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Découvertes archéologiques à Châtenay-Malabry

Cela fait bien longtemps que l’on naît, vit et trépasse à Châtenay. Son histoire archéologique le prouve. Et si les squelettes y voient quelque chose dans la nuit des tombeaux, ce sont 40 siècles qui nous contemplent du dessous. Aloïs Corona, anthropologue rattachée à Seine Archéologie, donnait ce samedi 21 septembre une conférence sur le diagnostic archéologique effectué dans le centre-ville.

Contexte des Fouilles

La ville a des projets d’embellissement des voiries du centre historique. Des vestiges avaient tout lieu d’y exister dans les sous-sols. Le maire, Carl Segaud, qui introduisait la conférence, raconta qu’il a sollicité des fouilles préventives (de fait, obligatoires) en 2023, bien en amont des premiers travaux qu’il comptait lancer. Il anima son introduction de propos enthousiastes sur les beautés de l’archéologie en général et celle de Châtenay en particulier. Des remerciements appuyés allèrent à Françoise Peythieux, déléguée à la Culture, et Marjorie Ruffin, responsable du service Cultures en Ville, sur lesquelles il s’est appuyé pour le suivi du dossier.

Diagnostic

Un diagnostic archéologique, explique Aloïs Corona, consiste en une étude d’impact des futures constructions sur le sous-sol concerné. Pour cela, des tranchées sont réalisées pour repérer des vestiges. A Châtenay, il y en eut trois, évidemment étroites, mais assez profondes pour dégager des voies d’accès vers les sites anciens. Attention, souligne l’archéologue, aux réseaux souterrains (électrique, eau, gaz…). On imagine souvent les archéologues avec des pinceaux, des pincettes, des truelles et une patience infinie. C’est vrai, mais « il faut commencer par la pelle mécanique ».

Une fois repérés, les vestiges sont identifiés, leur fonction est déterminée, et leur chronologie est précisée. « Les découvertes sont enregistrées, photographiées et mesurées, précise-t-elle. » De sorte qu’une décision puisse être prise sur l’intérêt de classer le site et d’autoriser ou non des transformations du lieu.

Les travaux ont permis de découvrir plusieurs vestiges : un cimetière paroissial autour de l’église, avec une densité importante de sépultures ; un fossé médiéval, la fondation d’un mur datant du XVe ou XVIe siècle ; un puits, peut-être de remontée d’eau ou de terre. Trois sépultures ont été étudiées, deux adultes (entre 20 et 49 ans) et un adolescent entre 15 et 20 ans.

Tombes et des Squelettes

Pour rendre les choses plus concrètes, Aloïs Corona a gratifié son auditoire de courtes et passionnantes présentations des maintes techniques dont se servent les archéologues pour déterminer l’âge, le sexe, et l’état de santé des individus. L’étude des ossements permet d’observer, tout en maintenant les articulations, les positions et voir si elles sont cohérentes, si elles relèvent d’un « dépôt primaire » ou le résultat d’un déplacement.

Les ossements sont envoyés dans un laboratoire pour être nettoyés et étudiés. L’âge est estimé à partir des dents et des os, et le sexe a été déterminé à partir du bassin pour les adultes (méthode qui, dit-elle, ne fonctionne pas pour les enfants). L’ostéogenèse (processus par lequel se crée le tissu osseux) permet aussi de situer l’âge, en particulier pour les « immatures » (les enfants), encore que dans leur cas, « on peut situer l’âge à six mois près à partir des dents ». Pour les adultes, elle évoque plutôt les caractéristiques de l’os sacro-iliaque, au niveau du bassin. La taille, elle, est estimée par la mesure des os longs.

D’autres techniques sont également citées par l’archéologue. La taphonomie permet de déterminer la position d’origine du défunt et le mode de décomposition. De la position des membres, on déduit les modes d’ensevelissement (linceul, vêtements). La photogrammétrie permet de réaliser des photos en 3D. La paléopathologie recherche l’état de santé à travers les fractures, arthroses, carences, usures des dents, tartres, boursoufflures osseuses. C’est un métier.

Cimetière saturé

Aloïs Corona s’attarde un peu sur le cimetière paroissial « moderne » (c’est-à-dire de la période du XVe au XVIIIe siècle) et sur les réflexions qu’il a suscitées. Plusieurs niveaux d’inhumation ont révélé une densité importante. Les corps inhumés les uns sur les autres, dans un linceul et non un cercueil, l’absence de mobilier funéraire, donnent à conjecturer une occupation importante. Plus, le cimetière a été vraisemblablement saturé. L’archéologue donne différentes justifications. La présence d’une fosse ossuaire qui rassemble des os divers. La construction en 1811 d’un nouveau cimetière, puis d’un autre encore en 1900, marques très probables du développement de la commune.

Il y a de quoi investiguer.

En attendant, le rapport de diagnostic a été remis à l’État qui décide des suites à donner. Le maire indique qu’il n’a pas été retenu d’aller plus loin. Les vestiges restent enfouis dans l’éternité où ils furent trouvés. Si dans le futur, quelque édile ou scientifique décide d’y regarder de plus près, l’étude aura du moins précisément instruit l’occupation des lieux.

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