Régulièrement, les réseaux sociaux s’enflamment contre telle ou telle manifestation d’un non-respect des gestes barrières ou du confinement. Certains observent que ceux qui portent un masque (de plus en plus nombreux semble-t-il) le font n’importe comment.
Les nombreuses données disponibles sur l’épidémie doivent nous permettre de mieux mesurer la manière dont les Français se comportent dans leur ensemble, au-delà de l’impression que peuvent donner quelques anecdotes mises en épingles.
Certaines données (le nombre de cas par exemple) sont plus révélatrices d’une politique que de l’épidémie elle-même. Le nombre d’entrées quotidiennes en réanimation semble un indicateur plus fiable. Sur l’ensemble de la France, on a la courbe suivante depuis le 19 mars :
On voit que la courbe a continué à augmenter après le début du confinement puis a commencé à redescendre à partir du 2 avril environ, mais c’est difficile à interpréter : le confinement fonctionne, mais est-il plus ou moins respecté aujourd’hui qu’il y a un mois ?
Pour aller plus loin, examinons le ratio entre le nombre d’entrée en réa un jour donné et le même nombre 7 jours plus tôt (durée qui correspond au temps d’incubation d’une part et évite que la courbe soit perturbée par la sous-estimation du dimanche) :
Sur ce graphique on observe que notre ratio (qu’on notera R) est supérieur à 1 jusqu’au 2 avril (et donc la pandémie s’étend) puis qu’il devient nettement inférieur à 1 (donc la pandémie s’éteint progressivement…
Mais tout cela reste encore peu lisible : il faut lisser la courbe ; C’est ce qui est fait ici en prenant une moyenne sur 7 jours (et en la comparant avec la moyenne 7 jours avant) :
Le lissage a aussi permis d’éliminer les valeurs importantes de début d’observation qui donnaient une échelle peu lisible.
On constate qu’à la mi-avril le ratio R est descendu en dessous de 0,6 et qu’il est légèrement remonté ensuite (il est à 0,67 le 7 mai). On peut l’interpréter comme le fait qu’après un confinement strict, il y a eu un certain relâchement, faible cependant. On pourra aussi mesurer ainsi ce qui se passe avec le déconfinement (mais on ne commencera à le voir que vers le 25 mai), tout l’enjeu étant que R ne repasse pas au-dessus de 1
Comme expliqué dans l’article, j’ai fait le ratio entre le nombre moyenné d’entrées en soins intensifs un jour J est le même 7 jours avant.
La durée moyenne de la maladie (celle au moins pendant laquelle il y a dans la gorge beaucoup de virus) est estimée communément à 7 jours. Donc ce ratio est une estimation assez sérieuse du nombre moyen de patients contaminés par un malade.
Je suppose que les épidémiologistes ont des outils plus fins, notamment en regardant plusieurs indicateurs et non un seul
J’ai en effet remarqué que la proportion de personnes en soins intensifs parmi les hospitalisés a diminué avec le temps (de 22 à 12 % en un mois), sans que l’on puisse l’expliquer par la saturation des services de soins car c’est vrai dans toutes les régions
Article très intéressant. Je serais curieux de savoir comment on évolue ce ratio R qui est descendu en dessous de 0,6 puis remonté à 0,67 .
Merci pour la réponse