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Philippe Laurent, la proximité et le partage

La Gazette s’était interrogée récemment sur l’absence du maire au bas d’une pétition réclamant un budget pour les territoires de la Métropole du Grand Paris. En réponse, il nous en avait donné les raisons, qu’il associait aux risques d’interférence entre le territoire et la ville. Nous la commentions en interrogeant sa vision de la proximité. En retour, il précise sa pensée. 

[Votre article] rend en effet bien compte de la position que je défends et qui, vous l’avez compris, dépasse quelque peu l’objet de la phrase qu’il convenait de signer.[1]

Du reste, certains débats actuels au Parlement, bien moins médiatisés que d’autres, montrent que le raisonnement que je tiens est partagé par de nombreux élus, qui ont tout de même signé la fameuse phrase pour éviter de se brouiller avec leur président de territoire … que pourtant ils élisent et qui dépend de leur volonté collective !

Cependant, votre conclusion montre que je me suis peut-être mal fait comprendre. Soyons bien clairs: la proximité, c’est la commune et elle seule. C’est la proximité, et en même temps – comme on dit maintenant -, c’est aussi l’efficacité, la réactivité et la responsabilité. Le maire est le seul à être à portée d’engueulade, et on lui attribue souvent des pouvoirs qu’il n’a pas en réalité. La Métropole est suffisamment loin pour ne pas avoir envie de concurrencer les communes sur ce point. Le Territoire, lui est beaucoup plus près. Et il a cette tentation de tout régenter, surtout si la loi le lui suggère … alors qu’il est sous l’emprise d’une gestion très bureaucratisée.

Mais nous aurons l’occasion d’en reparler, car des débats citoyens auront lieu dans la Métropole dès que nous aurons la possibilité d’agir en toute liberté.

Nous retrouverons donc Philippe Laurent lorsque le débat pourra se tenir. LGdS s’attachera à y coopérer En attendant, rien n’empêche d’y réfléchir de notre côté.

Nous imaginons volontiers approfondir deux pistes.

Le territoire, lieu de décision ou prestataire de service ?

Personne ne doute que nombre d’enjeux relèvent de géographies plus larges que celle de la commune. Citons les voiries pensées pour le cyclable, les émissions de gaz à effet de serre qui ne s’arrêtent pas aux Quatre chemins ou sur la 920, ou la gestion des déchets pour en rester là.

La crainte que Philippe Laurent exprime de voir le territoire tout régenter amène à se poser la question de l’efficacité face à des sujets transverses. Quelle est la « bonne » taille pour les traiter correctement ?

Il est raisonnable de penser que la commune est le bon niveau de traitement de certaines questions et que le territoire l’est pour d’autres. Mais le « niveau de traitement » peut être compris comme un niveau de décision ou un niveau d’exécution. Faut-il envisager que les 11 communes de Vallée Sud décident (selon quelle procédure ?) de projets s’appliquant à l’une d’entre elles ? Si non, comment assurer une cohérence entre des actions qui d’évidence en concernent plusieurs voire toutes ?

Le territoire doit-il mieux incarner sa population ?

La légitimité des décisions politiques tient au fil de la représentation de la population. Suivons un instant le jugement de Philippe Laurent : la commune, c’est le proche, le lieu du reproche, on peut « engueuler » son maire ; le territoire, de son côté, est sous « l’emprise d’une gestion très bureaucratisée. » Et posons-nous la question des moyens de le « débureaucratiser », de la répartition des compétences avec les communes. Pour quels bienfaits et quels inconvénients ? Ce qui se discute au niveau du territoire Vallée Sud, pour ce que l’on perçoit à travers les associations qui s’y investissent, semble souvent tourner autour de ces problèmes de partage.

Ces deux pistes, librement inspirées par les propos du maire, ne visent certainement pas à cantonner la réflexion dans leur périmètre. Elles sont à prendre comme de simples exemples.


[1] Il s’agit de la phrase associée à la pétition « 127 Maires du Grand Paris demandent à nouveau le maintien intégral des ressources des établissements publics territoriaux et de leur dynamique. »

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