Numa Isnard et les Républicains scéens organisaient mercredi 23 novembre une réunion publique sur l’idée de fusion entre Sceaux et BLR. Ce fut un moment de divergences au sein du mouvement, divergences entre les LR toujours parties prenantes de la majorité municipale, et d’autre part, les Républicains derrière Numa Isnard qui sont explicitement dans l’opposition.
Selon son tempérament on pourra moquer l’étalage de divergences ou, au contraire, trouver de la grandeur à débattre en public et de la confiance en soi. Le synopsis de la réunion tient en peu de mots.
La nouvelle s’est répandue qu’une fusion était en projet. Certains, avec Numa Isnard, disent : le maire la prépare en sous-main et mettra la population devant le fait accompli. Les autres, avec les élus de la majorité, Isabelle Drancy, Jean-Philippe Allardi, Francis Brunelle, ne refusent pas l’idée par principe, mais démentent qu’une décision soit déjà prise. Les premiers : Vous mentez ! la décision est prise. Les autres. Absolument pas, nous renforçons nos collaborations et nous verrons plus tard. Vous mentez ! Et on reboucle. C’est simplifié, mais on n’en est pas loin.
Décision prise
Si on suit l’hypothèse que Philippe Laurent a pris sa décision et qu’il prépare avec Patrick Donath une fusion, le reste coule de source. Il existe pour Numa Isnard « un faisceau d’indices » qui indique que l’intention ne se réduit pas à une collaboration. Il suffit de considérer la « décapitation de l’administration locale » (sic) par la mise à mi-temps de la DGS. Comment, avec le plus grand professionnalisme du monde peut-on imaginer qu’une seule personne assume la fonction des 2 côtés ? Les 2 villes sont d’une importance semblable. C’est une manœuvre qui se dissimule derrière l’annonce d’une simple collaboration des moyens. Une direction commune des administrations annonce la fusion.
De plus, en Conseil municipal de Sceaux, la question de la fusion a été posée par l’opposition. Aucune réponse n’a été apportée.
Décision non prise
Si on adopte l’hypothèse inverse, tout coule aussi de source, mais le long d’un cours d’eau bien différent. Pourquoi être sommés de s’expliquer sur une décision qui n’existe pas ? Pourquoi répondre à des questions comme : quels sont les objectifs ? quels résultats ? alors que ces questions ne se posent pas aujourd’hui. Si elles se posent demain, nous y répondrons.
Pour Isabelle Drancy, adjointe aux Finances, « votre histoire d’une fusion est une non-information. A ce jour, il n’en est pas question. Nous approfondissons la relation entre Sceaux et Bourg-La-Reine. Comme nous l’avons fait avec les Gémeaux ou le centre de vaccination. L’éditorial du maire parle de renforcer cette collaboration. Mais pour nous, les objectifs sont de maintenir les services publics. Les deux maires sont d’accord sur ce point. »
Le doute sur les synergies
Pour Thierry Legros, qui fit partie de l’équipe municipale de Philippe Laurent avant de s’en dégager et de s’y opposer, une DGS à 50%, ça ne montre pas des économies. Plus tard, il précise : « Qui va croire que les dépenses vont diminuer ? On connaît la musique. Les services publics sont de moins en moins pourvus. » On comprend que, pour lui, il reviendra aux communes de financer de plus en plus de services.
Pour Jean-Jacques Campan « j’ai entendu le langage de la majorité aux Blagis. Mais il n’y a pas eu de mutualisation. Des synergies formidables sont promises par Philippe Laurent. Si ce sont seulement des synergies, dites-le. Dites ce que l’on peut espérer. »
Une dame dans l’assistance dit son soutien à des économies d’échelles. Mais pour souligner qu’il n’y a pas encore d’économie d’échelle avec VSGP et cela devrait. Par ailleurs, le rapprochement ou la fusion auraient dû être un enjeu des municipales. Pourquoi l’apprendre maintenant ?
Le doute sur les bénéfices attendus est aussi étayé par l’argument du subterfuge. Numa Isnard y revient souvent. Isnard refuse qu’un problème de recrutement se traduise par une fusion. Quand j’étais dans la liste en campagne, jamais il n’a été question de fusion. Il appelle les élus de la majorité à se dévoiler, car pour lui le processus est engagé. « Ce n’est pas grave, dit-il. » Mais il faudrait mener campagne pour le oui ouvertement. « Le problème, c’est de le cacher. » Tout se passe « dans le dos de la population. » Les maires de Sceaux et de Bourg-La-Reine ne veulent pas donner la parole. Ils essaieront de faire passer la fusion par un vote des deux conseils municipaux.
Thierry Legros, au contraire, « j’ai été dans la majorité. Philippe Laurent a déjà évoqué la possibilité d’une fusion. Il avait ça dans la tête. » Partis de points de vue opposés, les deux se retrouvent : il y a manœuvre.
Au contraire, beaucoup de potentiel
Pour justifier la collaboration renforcée, Francis Brunelle, adjoint à la santé, évoque le désert médical qu’est devenue l’Île-de-France. Pour mieux recruter des généralistes, un accord avec Bourg-la-Reine permettra d’avoir plus d’aide de l’ARS et une meilleure attractivité. Le travail en commun avec le responsable santé de Bourg-La-Reine est mis en place. « Aujourd’hui on ne peut plus raisonner en petite ville. Sur le plan politique et organisationnel, nous sommes une petite ville. Je comprends qu’on nous fasse des procès d’intention, du genre « on nous cache tout, on nous dit rien ». Mais l’éditorial de Philippe Laurent et de Patrick Donath est pourtant très simple. Il est normal de se rapprocher ; pas question de fusion actuellement. Tout simplement parce que c’est prématuré. »
Jean-Philippe Allardi, adjoint à la culture, évoque des économies possibles avec des mutualisations des achats, comme pour les crèches ou pour l’énergie dont le coût ne cesse de croître. Le rapprochement entre Sceaux et Bourg-la-Reine est conduit par la volonté de l’intérêt général d’abord et du service public. L’action municipale aux Blagis s’est traduite par des réalisations. « Nous avons obtenu l’ouverture de France service en remplacement de la Poste. Nous avons aussi obtenu que le centre commercial soit rénové et remis en l’état d’origine, celui des années 60. » Tout ceci a vocation à être en collaboration. Et il faut aller plus loin.
Qu’en pense vraiment Numa Isnard ?
Bien d’autres choses ont été dites dans la salle. Le débat fut même très animé. Animé d’abord par l’affrontement entre suspicion et manifestation de bonne foi. Animé ensuite par, cela transparaissait vraiment, par le positionnement par rapport à la personne du maire. Philippe Laurent cristallise les sentiments et les ressentiments. La fusion semble une nouvelle occasion de l’attaquer (classique en politique).
Qu’elle se solde ou non par une fusion, espérons que la volonté de mise en commun de compétences et d’équipements ne passe pas à la trappe. Car au bout du compte, c’est bien là l’essentiel. Comment faire face aux augmentations des charges des communes. Les marges de progression existent et l’intercommunalité est certainement un moyen.
Cela dit, on en a trop dit ou pas assez. Frédéric Négrerie, de Renaissance, évoque le reportage diffusé sur France 2 le matin même qui exprime clairement l’hypothèse de la fusion. Approuvé par trois adhérents et une sympathisante qui l’accompagnent, il dit que les Scéens sont en recherche d’informations. Et que le sujet doit être traité. Eux, du moins, sont motivés.
Et pour Numa Isnard, ce n’est que le début. Les Républicains vont demander un référendum. Ils vont publier une lettre ouverte dans ce sens. Peut-être sera-t-elle l’occasion pour Numa Isnard de préciser sa propre position sur une fusion et les raisons qui la fondent. En soutenant que « l’idée n’est pas de juger les avantages et inconvénients d’une fusion mais la façon de faire », il s’est bien gardé de prendre parti, au contraire de ce qu’il demandait à d’autres.
Belle manœuvre. Bravo à Philippe Laurent et Patrick Donath.
Le débat est lancé pour un investissement minimum.
Une stratégie de pêcheur : on amorce et on regarde.
Si le poisson ne vient pas, on va pêcher ailleurs.
Dans le cas contraire, on se régale.
Cher JC. Manœuvre ou pas manœuvre, il y a de bonnes questions.
Que mettre en commun entre Sceaux et BLR? Que peut-on en attendre?
Quels seraient les avantages et inconvénients a priori d’une fusion?
Si au bout du compte une fusion ne semble pas pertinente, cela n’empêche pas de s’interroger sur le partage des moyens. S’interroger positivement, de préférence.
Le titre est bien trouvé!
Si Numa Isnard a organisé cette réunion c’est, semble-t-il, avant tout parce qu’il y a un grand décalage entre les débats qui animent Scéens et Réginaburgiens qui discutent déjà du pour et du contre la fusion, se fondant sur une certaine probabilité découlant de ce qu’en disent les médias (notamment l’article du Parisien et les reportages de France Télévisions) et le silence du côté de la mairie….L’avenir nous dira si toute cette inquiétude et toutes ces interrogations relevaient du fantasme ou pas et, si le projet de fusion voit effectivement le jour, alors c’est bien la question du fonctionnement de la démocratie locale qui est posée !
Avant de demander leur avis aux habitants, il faut bien évaluer ce qu’il est envisageable de proposer…alors biensur, c’est déjà mettre le petit doigt dedans. Et bien n’est-ce pas comme cela que les chose se font, ou pas, de toutes façons.
C’est bien une manière de voir techniquement ce qui est possible tout en lançant le débat public sur du concret. Si on pense que la démocratie locale a besoin d’être animée….ben c’est réussi
M. Peres, je vous suis parfaitement. Evaluer, c’est déjà engager un processus. Le tout est de savoir lequel.
Mon sentiment lors de la réunion de LR est que la municipalité ne souhaite pas lancer le débat sur la fusion pour ne pas préjuger d’une solution dont elle ne sait pas si elle sera utile, nécessaire, souhaitable… ce qu’on voudra, le problème premier étant l’économie d’échelle.
Du côté des LR d’opposition, et au-delà, l’idée est que le refus masque une dissimulation. Ils demandent d’ouvrir un débat public. Il faut bien reconnaître qu’une telle démarche mettrait la fusion à l’agenda. Et il est peu probable qu’une analyse distanciée des avantages et inconvénients soit alors conduite collectivement. On aurait plutôt un affrontement entre supporters et opposants, calés sans doute sur la position réelle ou supposée de la mairie.
Comme elle n’en a pas pour le moment, l’opposition n’en a pas non plus. D’où la seule demande d’ouverture d’un débat. Et l’impression de flou que j’ai eu pendant la réunion. Je n’ai pas saisi si M. Isnard et ses soutiens étaient pour ou contre la fusion ni à quelles conditions ils construiraient leur opinion.