Ce mardi 9 novembre, la célébration du 51e anniversaire de la mort du général de Gaulle commence avec le Chant des partisans dans une interprétation sobre et profonde de Marc Ogeret. A l’arrière, des anciens combattants portent drapeaux. Elle continue par une allocution de Jean-Louis Oheix qui évoque le passage du général à Sceaux le samedi 27 janvier 1945. Il est alors chef du gouvernement provisoire de la République. Il s’adresse depuis le premier étage de l’hôtel de ville à « une foule innombrable, enthousiaste et fervente ». Ce sont ensuite des mentions de l’inauguration en 1971 de la place qui porte depuis son nom ; de l’inauguration en 1990 du monument à sa mémoire, une stèle taillée dans la même pierre que le mémorial de Colombey. Philippe Laurent et Chantal Brault portent devant la stèle une croix de Lorraine de fleurs aux trois couleurs de France.
51 ans plus tôt, en 1970, à 19h15, Charles de Gaulle, les récits convergent sur ce point, meurt paisiblement dans sa maison de La Boisserie, à Colombey-les-deux-Églises où il s’est retiré avec son épouse depuis sa démission de la présidence de la République en avril 1969. C’est au lendemain de l’échec du référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat. Le Non l’a emporté. La régionalisation se fera une dizaine d’années plus tard conduite par ceux qui l’avaient alors combattue.
« Il vient de gagner la bibliothèque où un feu de bois se consume dans la cheminée. Il s’assoit devant la table de bridge, où chaque soir avant le journal télévisé et le dîner, il s’adonne à ce qu’il appelle sa « discipline d’oisiveté » : une réussite[1]. « J’ai mal, là, dans le dos », murmure le général. Puis il s’affaisse dans son fauteuil, la tête dans une main, sous les yeux d’Yvonne, en train d’écrire, installée à son secrétaire. Il a déjà perdu connaissance.
La Voix du Nord
Aussitôt appelés par son épouse, le père Jaugey, curé de Colombey, et le docteur Lacheny arrivent ensemble. Il est trop tard. Rupture d’anévrisme abdominal, diagnostique le médecin. Le fondateur de la Ve République expire alors que le prêtre lui administre les derniers sacrements. »[2]
Il a 80 ans.
Georges Pompidou, alors président de la République, déclara quand, le lendemain, la nouvelle fut connue : « La France est veuve. En 1940, de Gaulle a sauvé l’honneur, en 1944, il nous a conduits à la Libération et à la victoire, en 1958, il nous a épargné la guerre civile, il a donné à la France actuelle ses institutions, son indépendance, sa place dans le monde. »
Cette énumération résume les différentes figures de l’héritage gaullien et dans lesquelles tout un chacun se retrouve aujourd’hui. Ne voit-on les opposants d’hier venus du plus large éventail politique situer le général comme une référence? Qui n’est pas gaulliste de nos jours? Il est vrai que les marqueurs de sa pensée se sont imposés comme des évidences : les grands principes de le Ve République, le souci zélé de l’indépendance nationale, la complémentarité entre l’économie de marché et la préoccupation sociale.
Oubliées les dénonciations violentes du monarque, du pouvoir personnel quand ce n’était du fomenteur de coups d’Etat permanents. Que l’on pense à mai 1968. Les clivages d’hier se sont dissipés dans la brume du temps, effacés peut-être par deux traits de caractère de De Gaulle : une grande pudeur et une endurance hors du commun.
La pudeur. Dès 1952, le général rédige ses dernières volontés qui demandent que ses funérailles aient lieu à Colombey sans « président, ni ministres, ni bureaux d’assemblées ni corps constitués. Seules les armées françaises pourront participer officiellement, en tant que telles ; mais leur participation devra être de dimensions très modestes, sans musique, ni fanfare, ni sonneries. Aucun discours ne devra être prononcé, ni à l’église ni ailleurs. Pas d’oraison funèbre au Parlement. »
A Paris, ce sera sans la dépouille, que le jeudi suivant, rassemblés à Notre-Dame, qu’assisteront à la messe de Requiem des représentants de 86 nations, des souverains et des chefs d’Etat, des milliers de fidèles.
L’endurance : celle l’homme de juin 1940 qui refuse la défaite et entretient quatre ans durant, malgré son isolement, une présence française auprès des grandes nations. Il rend crédible, parce qu’il sait le nourrir, un récit de grandeur, non pas celui d’un antan jauni, mais d’un mélange avec les réformes sociales de la Libération.
La sobre cérémonie de mardi honorait l’homme du 18 juin. Ce sont les paroles de combat de Kessel et Druon qui raisonnaient dans la nuit froide tombée sur la place.
[1] La réussite est plus connue aujourd’hui sous sa forme numérique : le solitaire.
[2] Source : La voix du nord
J’ai beaucoup aimé le jeu de mots « Ce sont les paroles de combat de Kessel et Druon qui raisonnaient… Qu’il est intelligent de faire d’entendre raisonner les mots qui résonnent !!!
Merci, Rubi, de transformer la coquille en symbole. Aussi je la laisse et l’assume. Vous avez raison: le chant des Partisans a quelque chose qui doit continuer à nous faire raisonner et mas seulement l’entendre.