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Journée des droits des femmes

Pour la journée internationale des femmes, la Gazette de Sceaux a choisi de donner la parole à une artiste, Anne Sylvestre, décédée le 30 novembre dernier.  Elle a eu cette particularité d’être connue pour ses chansons pour adultes et pour ses chansons pour enfants (les Fabulettes).

On trouvera tout cela sur son site. Dans un entretien accordé en 2010, elle expliquait comment elle s’était exprimée en temps que femme. L’entretien s’intitulait « Anne Sylvestre, une sorcière comme les autres ». C’est donc tout naturellement que nous reproduisons ci-dessous les paroles de cette chanson. Mais avant, l’une des anecdotes qu’elle cite :

« J’ai participé à une émission de télé avec Brassens, qui avait demandé à ce que je sois là. Quand j’ai voulu chanter Les gens qui doutent, on me l’a déconseillé parce qu’il y avait des gros mots dedans. J’ai trouvé que dans une émission de Brassens, c’était un peu gonflé. Évidemment, il a poussé un coup de gueule et j’ai chanté la chanson que je voulais … »

https://www.youtube.com/watch?v=_f6F5XjDW6M
Une sorcière comme les autres, interprétée par Laetitia Isambert et Nathalie Doummar

Une sorcière comme les autres (paroles)

S’il vous plaît
Soyez comme le duvet
Soyez comme la plume d’oie des oreillers d’autrefois
J’aimerais ne pas être portefaix
S’il vous plaît faites-vous léger
Moi je ne peux plus bouger

Je vous ai porté vivant
Je vous ai porté enfant
Dieu comme vous étiez lourd
Pesant votre poids d’amour
Je vous ai porté encore
À l’heure de votre mort
Je vous ai porté des fleurs
Vous ai morcelé mon cœur

Quand vous jouiez à la guerre moi je gardais la maison
J’ai usé de mes prières les barreaux de vos prisons
Quand vous mouriez sous les bombes je vous cherchais en hurlant
Me voilà comme une tombe et tout le malheur dedans

Ce n’est que moi
C’est elle ou moi
Celle qui parle ou qui se tait
Celle qui pleure ou qui est gaie
C’est Jeanne d’Arc ou bien Margot
Fille de vague ou de ruisseau

C’est mon cœur ou bien le leur
Et c’est la sœur ou l’inconnue
Celle qui n’est jamais venue
Celle qui est venue trop tard
Fille de rêve ou de hasard

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

Il vous faut
Être comme le ruisseau
Comme l’eau claire de l’étang
Qui reflète et qui attend
S’il vous plaît
Regardez-moi je suis vraie
Je vous prie, ne m’inventez pas
Vous l’avez tant fait déjà
Vous m’avez aimée servante
M’avez voulue ignorante
Forte vous me combattiez
Faible vous me méprisiez
Vous m’avez aimée putain
Et couverte de satin
Vous m’avez faite statue
Et toujours je me suis tue

Quand j’étais vieille et trop laide,

Vous me jetiez au rebut
Vous me refusiez votre aide

Quand je ne vous servais plus
Quand j’étais belle et soumise

Vous m’adoriez à genoux
Me voilà comme une église

Toute la honte dessous

Ce n’est que moi
C’est elle ou moi
Celle qui aime ou n’aime pas
Celle qui règne ou se débat
C’est Joséphine ou la Dupont
Fille de nacre ou de coton

C’est mon cœur
Ou bien le leur
Celle qui attend sur le port
Celle des monuments aux morts
Celle qui danse et qui en meurt
Fille bitume ou fille fleur

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

S’il vous plaît, soyez comme je vous ai
Vous ai rêvé depuis longtemps
Libre et fort comme le vent
Libre aussi, regardez je suis ainsi
Apprenez-moi n’ayez pas peur
Pour moi je vous sais par cœur

J’étais celle qui attend
Mais je peux marcher devant
J’étais la bûche et le feu
L’incendie aussi je peux
J’étais la déesse mère
Mais je n’étais que poussière
J’étais le sol sous vos pas
Et je ne le savais pas

Mais un jour la terre s’ouvre
Et le volcan n’en peux plus
Le sol se rompt, on découvre des richesses inconnues
La mer à son tour divague de violence inemployée
Me voilà comme une vague vous ne serez pas noyé

Ce n’est que moi
C’est elle ou moi
Et c’est l’ancêtre ou c’est l’enfant
Celle qui cède ou se défend
C’est Gabrielle ou bien Aïcha
Fille d’amour ou de combat

Et’ c’est mon cœur
Ou bien le leur
Celle qui est dans son printemps
Celle que personne n’attend
Et c’est la moche ou c’est la belle
Fille de brume ou de plein ciel

Et c’est ma mère ou la vôtre
Une sorcière comme les autres

S’il vous plaît, s’il vous plaît faites-vous léger
Moi je ne peux plus bouger

Anne Sylvestre 1975

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