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Nucléaire et C02 : le choix des sophistes

La primaire écologiste est l’occasion de constater une nouvelle fois que, pour EELV, abandonner le nucléaire est plus urgent que réduire les émissions de CO2.

On l’avait déjà vu avec l’insistante revendication de fermer Fessenheim. On l’a aussi vu en Allemagne, qui, sous la pression des Verts, a commencé à fermer ses centrales nucléaires alors que le pays utilisait encore beaucoup de charbon et de lignite pour produire son électricité. Pays qui a encore ouvert récemment une centrale thermique à charbon. L’Allemagne prévoit l’abandon total du nucléaire en 2022 et celui du charbon en 2038. Le résultat est visible sur le schéma ci-dessous(source), qui classe 12 pays européens selon leur contribution aux émissions de CO2, pour l’année 2020.

Les émissions de CO2

En abscisse, on a les émissions de CO2 (en grammes) par kilowattheure produit. En ordonnée, on a la production électrique totale. La surface du rectangle de chaque pays représente donc ses émissions, produit du volume produit par les émissions unitaires.

Assez logiquement, plus un pays est peuplé, plus il produit d’électricité, et donc plus son rectangle est large : c’est le cas de l’Allemagne ou de la France. L’Italie a une base assez étroite, elle ne produit pas assez d’électricité pour sa consommation et doit donc en importer (pour l’essentiel, de France et de Suisse).

Plus un pays utilise d’énergie fossile pour produire de l’électricité, plus son rectangle est haut. Les pays qui émettent beaucoup de CO2 par kWh produit sont, dans l’ordre :

  • La Pologne qui privilégie pour l’instant le charbon, mais qui a mis en place un programme pour développer les renouvelables, le gaz et le nucléaire,
  • Les Pays-Bas, qui pour des raisons historiques brûlent encore beaucoup de gaz et de pétrole. Ils ont beaucoup investi dans l’éolien et le solaire : la puissance installée en solaire est plus de deux fois supérieure à celle en charbon, celle en éolien un peu moins de deux fois, et la puissance installée solaire + éolien est supérieure à celle du gaz. Mais cela ne suffit manifestement pas (il se trouve que l’éolien et le solaire ne fonctionnent pas en permanence),
  • L’Allemagne qui a pourtant beaucoup investi dans les renouvelables : la puissance installée en éolien est similaire à la puissance installée en nucléaire de la France et celle en solaire est à peine plus faible. Mais là aussi, cela ne suffit pas, car la production instantanée est plus faible et souvent de très loin. Alors, on brûle du charbon et du gaz,
  • L’Italie, qui vient juste derrière l’Allemagne et utilise beaucoup le gaz.

A l’autre bout, 3 pays émettent peu de CO2 par kWh (et beaucoup moins que les 3 précédents) : la Norvège qui produit pour l’essentiel grâce à son hydraulique, la Suède qui associe hydraulique et nucléaire, et la France grâce à son nucléaire (mais aussi ses barrages et ses steps).

On notera la situation intermédiaire du Royaume-Uni, qui a encore beaucoup d’installations au charbon et surtout au gaz. Les émissions y sont en baisse depuis quelques années, grâce à des investissements tous azimuts : dans le solaire, l’éolien et le nucléaire.

Ceux qui veulent en savoir plus trouveront des données sur les émissions instantanées de CO2 et l’origine de la production de chaque pays au moment de l’observation sur le site : https://www.electricitymap.org/map.

A titre d’exemple, la situation en Allemagne le 09/09 au matin était la suivante (voir le tableau à gauche) : pas de production solaire, une faible contribution de l’éolien malgré une puissance installée considérable dans les deux cas. Les pays en vert sur la carte sont ceux qui émettent peu de CO2.

Et les écolos dans tout cela ?

On a déjà évoqué le cas des écolos allemands, qui ont choisi leur priorité entre nucléaire et charbon. Il faut aujourd’hui évoquer la Belgique, qui a décidé de ne pas prolonger ses centrales nucléaires pour miser sur les renouvelables…à terme.

On trouvera ici une description détaillée du plan climat belge : https://www.plannationalenergieclimat.be/admin/storage/nekp/pnec-partie-b.pdf

Celui-ci étudie deux scénarios, qui tous les deux prévoient une fermeture du nucléaire à l’horizon 2025 avec pour conséquence que « les émissions du sous-secteur industrie énergétique augmentent encore de 21 à 31 Mt CO2e entre 2015 et 2030. Cela s’explique par l’utilisation accrue de centrales au gaz naturel ».

Pour revenir à la France, le discours sur le nucléaire des candidats à la primaire écologiste est assez simple : « Le nucléaire aujourd’hui est 2 fois plus cher que les énergies renouvelables et crée trois fois moins d’emplois » (Yannick Jadot le 8 septembre).

Comme le coût du combustible est faible dans le cas du nucléaire (environ 7% du total) et nul pour le vent et le soleil, cela revient à dire que les travailleurs du renouvelable sont 6 fois moins bien payés que ceux du nucléaire ou que les Verts ont toujours quelques problèmes avec les chiffres (et /ou l’économie ?)

Dans les débats entre candidats écologistes, il a beaucoup été question du nucléaire, beaucoup moins des énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon) et des moyens de s’en passer. A chacun ses priorités ! Mais il n’est pas sûr que cela soit la priorité des Français …ni même des électeurs écologistes !

En tous les cas, les anti nucléaires ont déjà gagné sur un point : l’Union Européenne a décidé de ne pas considérer le nucléaire comme une énergie verte (à l’opposé du gaz!), contre l’avis des scientifiques qu’elle avait interrogés.

Sur ce sujet, on peut lire cet article de Sylvestre Huet, journaliste scientifique

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