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Avenue Jules Guesde

L’avenue Jules Guesde est une sorte de faubourg, de limite de la ville, limite pourtant inexacte puisque Sceaux s’étend au-delà avec le quartier des Mésanges, mais elle est située après le RER Robinson qui est une bordure symbolique forte. Car on y est tout près de Chatenay, de Fontenay et même du Plessis-Robinson. On y perçoit Sceaux entre deux immeubles de six ou sept étages qui transgressent l’image villageoise dans laquelle Sceaux aime à voir. La voie ferrée, de surcroît, apporte une touche d’industrie, de mobilité « dure » (au sens de non « douce », non patinette, non vélo) qui éloigne encore un peu des bucoliques aspirations ; de l’avenue, on voit la ville sous un jour différent.

Le militant intransigeant

Honorer les révolutionnaires est une constante parmi les odonymes français. Il faut sans doute y voir un signe. Reste à le comprendre. Selon Wikipedia, Jules Guesde figure dans le top 200 des noms de rue. Joli, n’est-ce pas? Le collectivisme, dont il se réclamait lui-même, l’opposition intransigeante à toute participation gouvernementale à la fin du XIXe siècle, l’action inlassable qu’il mène pour créer un parti ouvrier (qui aboutira à la SFIO), font de lui une référence incontournable de la gauche française.

Il est né en 1845 et, bien que de santé fragile, vit jusqu’à 1922, année de son enterrement au Père-Lachaise. Il écrit, il anime, il structure des mouvements politiques, il soutient Marx, s’en distancie, négocie, rassemble, son ardeur suscite des succès incontestables, des députés élus, des maires, il contribue à construire tout un courant qui trouvera une place durable dans la vie française. Il est député d’une circonscription de Lille pendant des dizaines d’années.

L’union sacrée

Son engagement pendant la Grande guerre peut sembler un revirement, certains y verront une trahison. C’est ‘L’Union sacrée » à laquelle adhère Jules Guesde. Il devient ministre d’Etat, c’est dire la profondeur de l’adhésion et le besoin du gouvernement d’associer l’ensemble du peuple dans l’effort de guerre.

De l’opposition sans compromis d’hier, on est passé à l’intérêt supérieur de la Patrie, toutes classes sociales confondues. Mais il faut se représenter l’esprit de revanche qui échauffait la France dépossédée d’une partie d’elle-même depuis plus de 40 ans. Combien de rues d’Alsace-Lorraine dans les villes, les villages de France?

Avant-guerre, sur une carte de 1933 disponible aux archives de Sceaux, l’avenue s’appelle « Chemin des Mouille-Boeuf ». Doit-on alors à Édouard Depreux, maire socialiste de la Libération à 1959, d’avoir rebaptisé la voie ? Si certains d’entre vous ont des éléments, votre témoignage sera le bienvenu.


Pour en savoir plus, une intéressante biographie dans le Maitron, dictionnaire du mouvement ouvrier français

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