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Vaccination : quel objectif maintenant ?

Début juin, plus de la moitié des adultes français avaient reçu au moins une dose d’un vaccin contre le COVID 19. La campagne se poursuivait à bon train, avec plus de 700 000 injections certains jours. Maintenant que les livraisons de vaccins se succèdent à un rythme soutenu, certains s’inquiètent à bon droit du risque de manque de volontaires à la vaccination.

Rappelons que la vaccination a un double objectif. D’abord, elle diminue pour la personne vaccinée le risque de développer une forme grave de la maladie. Ensuite, elle participe à l’immunité collective et protège ainsi les personnes qui ne peuvent être vaccinées pour des raisons diverses. Ceux qui ont déjà eu la Covid sont immunisés pour un temps, mais un rappel est vivement conseillé pour que ce soit durable.

L’immunité collective, c’est bien pratique, elle permet de revivre ensemble sans contrainte sanitaire. Des pays asiatiques qui ont su limiter fortement le nombre de cas Covid par des mesures fortes sont aujourd’hui confrontés à une méfiance de leur population vis-à-vis du vaccin !

Quelle proportion de la population doit être immunisée pour atteindre une immunité collective et est-on proche de cette proportion en France ? Pour répondre à cette question essentielle, il faut considérer que la proportion dépend de la capacité de contagion du virus, R0, comme la Gazette l’a déjà expliqué. Il y a un an, la Covid 19 avait un coefficient de reproduction R estimé à 3 ou 3,3, ce qui amenait à 67 ou 70 % le taux d’immunité minimal pour une immunité collective. Puis nous avons eu le variant anglais, plus contagieux (R=5) et on annonce maintenant que le variant indien serait 40 % plus contagieux que le variant anglais (R= 7 ?) ! Les Anglais qui s’apprêtaient à lever les contraintes sanitaires voient aujourd’hui l’épidémie repartir (encore lentement, heureusement).

Avec un R à 7, l’immunité collective serait atteinte à partir de 86 %. Aujourd’hui, les Français de 70/79 ans ont atteint tout juste ce taux de vaccination (du moins pour la première dose), mais ils sont les seuls. On notera qu’il y a d’autres personnes immunisées, celles qui ont déjà attrapé la maladie, mais ne sont pas vaccinées, sans que l’on connaisse leur nombre avec précision.

Fin mai, plusieurs médias se sont fait l’écho d’inquiétudes gouvernementales (par exemple ici ou ici) :  on approchait du moment où toutes les personnes volontaires pour la vaccination et dans les âges visés auraient été vaccinées. On risque donc de se retrouver d’ici quelques semaines avec des doses disponibles, un taux de vaccination insuffisant pour atteindre l’immunité collective et des non-vaccinés ne voulant pas recevoir d’injection.

Pour continuer à faire progresser le taux de vaccination, il y a deux solutions, mises en œuvre toutes les deux.

D’abord convaincre les hésitants. Les enquêtes montrent qu’il y a des Français qui refusent de se faire vacciner et d’autres qui sont seulement réticents, et que la proportion de ces deux catégories a baissé depuis janvier.  Il y a donc une action à mener pour convaincre les réticents, mais aussi pour aller chercher ceux qui ont des difficultés à accéder aux vaccins, parce qu’ils sont isolés ou parce qu’ils hésitent à se servir d’Internet. Il y en a certainement parmi les plus de 80 ans, dont le taux de vaccination est plus faible que celui des 70/79 ans.

Ensuite, élargir les populations vaccinables. C’est-à-dire en pratique, baisser la limite d’âge actuellement à 18 ans. On peut se demander pourquoi vacciner des enfants. Mais chacun sait que d’habitude ce sont généralement les enfants qu’on vaccine, comme contre la polio ou la tuberculose. Donc la vraie question est de savoir pourquoi on n’a pas vacciné les enfants et les ados jusqu’à présent !

La première raison est simple : ils n’étaient pas ou peu touchés au début de la pandémie, au moment où le vaccin a été mis au point. On ne savait même pas si les enfants étaient contaminants. Ils n’étaient donc pas prioritaires, mais surtout, il était plus difficile de tester le vaccin chez eux. Impossible de disposer d’un groupe contrôle facile à suivre: comment savoir si des gens asymptomatiques sont contaminés! Dans un premier temps, on a donc fait les essais de vaccins (phase 2 puis 3) sur des adultes de 18 à 65 ans, en excluant les plus fragiles (femmes enceintes, immunodéprimés, etc.). Le rythme de contamination était tel dans la population qu’on a pu rapidement voir la différence de nombre d’hospitalisés entre les vaccinés et le groupe témoin. Mais on a aussi vite pu identifier les quelques effets secondaires. Ce qui a permis dans un deuxième temps d’élargir la population pour laquelle il a été fait des essais de phase 2 et 3 : les plus de 65 ans, les femmes enceintes…

Avec le variant anglais, les jeunes ont commencé à être plus sérieusement touchés (et contaminants). On a alors pu faire des essais sur les populations plus jeunes : les 16/17 ans d’abord et les 12/15 ans ensuite. Il est donc tout à fait logique de proposer de les vacciner aujourd’hui, pour les protéger d’abord, pour éviter qu’ils contaminent leurs parents et grands-parents ensuite.

Nous voyons l’horizon s’éclaircir, tant mieux. Mais il y a encore quelques pas à faire !

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