Jeudi 22, le Premier ministre donnait une conférence de presse centrée sur le confinement et sa sortie. Veran, Darmanin et Blanquer sont aussi intervenus.
Le ministre de l’Éducation nationale a expliqué que de très nombreux tests salivaires seraient mis à la disposition des établissements et que les classes seraient fermées au premier cas. Contrairement à la situation observée en mars, où des classes sont restées ouvertes avec plusieurs cas, avant qu’on ne décide de les fermer au premier cas.
Grand partisan assumé de ne pas fermer les établissements scolaires malgré la pandémie, il a justifié cette mesure en expliquant « qu’il valait mieux fermer 1% des écoles que toutes ». Ce qui est une lapalissade, mais conduit l’auditeur à se demander d’où sort ce « 1% » ?
Fin mars 2021, l’incidence Covid chez les jeunes des 10 à 19 ans, était mesurée à 570 cas par semaine pour 100 000 habitants, au même niveau que celle des 20 à 29 ans. Depuis, elle a baissé beaucoup plus que celle des 20 à 29 ans, mais Santé publique France observe que cela s’explique très probablement par une forte baisse des tests pour cette tranche d’âge, en raison des vacances scolaires. Il est donc probable qu’elle est encore autour de 500 cas par semaine, toujours mesurée. L’incidence réelle est estimée au double de celle qui est mesurée, selon les études de l’Institut Pasteur. Ce qui nous conduit à une incidence de 1% par semaine. Comme on peut imaginer que les classes où il y a un élève atteint seront fermées pour au moins une semaine, on tient, semble-t-il, une explication pour le 1% du ministre.
Sauf que non. Car les classes ont chacune plusieurs élèves (on espère que le ministre ne l’ignore pas 😊) et en moyenne un peu plus de 20. Et donc, même s’il faut minorer ce chiffre pour tenir compte du fait qu’il peut y avoir plusieurs élèves atteints dans une même classe, on aboutit à l’idée qu’il faudra, au moins tant que la circulation du virus n’aura pas significativement baissé, s’attendre à avoir un cinquième des classes fermées pour cause de Covid !
Ce petit calcul rappelle ce que disent, depuis des mois, toutes les semaines, les notes de Santé publique France : le niveau de circulation du virus est très élevé ! Ce n’est pas du tout le moment de baisser la garde. Y compris pour ceux qui ont reçu une première dose de vaccin. Celle-ci fait baisser le risque d’hospitalisation de 80%, ce qui est considérable. Mais si ce risque est divisé par 5, il n’en reste pas moins réel, d’autant que le virus est partout.
La logique scientifique conduit de nombreux épidémiologistes à réclamer des mesures fortes pour faire baisser la circulation du virus. Force est d’observer que la pression sociale n’est pas du tout dans ce sens-là. On observera d’ailleurs que si les Français avaient tous observé strictement les règles de précaution (ne pas recevoir en lieu clos, porter le masque, aérer, garder les distances…), l’épidémie serait derrière nous depuis longtemps !