La place des immigrés et des étrangers dans la société française sera probablement un des thèmes de la campagne présidentielle, au moins pour certains des candidats en lice. On risque d’entendre ou lire tout et n’importe quoi sur le sujet: le dossier publié dernièrement par l’Insee arrive à point nommé.
Pour situer le contenu de l’étude, l’Insee commence par poser quelques questions de base : « Combien y a-t-il d’immigrés ou d’étrangers en France ? », « Où sont nés les immigrés vivant en France ? », « Où sont nés les immigrés arrivés en France en 2019 ? », « Comment évolue la population étrangère et immigrée en France ? ».
Ensuite arrivent 6 questions destinées à situer le niveau d’insertion : « Quelle est la situation des immigrés face à l’emploi ? », » Qui sont les descendants d’immigrés ? », « Comment se situe la France par rapport aux autres pays de l’Union européenne ? », » Quel est le profil des immigrés arrivés récemment en France ? », » Où vivent les immigrés et leurs descendants ? », « Quelle est la fécondité des femmes immigrées ? »
Suivent, regroupés en 8 sous-dossiers, les différentes publications de l’Insee ses dernières années sur l’immigration ou sur les étrangers. Par exemple, le sous-dossier « Immigrés et descendants d’immigrés en France » reprend 12 documents, publiés auparavant par l’Insee.
On ne reprendra ici que quelques éléments apportés par ce dossier.
La France, pays d’immigration
La France a été le premier pays européen a voir baisser nettement sa fécondité, dès le début du XIXe siècle. Après la guerre de 1914 et sa terrible saignée parmi les jeunes hommes,la France devient durablement un pays d’immigration.
La proportion d’immigrés dans la population a augmenté entre 1920 et 1930, puis entre 1950 et 1975 puis de nouveau depuis 2000.
La fécondité des immigrées
Une note publiée par l’INED (Institut national d’études démographiques) datant de 2019 montrait que les immigrées avaient en moyenne un enfant de plus que les natives, ce qui augmentait de 0,1 enfant par femme la fécondité globale de notre pays. On sait par ailleurs depuis longtemps qu’à la génération suivante, il n’y a plus de différence dans la fécondité (les filles d’immigrées ont la même fécondité que la moyenne des Françaises). On retiendra ici deux graphiques issus de la note de l’INED : Le premier montre que la fécondité des immigrées varie selon le pays de naissance, le second que la diminution du nombre d’enfants par femme touche aussi depuis longtemps les pays d’origine.
Plus d’immigrés en Ile de France
Selon l’Insee, les immigrés ne sont pas répartis de manière homogène en France. « Les immigrés sont surreprésentés dans les grandes agglomérations urbaines, en particulier en Île-de-France : en moyenne sur les années 2019 et 2020, 20 % de la population parisienne est d’origine immigrée, et près d’un tiers de la population de Seine-Saint-Denis, contre 10 % de la population à l’échelle nationale. Près de quatre immigrés sur dix (37 %) habitent ainsi en Ile-de-France. »
Il en est de même pour les descendants d’immigrés : 14 départements regroupent la moitié des descendants d’immigrés.
Contrairement à l’image qu’on peut parfois en avoir, une part importante des immigrés est fortement qualifiée. 43 % des immigrés arrivés en France en 2019 étaient titulaires d’un diplôme du supérieur et 20 % d’autres avaient un baccalauréat ou son équivalent. Deux considérations éclairent ce phénomène. Le niveau d’éducation initiale augmente dans tous les pays du monde d’une part. Les plus qualifiés sont en plus grande proportion à chercher à venir chez nous d’autre part.
Dans les Hauts-de-Seine, la répartition géographique des immigrés selon la qualification est à l’image de celle des natifs : à Sceaux et dans les villes voisines, on trouvera beaucoup d’étrangers très qualifiés. Ces derniers mois, j’ai eu occasion de rencontrer deux Scéens étrangers, titulaires d’un doctorat en sciences. La photo en tête d’article nous rappelle que ce n’est pas une nouveauté !