Une villa intacte et un projet qui se veut contemporain et éco-responsable
Dans un article publié en décembre, je me demandais quel serait le destin de la villa des héritiers de Victor Baltard. Des inquiétudes existaient alors sur la pérennité de la villa elle-même. De nombreux commentaires avaient évoqué la découpe du terrain en parcelles et un projet de construction massive de logements. Avec la réunion publique organisée samedi dernier par les propriétaires, j’en apprenais plus.
La réunion avait été annoncée par voie d’affichage. Premier constat : une grande affluence : les organisateurs avaient prévu trois « séances » à 15h00, 16h00 et 17h00 et, à la première d’entre elles, nous étions bien 30 à 40 personnes accueillies dans un grand salon de la villa dans lequel toutes les places assises étaient occupées et beaucoup de gens sont restés debout dans la pièce ou le couloir. Ceux qui attendaient dehors pour la deuxième séance semblaient au moins aussi nombreux.
Grand succès, donc, pour cette louable mais légitime opération d’information.
Dans ce public, une majorité de riverains, mais aussi des associatifs, des élus municipaux, dont Monsieur le maire, plus tard dans l’après-midi, de potentiels acquéreurs, votre serviteur….
Des clarifications attendues
Première nouvelle de nature à totalement rassurer ceux qui ont craint un moment pour la survie de la villa Baltard, l’insistance de cette inquiétude avait d’ailleurs provoqué la rédaction de mon premier article : il est bien confirmé que la villa ne sera pas détruite. Elle est simplement mise en vente par la famille héritière de Victor Baltard, ainsi que l’a déclaré à tous Noël de Sainte-Marie, qui s’exprimait au nom de la famille.
Noël de Sainte-Marie que j’ai invité, au cours de la visite du projet, à commenter directement dans LGdS mon premier article, s’il le souhaitait, ce dernier lui ayant paru faire la part trop belle aux inquiétudes recueillies à l’époque. Nous nous sommes promis d’échanger tous les deux avant la publication du présent article.
Le terrain va donc être séparé en deux parties totalement indépendantes : la Villa Baltard d’un côté, le projet immobilier, objet de l’invitation, de l’autre.
Deuxième bonne nouvelle, les bruits qui font état de la « construction de six immeubles » relèvent de l‘exagération. Si on nous a bien présenté un projet comprenant la construction de six bâtiments séparés en treize appartements qui abriteront donc treize familles, ce ne sont donc pas des immeubles mais des grandes maisons scindées en appartements allant de 100 à 170 m2.
Troisième bonne nouvelle, Nicolas Michelin (Agence MAE), l’architecte en charge du projet en lien avec la société Interconstruction, se déclare intéressé au premier chef par la préservation de l’endroit et on ne peut qu’être tenté de le croire. Il est en effet le cousin de Noël de Sainte-Marie, avec lequel il a joué enfant dans la Villa et dans le parc de cette dernière, ce qui dit son attachement à ce lieu. L’architecte Jean Rémy Dostes (Agence HAME) travaille également sur le projet à ses côtés.
Il déclare avec une sincérité qui semble authentique vouloir garder le charme et le caractère unique du lieu. Il affirme d’ailleurs que le PLU aurait permis un projet bien plus densément construit que celui qu’il a conçu et qu’il nous a présenté.
Selon lui, son cabinet d’architectes vise un projet éco-responsable de grande qualité.
Bois brûlé
Beaucoup sera conservé, en dehors de la villa, de son magnifique séquoia légendaire, du chêne remarquable, d’une grande partie des arbres (dont les marronniers), et du mur d’enceinte, qui sera restauré et bénéficiera de quelques ouvertures supplémentaires par rapport à l’existant. De nouveaux arbres vont en outre être plantés.
La philosophie du projet est la construction de maisons en bois brûlé, dont on nous dit qu’il est sans entretien. Vous remarquerez sur les clichés pris dans la salle d’exposition du projet que ce bois brûlé donne une dominante noire aux bâtiments. L’architecte déclare avoir voulu faire un projet contemporain, minimaliste, proposant des intérieurs d’inspiration japonisante.
Le choix du bois brûlé a quelque peu intrigué une conseillère municipale, Mme Maud Bonté, qui a, à ce propos, posé la question de l’harmonie de cette couleur avec l’environnement du terrain.
Les responsables du projet présents se sont voulus rassurants sur la bonne intégration du projet dans le contexte de la rue Bertron. Cela a été l’occasion pour l’architecte d’affirmer son souhait de ne pas vouloir faire du « néo », comme au Plessis-Robinson, ce qui est pourtant « le plus tranquille pour sa corporation », mais du contemporain connecté aux problématiques les plus actuelles.
Un parking sous-terrain de quinze places est prévu sous l’emplacement de l’actuel tennis, situé Boulevard Desgranges.
La question du nombre de véhicules par familles de la résidence et du surplus de trafic et de besoin de places de stationnement que cela provoquera à proximité a été évoquée lors d’une question de la salle.
L’architecte a insisté sur l’approche novatrice du projet, citant en particulier la construction d’un double mur de terre crue isolé entre les maisons mitoyennes, la mise en œuvre d’une convection naturelle dans les appartements, l’air circulant en entrant par le bas et ressortant par le haut des constructions…
Le dessin des toitures à pan participe également grandement à l’intégration des nouvelles architectures, certaines intégrant même des terrasses tropéziennes (terrasse ouverte 3m X 4m) nichées dans la toiture.
Il a indiqué qu’en l’état actuel des choses, les plans sont encore largement flexibles et adaptables aux souhaits des acheteurs. Le choix, par exemple, de l’emplacement du poêle à bois, soit dans le séjour soit dans la salle à manger, se fera suivant la configuration qui sera définie avec chaque acquéreur.
Avec l’obtention du permis de construire, il envisage un début des travaux en décembre 2022 pour une durée prévisible de 16 à 18 mois, et une livraison des logements au second semestre 2024.
Sur l’organisation juridique de la résidence, il a affirmé le principe d’un fonctionnement en copropriété, permettant la gestion mutualisée des espaces communs et des espaces verts du site.
Points d’attention
En conclusion, le dossier semble évoluer de façon plutôt positive si j’en crois les commentaires que j’ai recueilli majoritairement autour de moi. Malgré le choix de vendre des propriétaires, la villa Baltard demeure et c’est une bonne chose. De même, le fait qu’un projet comprenant des bâtiments peu élevés, de qualité, avec une densité humaine raisonnable, semble aller dans le bon sens et j’ai entendu cette analyse à plusieurs reprises. LGdS restera attentive, aux côtés des Scéens concernés, au traitement des points qui ont été soulevés et qui méritent un suivi (l’aspect sombre de l’ensemble, l’absence d’entretien du bois brulé utilisé, l’impact local sur le stationnement, etc…).
Il est clair que le choix architectural de l’emploi pour les façades de ce bardage en bois brulé d’origine japonaise (Yakisugi ou Shou Sugi Ban- https://www.habitatpresto.com/mag/facade/bardage-bois-brule) est, au delà de ses qualités techniques et économiques, une franche rupture avec ce qu’on voit habituellement à Sceaux, peut-être même une provocation. Toutefois, cela reste dans l’esprit de certains quartiers scéens. Je pense en particulier au lotissement du parc de Sceaux, autour des limites nord et est du parc de Sceaux, pour lequel le cahier des charges précise :
« Les acquéreurs seront libres de choisir leur type de construction à la condition que le pavillon ait l’aspect d’habitation bourgeoise ». Je pense que cette dernière directive, j’imagine bien difficile à réglementer, n’a pas été retranscrite dans le PLU, en supposant qu’elle ait pu inspirer les constructeurs dans d’autres quartiers de la ville.
La mairie ne tranche donc pas sur les aspects strictement réglementaires qui découlent des textes de loi, laissant donc peu de latitudes. Par contre elle peut, et ne s’en prive pas, prendre des décisions qui vont dans le sens de ce que désirent ses administrés dans le cadre de ce qu’autorise la loi, évidemment librement interprétée. L’histoire du PLU de Sceaux qui a été incorporé au PLUi de VSGP, évoquée dans un billet précédent, en témoigne.
Bonsoir,
Je vous comprends, on peut légitimement s’inquiéter lorsque l’on voit certaines bâtisses en bois qui se dégradent en quelques années, comme la crèche collective des petits moulins à Bagneux. Cela étant, tout doit dépendre de la qualité de la matière première et l’architecte nous a assuré, à ce propos, que le bois brûlé qui va être utilisé sera parfaitement inerte et donc sans entretien, et pour très longtemps. A suivre, si j’ose dire…
Ok ça n’en reste pas moins tristounes pour des immeubles (même petits) et en décalé surtout les jours gris !
On verra si ils trouvent acquéreurs et à quel prix…je ne comprends toujours pas la mairie sur ces choix d’autorisation de construction …
je suis d’accord sur les gouts et les couleurs … chacun les siens! mais c’est effectivement très sombre et qu’aucune harmonie de construction ne soit établie
dans le quartier est a déplorer ( entre le nouveau Franco -Suisse et ces constructions en bois … un grand écart que je ne trouve pas très cohérent et harmonieux …). Sur une maison ça passe ( cf rue de la république), mais tout un ensemble c’est vraiment très choquant…c’est peut-être le but : ne pas se fondre mais se faire remarquer !!. On est pas en pleine forêt du Perche ou ailleurs … J’attends de voir dans 20 ans …
Bonjour,
Les goûts et les couleurs….Cela étant plusieurs personnes ont exprimé leur crainte que la couleur noire jure dans l’environnement et d’autres que la qualité « sans entretien » du bois brûlé ne soit exagérée….A vérifier dans la durée.
Ces constructions en bois sont assez moches …voir la maison rue de la République et dénote avec le charme des maisons Scéennes.