comme un compliment. La Gazette, par orientation, s’attache dans ses entretiens à éclairer l’énergie positive, les volontés, les savoir-faire, les projets.

  2. Xavier Tamby Xavier Tamby 5 octobre 2022

    Je suis en désaccord complet avec Florence Presson sur à peu près tout. C’est une adversaire. Pour autant son engagement personnel et son implication force le respect.

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