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Soignants suspendus

Le 15 septembre, les soignants non vaccinés (mais aussi les pompiers, les ambulanciers, les médecins, les pharmaciens, les auxiliaires de vie…) se verront suspendus. La proportion des personnes concernées varie selon les métiers et les régions, mais elle est très faible (quelques pour cent, à confirmer). Il est probable qu’une partie de ceux qui ont refusé le vaccin ont fait le pari que les autorités n’iraient pas jusqu’au bout.

Une obligation logique

La présidente de l’ordre des kinésithérapeutes commente ainsi le sujet sur son compte Twitter :

Aujourd’hui 15 septembre, obligation vaccinale pour les kinésithérapeutes. Je rappelle que, hormis la contre-indication médicale avérée, il n’y a pas d’alternative. Je reçois de très nombreux courriers. Certains sont menaçants ou injurieux. La plupart montrent un profond désarroi, voire une réelle angoisse. Un jour les désinformateurs, les profiteurs en tout genre, qui ont poussé certains à « résister » rendront des comptes. Pour l’heure, j’aimerais dire à mes confrères qui ont réellement peur : le vrai danger n’est pas le vaccin, le vrai danger est le virus. Lisez les études, les ressources sur le site de l’ordre, parlez-en à votre médecin, prenez du recul. Ne vous laissez pas abuser par ceux qui vous proposent des recours juridiques. Les courriers d’avocats que vous m’envoyez ne modifieront pas la nécessaire application de la loi. Sa conformité a été validée, elle doit s’appliquer. L’ordre est à vos côtés comme toujours. Mais il fera appliquer la loi. Je soutiens bien sûr l’obligation vaccinale.

Il y a un consensus scientifique sur le fait que la vaccination Covid est une bonne solution, individuellement et collectivement (au sens où la balance bénéfices/risques est favorable). Ce consensus scientifique s’est construit, comme d’habitude, avec le processus normal de la recherche : études, publication de ces études par des revues à comité de lecture, critiques, rectificatifs éventuels, nouvelles études pour approfondir un point ou un autre ou trancher entre deux analyses, méta-analyses pour faire ressortir les points importants et consensuels des différentes études sur le même sujet, etc.

Comme sur tous les sujets, il existe quelques pourcents de scientifiques qui refusent le consensus. Il y a ainsi encore quelques climatosceptiques ou partisans de l’homéopathie.

Le plus généralement, ces sceptiques publient auprès de leurs pairs, pour défendre leurs thèses, des études biaisées (c’est-à-dire avec une méthodologie très insuffisante pour servir de preuve). Comme ils n’y trouvent pas d’oreilles complaisantes, ils se tournent vers le grand public, profitant du fait que celui-ci est mal armé pour voir les failles de leurs démonstrations. On a même souvent de tels personnages qui s’adressent le plus tôt possible au grand public, en faisant mine de passer par la case étude scientifique pour la forme. On l’a vu aussi bien avec Raoult qu’avec Séralini (celui du maïs OGM).

L’un des résultats est que les maisons d’édition se trouvent encombrées d’ouvrages ayant très peu de bases scientifiques, mais bien écrits pour plaire aux plus nombreux en jouant sur leurs émotions.

Le problème est que, non seulement les maisons d’édition acceptent ce type d’ouvrages, mais que les médias (et en particulier les chaînes d’infos en continu) valorisent ces discours les plus éloignés de la réalité scientifique et se précipitent pour inviter leurs auteurs.

Mais il faut bien reconnaître que cette pratique n’est pas propre aux seuls médias. Deux exemples ci-dessous (avec la FNAC, mais cela aurait pu être n’importe lequel de ses concurrents).

Rayon « médecine » à la FNAC : ne devrait-on pas parler plutôt de pseudoscience, de fiction, ou de charlatans ?

Dans sa « Sélection », la FNAC n’hésite pas à mettre en valeur le climatosceptique François Gervais qui continue à nier le caractère anthropique du réchauffement climatique après 6 rapports du GIEC.

On comprend très bien la logique de tous ces médias : leur objectif est avant tout de vendre, de faire de l’audience. Pour cela, le plus efficace est de mettre en avant les discours les plus provocateurs, ceux qui font le plus appel aux émotions. Qu’ils soient justes ou faux ne semble plus un paramètre à prendre en compte.

Comment le lecteur (ou l’auditeur) peut-il s’y retrouver ? Et comment s’étonner que dans ces conditions on se retrouve avec des milliers de personnes qui manifestent contre le passe sanitaire, avec des millions de Français qui refusent de se faire vacciner contre le Covid ?

L’excuse des médias est toujours la même, celle d’une pseudo neutralité qu’ils pensent respecter en donnant la parole à celui dit blanc et celui qui dit noir. Et comme ils n’ont généralement pas de journalistes scientifiques dans leurs rangs, ils donnent la parole à tous ceux qui ont un discours à vendre aux gogos.

Consensus scientifique.

Il est vrai qu’il peut paraître compliqué de distinguer ce qui peut être considéré comme la vérité quand celle-ci semble varier tous les jours.  Quand l’OMS recommande le masque contre le Covid après avoir considéré qu’il était inutile. Quand on a pointé la contagion par les surfaces contaminées et qu’on considère ensuite que l’essentiel de la contamination se fait par aérosol. Quand on a fermé les parcs lors du premier confinement et que l’on considère aujourd’hui que le danger se situe dans les lieux clos mal aérés.

Mais les charlatans de tous poils ont très souvent les mêmes méthodes que l’on a pu observer chez Raoult.

  • Ils citent assez peu leurs sources (à l’exception de leurs propres études et celles de leurs alliés).
  • Ils affirment et ne laissent pas la place au doute.
  • Ils font massivement du cherry picking.
  • Ils s’adressent en priorité au grand public.

Le problème est qu’on finit par ne voir qu’eux dans le discours ambiant. On arrive à ce résultat surprenant que ces auteurs contestent le discours dominant…qu’on ne trouve que difficilement dans les rayons !

Vulgarisation

Les chercheurs scientifiques sérieux et installés ont le défaut de ne pas consacrer beaucoup de temps à la vulgarisation (il y a bien le Collège de France, mais bon). En revanche on trouve de plus en plus de bons vulgarisateurs sur You tube ou sur des blogs, dans de nombreux domaines.

Deux listes de chaines

Un collectif de vulgarisateurs scientifiques : café des sciences

  1. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 27 septembre 2021

    Le doute, toujours le doute. Surtout quand on lit ou entend quelque chose qui va dans le sens qui nous agrée. Il faut d’abord douter de soi-même.
    Après, il faut travailler. C’est dur, c’est long, c’est rebutant, souvent décourageant, toujours sans fin. Alors, on s’y met à plusieurs qui font pareil. Parfois, une lueur se fait, le chemin débouche enfin sur une plateforme lumineuse qui ouvre sur une nouvelle sente empierrée qui se perd dans une nouvelle obscurité.

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