La Gazette avait annoncé la table ronde organisée en visio conférence par la CATTE (Coordination des Associations du Territoire pour la Transition Écologique) le 9 février dernier et intitulée « Pour la Rénovation des logements, comment changer d’échelle ». Il était logique qu’elle donne à ses lecteurs quelques éléments sur ce qui s’y est dit. L’objectif n’est pas ici d’en faire un compte rendu exhaustif mais de revenir sur deux contributions autour de la question posée.
Le PREP à Sceaux
La première contribution émanait de Florence Presson, élue scéenne en charge des transitions et de l’économie circulaire et solidaire. Celle-ci présentait le dispositif PREP pour la rénovation des pavillons privés, dont la Gazette s’est déjà faite l’écho. Les modalités de cette opération allaient dans le sens de la réflexion du groupe Bâtiment de la CATTE : objectif ambitieux (faire gagner a minima 2 classes d’énergie et 50% en termes de gain d’énergie aux habitations) qui conduit à agir globalement sur tout ce qui contribue à l’isolation (isolation des parties opaques, changement des menuiseries, ventilation etc.), avec un accompagnement global des propriétaires (diagnostic technique, financement, suivi des travaux) et des artisans formés.
Pour ce qui concerne le rythme de rénovation, l’idée avancée est de réussir les premiers chantiers et avoir ensuite un effet d’entrainement (tache d’huile) par les résultats obtenus, en particulier sur la facture énergétique.
N’est-ce pas l’attitude la plus pragmatique ?
Atteindre les objectifs nationaux affichés d’ici 2050
Le deuxième intervenant était Olivier Sidler, expert du domaine aujourd’hui retraité mais apparemment toujours aussi motivé par le sujet. Après avoir rappelé les principes à suivre pour une rénovation globale performante, il a affirmé qu’ils permettent d’énormes économies d’énergie : On vise 80% d’économie après rénovation, permettant de rembourser les annuités des emprunts nécessaires pour les travaux. Les consommations mesurées sur les opérations déjà réalisées sont situées entre 20 à 50 kWh/m2/an.
Il est ensuite entré dans le cœur du sujet de cette table ronde : pourquoi et comment changer d’échelle. Les objectifs affichés par le législateur sont ambitieux : la Loi de Transition Énergétique et de Croissance verte de 2015 vise une rénovation du TOUT le parc d’ici 2050, la loi Énergie-Climat de 2019, visant à faire disparaître d’ici 2028 les logements classés F ou G. Dans les deux cas, cela correspond à 700 000 logements rénovés par an. On en est très loin. Actuellement, la plupart des pays incitent les citoyens à se lancer dans des travaux, avec peu de résultats : le pays qui a les meilleurs résultats, l’Allemagne, atteint péniblement 30 000 rénovations par an.
Il propose donc d’abord de financer largement le dispositif (financement accessible à l’ensemble des ménages, et modulé selon les revenus, développement des prêts à taux zéro, avec échéance plus longue). Il considère aussi qu’il faut passer de l’incitation à l’obligation. Il considère que les Français sont prêts pour cette mesure : selon un sondage annuel de l’ADEME effectué depuis 2007, 65% à 80% des français sont favorables à rendre obligatoire la rénovation performante des logements. Cela rejoint les propositions de la Convention citoyenne pour le Climat.
Je n’ai pas bien compris la logique de la démonstration. On a vu avec l’exemple extrême de l’ISF que beaucoup de Français peuvent être favorable à une décision qui ne les gêne pas personnellement. Mais on ne peut que se demander, si une part si importante des Français sont pour la rénovation, pourquoi il s’en fait si peu. Rappelons que 58 % des Français sont propriétaires de leur résidence principale, et qu’il s’agit souvent de logements individuels (pas de copropriétaires à convaincre !).
La réunion a aussi été l’occasion de pointer la difficulté de la rénovation (et avant tout de la décision de rénovation) dans le collectif privé (23% du parc en France), où il faut convaincre les assemblées de copropriétaires, souvent réticents à se lancer dans des travaux coûteux, et qui ne bénéficient pas, comme les bailleurs sociaux, d’un service technique compétent.