La courbe des décès dus au Covid baisse à présent à la suite du confinement, au point que la mortalité hebdomadaire est maintenant inférieure à celle qu’elle était en 2018 et en 2019 (c’était déjà le cas en janvier/février). Désormais, des répercussions économiques graves se laissent entrevoir. Elles sont à anticiper, à analyser. Le travail des économistes que j’évoquais il y deux semaines ne faiblit pas.
S’il faut tout faire pour éviter une deuxième vague épidémique, l’importance dans les semaines qui viennent des questions d’emploi, de viabilité des entreprises et des commerces , est de plus grande. Les deux mois que nous venons de traverser représentent la plus forte crise économique connue par le pays en temps de paix. Et ce n’est pas fini : la reprise de l’activité ne se fait que très timidement et certains secteurs sont complètement sinistrés : pensons par exemple aux compagnies aériennes.
La situation des entreprises
Une courte vidéo du Xerfi fait le point sur l’impact selon les secteurs en épargnés (chimie, pharmacie, informatique…), les accablés (restauration…) et entre les deux les impactés (BTP, métallurgie…).
Si les entreprises ont souffert de manière importante, quoique diverse, les ménages (dont certains ont beaucoup souffert aussi) ont collectivement mieux passé la période du seul point de vue économique : la collecte sur le livret A est supérieure, pour les quatre premiers mois de l’année, à celle de toute l’année 2019 !
D’autres impacts du confinement
Trois autres conséquences du confinement généralisé sont à signaler :
- Les émissions de CO2 ont baissé assez nettement, mais à vrai dire, moins que ce qu’on pourrait imaginer au regard de la chute de l’activité. Il est vrai qu’on a continué à se chauffer et s’éclairer !
- Les accidents de la route sont en chute libre. Mais là aussi, le nombre de décès est plus faible que la baisse de la circulation : il semble que certains ont cru que le très faible nombre de véhicules sur la route les autorisait à dépasser très largement les limites de vitesse.
- Les étudiants sont confrontés à la difficulté de trouver des entreprises qui acceptent de les prendre en stage, faute tout simplement de savoir comment les encadrer.
Relancer l’économie
Du coup, les idées foisonnent sur ce qu’il faudrait faire du point de vue économique. Beaucoup reposent plus sur l’imagination fertile de leurs auteurs et leurs préjugés que sur des études économiques sérieuses, conduisant à des réactions.
Un économiste réagit à une tribune parue dans le Monde et proposant de taxer les robots « pour que l’automatisation de l’économie contribue au progrès social » en faisant remarquer que les pays ayant le plus de robots (Allemagne, Danemark) ont aussi le plus faible taux de chômage.
Autres idées qui suscitent des réactions : vouloir changer les règles sur le temps de travail (en plus ou en moins !), conditionner les aides aux entreprises.
Pour finir en revenant au monde de la santé
Un portait des professionnels de santé un peu ancien mais très probablement toujours valable, comprend, entre autres, une comparaison des salaires de ces professionnels selon les pays.
Une passionnante présentation des travaux d’Élinor Ostrom (première femme prix Nobel d’économie en 2009) et de sa réflexion sur la gestion du bien commun qu’est la santé. On relève un passage qui porte sur le profil des communautés et des individus qui les composent et les met en rapport avec la capacité à contraintes communes.
« La structure de la communauté influe sur sa capacité à coopérer pour sauvegarder la ressource. Les expériences d’économie comportementale montrent qu’il existe quatre types d’individus :
– ceux qui se comportent toujours en passager clandestin,
– ceux qui sont prêts à coopérer si d’autres initient la coopération,
– ceux qui sont prêts à initier une coopération mais attendent une réciprocité
– sûrement les moins nombreux, ceux qui coopèrent toujours.
La possibilité de coordonner une gestion des ressources communes dépend de la proportion de ces types dans la communauté. La possibilité d’identifier et contrôler les autres détermine donc en partie la possibilité de la coopération. »
On ne saurait mieux dire. Bonne lecture.