Le 17 mars dernier, dans la partie « Agenda » du Sceaux Mag de mars, on apprenait sous le titre « Stratégie bas-carbone » que la municipalité invitait tous les citoyens qui le souhaitaient à une rencontre le soir du 17 mars. Enjeu : participer à l’élaboration de la stratégie bas-carbone de Sceaux.
La réunion s’est déroulée en deux temps, avec d’abord une présentation du résultat d’un bilan carbone, puis par la sollicitation de l’avis des personnes présentes, en petits groupes.
Bilan carbone
La municipalité a fait appel à la société de conseil spécialisée Carbone 4 (dont l’un des associés est Jean-Marc Jancovici) dans cette démarche. Les consultantes ont réalisé une évaluation des émissions ayant lieu sur le territoire de manière directe ou indirecte (ce qu’on appelle les scopes 1 et 2). Cela ne comprend donc pas les émissions liées à la production de biens alimentaires ou manufacturés consommés à Sceaux ni les émissions liées aux voyages de Scéens en période de vacances, mais cela comprend les transports en ville.
Dans la mesure où il n’y a ni industrie ni agriculture à Sceaux, ce choix (qui a sa logique, si on veut consolider sur un territoire plus grand en évitant de compter deux fois) conduit à se concentrer essentiellement sur les émissions liées au chauffage et au transport.
Les consultantes se sont servi des données fournies par ROSE, « l’observatoire francilien de l’énergie & des gaz à effet de serre ». On peut retrouver les données sur le site de cet observatoire. Et observer au passage qu’il estime à 22% la baisse des émissions de GES depuis 2005 (dans les scope 1 et 2) pour l’Ile-de-France.
Le bilan est de 40 KT de CO2e. Il est de 801 KT pour le territoire VSGP. Celui-ci ayant une population 20 fois plus grande que la ville de Sceaux, on notera que les émissions par habitant de Sceaux sont égales à la moyenne de celles de VSGP.
Ces 40 KT se répartissent en 68 % pour le résidentiel, 19 % pour le tertiaire et 11 % pour les transports (l’importance du résidentiel est liée à la méthode utilisée et au fait que la ville de Sceaux est avant tout une commune résidentielle).
Les émissions dues aux transports ont la voiture pour origine à 96 %.
Les pavillons, qui comptent pour 22 % des logements sur la ville, représentent 65 % de la consommation énergétique et 68 % des émissions de GES du résidentiel. Cette spécificité des pavillons n’a pas été expliquée en séance,mais on lui trouvera ici quatre explications complémentaires à partir des informations de l’Insee sur le parc de logement de notre ville :
- Les pavillons ont en moyenne une surface habitable nettement plus importante que les appartements. A Sceaux, en 2018, les pavillons avaient en moyenne 5,8 pièces contre 3,1 pour les appartements. Les pièces étant souvent plus grandes dans les pavillons, on peut estimer que la surface des pavillons est en moyenne le double de celles des appartements.
- Les pertes de chaleur dépendent de la surface en contact avec l’extérieur, quand la surface habitable dépend du volume de la construction. Les pertes par m2 habitable sont donc mécaniquement plus faibles pour des collectifs et d’autant plus s’ils sont de grand volume.
- Les pavillons sont en moyenne plus anciens que les collectifs à Sceaux (ce qui n’est pas le cas en France entière) comme on le voit dans le graphique plus bas. 45 % des appartements ont été construits depuis 1971 et 20 % des pavillons seulement. Les premières normes d’isolation des logements sont apparues après le premier choc pétrolier en 1973.
- Le chauffage électrique qui émet moins de GES est plus fréquent dans les collectifs. Ce qui explique que les pavillons soient responsables de 68 % des émissions de GES pour 65 % de la consommation énergétique. Ce n’est clairement pas la cause la plus importante.
Évaluation des consommations moyennes
Le résidentiel représente 68 % des émissions de la ville (40*0,68) soit 27,2KT (c’est un arrondi, ROSE donne 27,3 KT).
Les pavillons en représentent 68% (27,2*0,68), soit 18,5 KT pour 1808 pavillons, ce qui donne 10,2T par pavillon en moyenne.
Les appartements en représentent 32 % (27,2*0,32), soit 8,7KT pour 6538 appartements, ce qui donne 1,33T par appartement en moyenne (8 fois moins que par pavillon).
Le site ROSE fournit aussi les consommations énergétiques. Voici celles obtenues à climat normal et classes fixes pour le résidentiel, principal et secondaire
- 107 390 MWh pour les maisons, soit en moyenne 59 397 kWh par maison
- 59070 MWh pour les appartements, soit en moyenne 9 035 kWh par maison
- 166450 MWh au total
Soit 6,5 fois plus pour un pavillon que pour un appartement.
Florence Presson, qui, en tant qu’adjointe au maire en charge du sujet, présidait la réunion a noté que ce résultat justifiait le choix fait par la municipalité d’un effort particulier vers les propriétaires de pavillon, avec le dispositif PREP.
Temps participatif
Le travail en petits groupes se faisait dans un cadre précis : le groupe où je me trouvais avait ainsi comme consigne de réfléchir aux actions possibles pour les pavillons.
J’ai joué le jeu, rappelant notamment les observations et les idées entendues lors de différentes balades thermiques, tout en précisant dès le début que j’attends en priorité de la mairie :
- Qu’elle traite en priorité ce qui dépend directement ou indirectement d’elle : ses propres bâtiments, les installations sportives qu’elle gère, les écoles élémentaires et maternelles, les logements sociaux,
- Qu’elle mette en œuvre les orientations du PCAET du territoire VSGP.
La réflexion sur la stratégie bas-carbone devrait être évoquée lors d’un prochain conseil municipal.
[…] les résultats. Pour l’instant, on ne dispose que de ce qui a été présenté au CCT (voir cet article), qui reprenait des données publiques. Cela ne concernait pas les émissions liées à la mairie […]