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A Sceaux, deux lycées pendant la guerre

La grande salle de l’ancienne mairie est pleine quand Chloé Dupart et Hélène Offret commencent leur évocation des lycées Lakanal et Marie-Curie pendant la guerre. Une présentation qui permet à l’auditoire de découvrir une partie des travaux du Musée du lycée Marie-Curie. Sur l’importance des abris en période de guerre ou sur l’abondance des graffitis historiques dans les sous-sols de Lakanal.

Troisième conférence

Mardi 12 novembre, l’ancienne mairie accueille sa troisième conférence du cycle Les lycées Lakanal et Marie-Curie : un siècle d’histoire. Sujet du jour : la période de la guerre. Les oratrices sont respectivement présidente et vice-présidente du Musée du lycée Marie-Curie. Et également membres de l’association des Amis de Sceaux, organisatrice du cycle de conférences.

Chloé Dupart, professeur d’histoire à Marie-Curie, brosse le tableau général de la période de guerre puis expose des anecdotes révélatrices de la période

Hélène Offret, chercheuse spécialiste de la défense passive, évoque les abris, différents à Marie-Curie et à Lakanal

On retiendra avant tout deux idées forces.

Planning et abris

La première est évoquée par Chloé Dupart. En39/40, les garçons de Lakanal suivent leurs cours à Marie-Curie du fait de la transformation du lycée Lakanal en hôpital militaire. Le planning des élèves montre une alternance entre les filles et les garçons. Certains jours, les filles sont là le matin et les garçons l’après-midi et d’autres jours, c’est l’inverse.

Lors de la conférence précédente, Chloé Dupart avait présenté ce planning comme ayant pour but d’éviter que les garçons et les filles se croisent. Cette fois, elle explique que cette non-mixité, si elle est volontaire, n’est qu’une conséquence secondaire d’une autre contrainte. Il n’est en effet pas possible d’accueillir en même temps tous les garçons et les filles (500 élèves environ de chacun des deux sexes). Il n’y a pas suffisamment de place dans les abris : on ne plaisante pas avec la défense passive pendant la drôle de guerre.

Graffitis à Lakanal

Deuxième idée, avec Hélène Offret. Celle-ci présente, photos à l’appui, les abris de Marie-Curie. Ils sont particulièrement bien aménagés, avec des toilettes et l’électricité. En comparaison, le sous-sol de Lakanal est particulièrement spartiate. Il n’y a notamment pas d’éclairage. Pas de portes blindés, pas de mobilier. Or, après l’invasion allemande, les occupants utilisent Marie-Curie pour l’état-major de la Luftwaffe. Ce sont cette fois les filles de Marie-Curie qui vont rejoindre les garçons à Lakanal pour poursuivre leurs études.

Les sous-sols servent d’abris. En les visitant aujourd’hui, on découvre « la plus grande accumulation de graffitis historiques de Paris et de sa banlieue. » L’oratrice en donne quelques exemples : mort aux boches, Vive la France, Vive de Gaulle, 6 juin 1944 : le débarquement a eu lieu.

Petits cailloux

Avant de produire quelques idées forces, la démarche historique se nourrit de la recherche de documents et de témoignages, qui vont produire autant de petits cailloux, dont certains seront plus significatifs que d’autres. On en retiendra ici quelques-uns, issus de l’intervention de Chloé Dupart.

Si aucun des collèges et lycées n’est mixte, le jardin d’enfant de Marie-Curie et la 11ème (le CP) de Lakanal le sont.

Le fils du surveillant général de Lakanal a été exclu pour avoir enlevé le portrait du chef de l’Etat (Pétain) de la salle de classe.

Une élève a été condamnée à 1 mois de prison pour des lettres injurieuses au médecin-chef allemand de l’hôpital militaire installé à Lakanal.

Un recensement des élèves juifs a été organisé en mai 1943. Pour éviter de les dénoncer, l’administration du lycée a préparé des fausses listes d’élèves en cas d’inspection.

Un auditoire ravi

La salle a rapidement été pleine. Malgré les chaises sorties opportunément, certains ont dû rester debout. Il est probable que des retardataires sont repartis faute de place. Il y avait plus de 120 personnes, très attentives.

Un sondage impromptu à main levée a montré qu’il y avait beaucoup d’anciens des deux lycées dans la salle. Les applaudissements le confirment : il y aura encore du monde lors des prochaines présentations des résultats de l’équipe du musée, dont les travaux nourrissent ces conférences.

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