Isabelle Spiers est première adjointe au maire de Bourg-la-Reine, déléguée à l’aménagement urbain et au cadre de vie. Elue depuis 2010 et responsable de l’aménagement urbain depuis 2014, elle connait particulièrement le sujet : non seulement elle est née dans la ville, mais son grand-père fut l’architecte de la ville pendant une trentaine d’années (de 1936 à 1966) !
Elle observe en introduction que la ville a une très faible surface (1,87 km2) pour ses 20 000 habitants environ. Le territoire est fracturé par la ligne B du RER et par la D920. Celle-ci a été divisée au cœur de la ville entre les deux guerres (avec d’un côté l’avenue du Maréchal Joffre et de l’autre l’Avenue du Général Leclerc) ce qui a créé deux voies à forte circulation (le passage à sens unique a dû être négocié avec le département).
Le dossier de la faïencerie est ouvert au moins depuis 2014. L’école a été livrée en 1963 et donc conçue dans les années 50. Les problèmes rencontrés aujourd’hui sont tels qu’elle occasionne 500 k€ de travaux par an. Une simple réhabilitation serait particulièrement coûteuse, d’où l’idée de démolir et de faire du neuf. La crèche est également inadaptée aujourd’hui.
Mon interlocutrice me détaille sur le plan la grande barre que constitue l’école, avec le centre de loisirs en face. Elle me situe la crèche sur la D920, le gymnase au fond près du tennis, la salle polyvalente. Elle précise que la mairie a progressivement préempté quelques pavillons qui se situaient à proximité (le long de la rue Jean-René Thorelle) qui ont été détruit pour laisser pour l’instant la place au jardin partagé de la Madeleine. Elle situe les anciens bâtiments de la CPAM, rachetés par l’EPIFIDF pour l’instant. Elle m’explique que tous ces terrains ont été achetés par la ville dans les années 30. Un espace boisé protégé se situe entre l’école et plus au sud un lotissement privé (la villa Jeanne d’Arc). On note aussi un groupe d’arbres le long de la rue Thorelle, à l’Est de l’école et du jardin partagé.
Après 2014 et une longue période de réflexion et d’études, le maire a décidé de participer à la deuxième édition d’Inventons la Métropole du Grand Paris (IMG). On avait déjà des éléments, mais pas le nombre de logements par exemple (il y avait des projets avec plus de 200 logements).
Un des inconvénients de la procédure IMG était qu’elle était très fermée pour ne pas avantager tel ou tel candidat. Il y avait une clause de confidentialité qui nous a empêché de communiquer auprès de la population. Mais cela permettait d’attirer des candidats d’un haut niveau, qui n’aurait probablement pas répondu à l’appel d’offres d’une ville de notre taille. Ce sont des groupements qui ont répondu, associant des compétences très diverses. Avec un résultat mettant l’accent sur l’enfant qui nous correspondait bien. Mais il s’agissait d’une étude de faisabilité, pas du résultat final, ce qui n’a pas toujours été compris par des personnes qui se sont fait une image à partir des présentations et peuvent être frustrés ensuite.
Il y a eu une dizaine de projets présentés, nous en avons retenus quatre puis un seul. Le projet était centré sur les enfants ce qui correspondait bien à la situation locale (la crèche et une école très importante, avec 23 classes) mais aussi à la situation de la ville. Ceux qui choisissent de venir à Bourg-la Reine le font pour la facilité d’accès à Paris, mais aussi pour la qualité de nos écoles maternelles et élémentaires.
On a quand même organisé très vite des réunions avec les personnes qui habitaient autour (école, villa Jeanne d’Arc). En juin 2019, après la proclamation des résultats par l’IMG (le maire faisait partie du jury), on a voulu échanger avec les habitants sur ce dossier structurant pour la ville. Celui-ci comprenait trois sortes d’habitats. D’abord une zone de logements le long de l’avenue, les logements sociaux étant dans la partie nord de ces constructions. Ensuite de petits collectifs en bois, le long du passage piéton qui va traverser l’écoquartier. Et enfin quelques pavillons le long de la rue Jean-René Thorelle. Ensuite, on a un grand parc (environ 8500 m2) et enfin, côté cimetière, les bâtiments publics.
Il y a donc eu des ateliers et une concertation importante jusqu’à la fin 2019. En décembre 2019 on a restitué les résultats de toute cette concertation dans une grande réunion publique. On pensait reprendre le dossier en avril après les élections. Les événements ont fait qu’on ne l’a repris qu’en septembre 2020. En décembre 2020, nous avons constitué un comité de suivi des usagers.
En 2021, on a poursuivi les études. Notamment avec le ministère de la transition écologique pour que le quartier soit reconnu comme écoquartier (écologique, social et solidaire) en choisissant le niveau le plus exigeant. On a travaillé sur le programme et sur les coûts. Un des sujets importants a été celui de l’école, avec les craintes exprimées par rapport au type d’école qu’on pouvait envisager (en particulier l’idée des terrasses qui permettaient un parc plus grand). Il a fallu aussi étudié tous les espaces de circulation en respectant une série de contraintes (celles de Vigipirate par exemple).
Les élus ne faisaient pas partie du comité de suivi qui regroupait les associations et l’éducation nationale. Les experts du ministère ont pu expliquer les concepts d’archiclasse. J’ai visité beaucoup d’écoles et on a proposé aux parents de nous accompagner, sans beaucoup de succès malheureusement (deux parents venus à Montreuil pour une visite). Les élus ont assisté aux deux dernières réunions (en 2022).
Il y a eu beaucoup de remarques de riverains qui craignaient que les pavillons projetés se transforment en building. Le préfet a écrit en juin 2019 pour rappeler la nécessité de construire sur Bourg-la-Reine. Certains voulaient que l’école soit sur l’avenue, d’autres qu’on la réhabilite. Il y a eu des craintes de parents ou d’enseignants sur les concepts compris comme « avant-gardistes ». On a fait expliquer les choix possibles par des techniciens. Le projet final ne reprendra pas l’idée de terrasse, mais ce n’est pas la seule proposition innovante. On a toujours une école dans la verdure, la crèche à proximité. Peut-être des services liés aux enfants (par exemple un pédiatre).
Les arbres existants seront préservés et on en plantera environ 150 nouveaux. Un travail est en cours sur tout ce qui est récupération d’eau. On respectera les normes des bâtiments de France. Il s’agit aussi d’avoir des écoles exemplaires (on bâtit pour au moins 50 ans). Il y aussi des normes environnementales très hautes pour un écoquartier.
C’est un beau projet et une responsabilité. L’objectif, c’est de bien vivre à Bourg-la-Reine !
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