Parmi les Scéens d’aujourd’hui, certains ne sont pas nés dans la ville. Mieux, (ou pire, pour quelques-uns) certains ne sont même pas d’Ile-de-France, las, il sont de province. Les groupies de la continuité village s’en plaindront, d’autres y verront le signe positif de l’attractivité communale.
Paris est à deux pas, c’est un des atouts de Sceaux. En ces temps de Covid interminable, s’y rendre n’est pas difficile. Dans le RER, on trouve des places assises. Pour le provincial nouvellement installé, quel que soit son genre, le spectacle est sympathique. La capitale est vide. Dans le forum des Halles, à une demi-heure de Sceaux, nulle queue nulle part: FNAC, défilements sans limite de rayons cosmétiques, étages incompréhensibles, on peut croiser les rares chalands en laissant deux bons mètres. Le provincial y retrouve non sans plaisir la sous-préfecture ou le chef-lieu de canton qu’il a connu. Tant de boutiques fermées. Enfin, Montréjeau, ni Foix ni Châtellerault ne sont plus seules !
Et voilà que Paris se résume à ces petites et jolies raisons qui poussent à aimer une ville : ses bâtiments, ses chaussées, son urbanisme, ses monuments. Une différence pourtant qui tient aux millions de bien nourris qui la peuplent : des hordes de cyclistes ne regardent ni à gauche ni à droite, seulement devant, vers l’avenir dégagé. Ils et elles pédalent la langue pendante, sans jamais s’arrêter. Le pied ne touche pas terre sur des kilomètres. Quelle puissance musculaire ! Que d’énergie renouvelable !
C’est évident, ils sont contents. Comment ne pas vouloir les satisfaire? Et on se prend à rêver. Laisser Paris aux cyclistes. Redonner aux territoires de France ministères et sièges sociaux. Mettre fin à la discrimination haut-fonctionnaire. Répartir les directions sur tout le territoire. Un juste compromis viderait la capitale des mouvements qui désespèrent tant ses habitants. Et tout autour d’elle, loin d’elle, des emplois, des communications, des projets permettraient aux communes de mieux respirer.
[…] Curieuse, la mutation d’une revendication de lenteur, de temps de vivre, de mépris des automobilistes pressées de doubler, en harcèlement des plus lents. Curieux comment s’enfile vite le costume de la discourtoisie beauf. J’en parlais plus ou moins dans un article précédent. […]