Des articles précédents ont montré que le monde s’est engagé depuis 20 ans vers une décarbonation des activités humaines. Le rythme reste cependant insuffisant pour éviter une hausse de 1,5°C des températures moyennes qui était l’objectif initial. Va-t-on plus vite, et comment ?
Tendances
On observe aujourd’hui trois tendances positives, en France et dans le monde. D’abord une augmentation des investissements ayant pour conséquence une réduction des émissions de GES. Ensuite la mobilisation de plus en plus d’acteurs collectifs, institutions publiques ou entreprises. Les raisons en sont très diverses, mais le résultat est là. Et pour finir, la mise au point permanente de nouvelles solutions techniques efficaces, ouvrant des perspectives de réductions inespérées des GES.
On peut distinguer parmi les leviers ceux qui relèvent des comportements (sobriété en premier lieu) et ceux qui relèvent de la technique (efficacité énergétique, substitution et demain captation de carbone). Jusqu’à présent, les progrès réalisés proviennent largement plus de la technique que des comportements. Il semble bien qu’on poursuive dans cette voie dans les années qui viennent. Il ne s’agit pas ici d’affirmer que c’est bien ou mal.
On se contentera de noter que tous les secteurs ne peuvent être traités de la même manière. Et que pour certains, on ne voit pas comment arriver à zéro émission sans recourir aux comportements, ou plus exactement à la sobriété.
Faut-il choisir une manière d’agir ?
En France, le débat fait rage entre les tenants des solutions techniques et ceux de la sobriété. Entre ceux qui veulent planifier la transition et ceux qui veulent instaurer une taxe carbone puis laisser faire le marché. Ceux qui veulent cibler les riches ou telle méchante entreprise et ceux qui croient que le capitalisme est la meilleure solution pour traiter le problème. Ceux qui dénoncent l’inaction de l’État et ceux qui préfèrent mobiliser chacun. Ceux qui croient en la science et ceux qui se méfient de ce qu’elle peut cacher. Sans compter les climatosceptiques qui semblent reprendre du poil de la bête.
Dans ces genres de « débat » où l’important est de décliner ses arguments sans entendre ceux d’en face, il est toujours facile de pointer les incohérences du camp adverse. Par exemple, en pointant ces jeunes activistes prenant des vacances à Bali quelques semaines après s’être collé une main sur le bitume pour protester contre l’inaction climatique. Chacun trouvera ses propres exemples, mais cela ne diminuera pas d’un gramme les émissions de gaz à effet de serre.
Convictions
Avant d’entrer dans une analyse plus détaillée, on se permettra ici de présenter quelques convictions de l’auteur, naïves à l’aune des débats ci-dessus.
La première c’est que le problème est trop grave pour qu’on se permette de négliger un moyen sous prétexte qu’il ne nous convient pas. Il ne s’agit pas de choisir entre efficacité énergétique ou sobriété, il s’agit de se servir de tous les leviers disponibles s’ils sont efficaces. Donc ajouter plutôt qu’exclure.
La deuxième, c’est que chacun doit prendre ses responsabilités plutôt que de pointer celles des autres. Si la municipalité de Trifouilly-les-Oies ne revoit pas l’isolation des bâtiments municipaux, personne ne le fera à sa place. Si l’entreprise de transformation X ne repense pas ses processus pour qu’ils émettent moins de GES (voir pas du tout), personne ne le fera à sa place. Si M. et Mme Dupont ne règlent pas leur chauffage moins fort, quitte à enfiler un pull, personne ne le fera à leur place.
Certes, on peut imaginer un pouvoir super fort qui imposerait à tous des comportements « vertueux ». Certains en rêvent ou imaginent de l’imposer en légiférant à tout va. On se permettra ici de dire que cette solution n’est pas désirable (au moins pour ceux qui sont attachés à la démocratie) et que l’histoire ne plaide pas en faveur de son efficacité. Autrement dit : éviter de voir la paille dans l’œil du voisin et de ne pas voir la poutre dans le sien.
La troisième conviction est le corollaire de la deuxième : on ne réussira qu’avec tout le monde. A cet égard, beaucoup d’associations activistes sont contreproductives. Parce qu’elles font croire que ce sont les autres qui doivent changer. Et parce qu’elles créent du ressentiment au point, trop souvent, de favoriser la montée des climatosceptiques.
A suivre !
Le présent article n’entrera pas plus dans les détails. La Gazette publiera prochainement d’autres articles. Le premier portera plus spécifiquement sur l’industrie, y compris l’industrie pétrolière à travers l’exemple de Total. La suite portera sur les questions d’isolation des bâtiments et de sobriété.
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