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Michel-Ange, universel, touche-à-tout et génial

CONFERENCE Lors des rencontres littéraires et artistiques de Sceaux du 27 janvier à l’ancienne mairie, Dominique Brême, historien de l’art présentait « Michel-Ange, la force du destin ». S’il a fait passer son admiration pour ce géant des arts, sculpteur devenu peintre, dessinateur, architecte, poète, il est allé plus loin dans son propos.. Après avoir en effet observé qu’on dit à tout bout de champ que des artistes comme lui sont des génies, il remarque qu’on ne dit jamais pourquoi…Sa conférence tente de comprendre ce qui en fait de Michel-Ange un véritable représentant de ce cercle très fermé des génies humains universels.

Portrait de Michel-Ange  cliché Wikimédia Commons
Portrait de Michel-Ange par Daniele de Volterra cliché Wikimédia Commons

Trois quarts de siècle de travail acharné

Dominique Brême, directeur du domaine départemental de Sceaux, est conservateur du musée de l’Ile-de-France présentait  avec délicatesse et sensibilité, le parcours d’un homme dont le génie n’est plus discuté.

Né en 1475 à Caprese (République de Florence) d’un père magistrat, Michel-Ange perd sa mère en 1481. Il est alors placé chez un tailleur de pierre. En 1488, il devient l’apprenti de Domanico Ghirlandaio et, en 1490, il est recommandé par ce dernier à Laurent de Médicis qui devient son mécène. À la mort de ce dernier, en 1492, il part à 17 ans pour Bologne puis s’installe à Rome en 1496 où il peint sa Pietà. En 1504, il séjourne à Florence puis est appelé à Rome en 1505 par le pape Jules II pour réaliser son tombeau. De 1508 à 1512, il réalise le plafond de la chapelle Sixtine. En 1513, Jules II décède et Léon X, un Médicis, lui succède. De 1519 à 1531, Michel-Ange est à Florence et réalise le tombeau des Médicis à la bibliothèque laurentienne. En 1532, de retour à Rome, il réalise le Jugement dernier (1535-1541) pour le pape Paul III. En 1546, il est nommé architecte de Saint-Pierre de Rome. Il meurt en 1564.

L’humanité retient en particulier comme chefs-d’œuvre de la Renaissance de Michel-Ange :

  • David (1504), lequel a longtemps orné la façade du Palazzo Vecchio de Florence avant d’être transféré à l’Académie des Beaux-Arts de la ville ;
  • La Pietà (1499), exposée dans une chapelle latérale de la basilique Saint-Pierre de Rome ;
  • Moïse (1515) du tombeau de Jules II dans la basilique Saint-Pierre-aux-Liens de Rome ;
  • Le plafond de la chapelle Sixtine – peint entre 1508 et 1512 ;
  • Le Jugement dernier exécuté entre 1536 et 1541 sur le mur de l’autel de cette chapelle.
Piéta de Michel-Ange (Saint-Pierre de Rome) Cliché Wikimédia Commons

Entre baroque et maniérisme : partir des avancées des autres pour aller plus loin

Pour Dominique Brême, Michel-Ange maîtrisa comme jamais le nu masculin. Une spiritualité intense reflétant ses angoisses existentielles émane de ses œuvres. Commentant les œuvres de l’artiste qu’il projette sur l’écran, il indique que Michel-Ange est sans doute le premier à faire passer sa personnalité tragique devant l’œuvre. Le peintre est à la fois précurseur du baroque tout en appartenant aussi, d’une certaine façon, au maniérisme.

Il analyse des œuvres d’autres artistes qu’il commente pour tenter de déterminer les influences de Michel-Ange. C’est ainsi qu’il analyse des tableaux de Tommaso Giovanni Cassai dit Masaccio, comme sa toile de 1424 « Le paiement du tribut » qui est sans doute la première à introduire la perspective dans un paysage, avec l’utilisation du point de fuite. Toutes les lignes de fuite de la composition convergent vers le visage central du Christ. Tandis que nombre d’artistes évoluent encore dans l’art gothique, Michel-Ange incorpore rapidement cet apport dans son travail.


Le paiement du tribut par Masaccio (lignes de fuite matérialisées) Cliché Wikimédia Commons

Il poursuit ce travail d’analyse avec « la trinité » (1428) fresque de Masaccio qui constituera pour longtemps la perspective peinte la plus achevée, qui englobe l’autel et le squelette des premiers plans, avant que Michel-Ange ne reprenne le flambeau.

Ce travail de recherche se poursuit sur nombre d’œuvres, comme par exemple, la  fresque de Melozzo da Forlì Ascensione di Cristo ou sur la flagellation du Christ de Pietro de la Francesca (1470) qui marque une nouvelle étape dans la composition de la perspective, qui atteint avec cette toile sa plénitude.

La flagellation du Christ (Piero della Francesca) Cliché Wikimédia Commons

Dominique Brême fera de même avec des œuvres de Botticelli, Raphaël ou Leonard de Vinci. Il montrera en particulier à partir de la Joconde et de sa perspective atmosphérique (plus c’est éloigné, plus c’est vague) appliquée même directement sur le personnage qui n’a pas de trait précis, mais plutôt un continuum de matières… Il dira dans son propos comment Michel-Ange a intégré cette approche dans son travail.

Comment ne pas remercier ce cicérone, grâce à qui j’ai pu mesurer combien Michel-Ange a intégré dans son travail les évolutions de ses contemporains et les a intégrées dans des directions qui ont formé son génie : anatomie, grâce, élégance, naturel…

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