Si vous habitez à Châtenay-Malabry ou une des communes limitrophes, vous êtes forcément passé devant cette résidence aux façades ajourées faisant face à la jardinerie Truffaut. Peut-être avez-vous eu même l’occasion de traverser le parc arboré situé en son centre. Mais connaissez-vous l’histoire de cet ensemble immobilier, son origine ?
Composée de 7 bâtiments longeant l’avenue Jean-Jaurès, les rues Roger-Salengro et Marc-Sangnier, cette résidence, baptisée Chateaubriand dans les années 60, totalise 240 logements.
En 1955 la préfecture de Police acquiert la propriété et y fait construire, par la Société de coopération de construction du personnel de la préfecture de Police (SCCPPP), des logements de fonction pour héberger les policiers et leurs familles, ce qui lui vaut pendant longtemps le surnom de « flics city ».
L’inauguration se déroule le 1er octobre 1960 en présence du préfet de Police, Maurice Papon (1910-2007), Georges Cointre, directeur général du SCCPPP et André Montifroy, architecte. Une plaque commémorative est alors posée sous l’arche. Cette plaque a longtemps fait polémique vu le passé collaborationniste de l’ancien préfet. A maintes reprises, des recours ont été déposés pour qu’elle soit enlevée.
Ainsi en 1998, 2000 et 2001, la Ligue locale des droits de l’homme a œuvré auprès des résidents pour que la plaque soit déposée. C’est seulement lors du dernier ravalement de la résidence, en 2022, que cette plaque a disparu … sous le revêtement isolant !
Des vignes et des prés
Avant d’accueillir le personnel de police, la propriété appartenait à Mme Cardoso Dos Santos qui la conservera sur une courte durée : 4 ans (1952-1955). Préalablement, durant 16 années (1936-1952), elle a appartenu à la famille Gandaz. Mais les réels « bâtisseurs » et les plus illustres propriétaires de ce site furent les Sedille.
M. et Mme Charles-Jules Sedille acquièrent en 1857 un terrain de plus de deux hectares, composé de vignes et de prés. Un château y est construit avec des dépendances. M. Sedille, architecte et peintre de formation, s’intéresse alors à la politique locale et devient membre du conseil municipal en décembre 1868.
Il assure l’intérim de la Mairie sur une courte durée de 1870 à sa mort en 1871… passage trop bref semble-t-il pour que son nom apparaisse dans la liste des maires de la Ville ! Son fils Paul étend la propriété par le rachat de parcelles. Il agrandit, embellit le château et modifie les dépendances. On lui doit également la création d’un kiosque sur la propriété.
Architecte comme son père, il connaît une renommée internationale, en tant que maître de « l’éclectisme raisonné ». On lui doit, entre autres, la reconstruction du magasin Le Printemps après l’incendie de 1881. Il était également connu pour ses décorations murales. Peut-être que certains d’entre vous ont encore en mémoire le petit pavillon, situé avenue Jean-Jaurès ? Il était décoré de panneaux en céramique, vestige de la propriété jusqu’en 1987 où il fut détruit.
Un parc remarquable
Paul Sedille a laissé en héritage ses tableaux et de nombreux ouvrages d’architecture. Sans oublier des vestiges du Palais des Tuileries que l’architecte avait acquis, toujours présents dans le parc.
Aujourd’hui la résidence est familiale et on compte quelques rares fonctionnaires de police retraités. Son atout incontestable est d’avoir pu conserver ce cadre verdoyant avec de majestueux arbres aux essences variées (magnolia, séquoia, paulownia, saule pleureur, gingko, etc).
Pour les curieux, à toutes fins utiles: cette résidence est une propriété privée dont l’accès est interdit à toutes personnes étrangères. Pour une visite, il faut donc faire preuve de discrétion et de respect des lieux, cela va sans dire !
A noter
Les appartements sont fonctionnels et bénéficient tous d’une buanderie dotée d’alvéoles permettant une aération naturelle : un des traits architecturaux de la résidence. A noter également qu’un des bâtiments, le plus petit, était à l’origine dédié aux policiers les plus gradés.
Sources
- Travaux de Philippe Chambault et Françoise Guyard.
- Archives-documentation de la ville de Châtenay-Malabry.
- Article du Parisien du 11 mai 2001 d’Emmanuel Potiron.