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L’avance à grands pas de la Présidentielle

La prochaine élection présidentielle aura lieu les 10 et 24 avril 2022, ce qui laisse aujourd’hui environ 7 mois aux divers candidats pour convaincre de voter pour eux. Mais d’ici là, un tri va se faire entre les divers candidats déclarés. La page Wikipédia sur le sujet en compte 11 principaux (et 12 autres, apparemment moins principaux) mais ne compte pas encore de candidats du PS ou des Verts.

Wikipédia parle aussi des sondages (nombreux) suivis en temps réel : il faut en dire quelques mots.

Incertitude actuelle

Depuis 2017, tous les sondages sans exception prévoient le même deuxième tour qu’en 2017, Le Pen contre Macron. Mais les sondeurs se souviennent que début septembre 2016, on annonçait Alain Juppé très largement en tête devant Marine Le Pen, laquelle rassemblait plus d’un quart des suffrages. De toute manière, comment faire un sondage sérieux alors qu’on ne connaît pas la liste de ceux qui seront réellement candidats ?

Un peu de prospective !

Un retour sur les résultats du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 donne quelques clés à méditer. 4 candidats se retrouvent en tête dans un mouchoir (à 600 000 voix près…), entre 19,6 et 24 % des exprimés, le 5e étant très loin (Benoit Hamon, à 6,36% des exprimés). En tête, le candidat de centre gauche et celle de l’extrême droite, devant celui de la droite et un candidat de gauche.  Depuis, les élections ont montré que la gauche et la droite sont toujours là. Une hypothèse simple consiste donc à dire qu’on se retrouvera de nouveau en 2022 avec une représentation de chacun de ces 4 courants.

Au sein de chacun de ces courants, le défi est toujours le même au premier tour :

  • Paraitre expérimenté sans être « has been » et prendre le leadership dans son camp
  • Ne pas disperser les voix entre des candidats, pour éviter la mésaventure de Jospin, concurrencé en 2002 par pas moins de 6 candidats (Besancenot, Chevènement, Hue, Laguiller, Mamère et Taubira)
  • Rassembler son camp (ne pas se faire prendre des voix aux marges avec les autres courants) et au contraire mordre sur les autres camps

Majorité actuelle

L’hypothèse générale est que le président sortant se représentera. S’il le fait, il n’aura pas de concurrents dans son camp. Si pour une raison ou une autre ce n’était pas le cas, on ne voit guère qu’Édouard Philippe comme candidat de substitution.

En 2017, Emmanuel Macron avait bénéficié du fait que le candidat socialiste était jugé comme représentant de la gauche de son parti alors que le candidat de droite était jugé comme plutôt à la droite du parti, par ailleurs plombé par les affaires. Cela avait laissé un grand espace pour sa candidature. Il est peu probable que cette situation se renouvelle : les sondages pour Macron reflètent le peu d’attractivité des candidats LR/PS pour l’instant. Mais cela peut changer.

Extrême droite

Marine Le Pen a toujours paru incontournable au deuxième tour. Rappelons que c’était déjà le cas avant 2017 et que son avance sur ses deux poursuivants était finalement assez faible (un peu plus de 450 000 voix par rapport à François Fillon). On notera aussi que son parti a fait moins bien aux élections européennes de 2019 qu’à celles de 2014 (23,34% contre 24,86%) et aux régionales de 2021 qu’à celles de 2015 (20% contre 27%).

Plus significatif pour la candidate est qu’elle pourrait bien subir une concurrence dans son propre camp, de la part de Zemmour et/ou de Philippot. Si ce dernier ne semble pas prêt de recueillir plus de 1 ou 2 % pour l’instant, on rappellera que la campagne peut changer les choses, et que perdre deux points peut suffire pour ne pas être au second tour !

Les Républicains

Le principal parti de droite a raflé plus de la majorité des régions, des départements et des municipalités. Il détient le siège de la présidence du Sénat et il est de loin le principal parti d’opposition à l’Assemblée nationale. Seul bémol, son score particulièrement médiocre aux Européennes de 2019 (8,48%). Modulons en notant que les Européennes ne lui ont jamais été très favorables. Il a tout pour être présent au deuxième tour de la présidentielle, à condition de trouver un candidat attractif et accepté par tous : et c’est là que cela coince !

Les sondages donnent pour l’instant la priorité à Xavier Bertrand, mais le fait qu’il ait quitté le parti risque de lui coûter cher. Difficile en tout cas de faire un pronostic tant qu’on ne connaît pas la candidate ou le candidat qui représentera le camp. Avantage à noter : il est très peu probable que le candidat de la droite ait un adversaire notable dans son propre camp. Encore qu’il ne faille jamais sous-estimer l’attraction pour la machine à perdre !

La gauche

Quelle que soit la manière de compter, la gauche réunit plus du quart des suffrages exprimés à chaque élection. Son problème principal est le même qu’en 2002 (avec un espace qui s’est rétréci depuis) : la division. A ce stade, elle est partie pour avoir au moins quatre candidats : PS, EELV, FI, PC, sans compter l’extrême gauche.

Jean-Luc Mélenchon croit toujours à son avenir présidentiel. La France Insoumise a pourtant été d’échec électoral en échec électoral depuis 2017. Il pourrait méditer le précédent de François Bayrou : 6,84% en 2002,18,57 % en 2007 et 9,13 % en 2012. L’élection de Macron en 2017 a donné un coup de vieux à toute une génération politique. A 70 ans, Mélenchon sera largement le plus vieux des candidats concourants pour la victoire.

Au contraire, les Verts ont enchaîné les réussites électorales aux Européennes et aux Municipales (mais pas aux Régionales). Et ils se voient bien aujourd’hui remporter l’élection. Le processus de primaire en cours risque cependant d’aboutir à mettre en avant la radicalité la plus affichée, ce qui n’est jamais bon quand on veut rassembler le plus d’électeurs possible… Pour l’instant, le nombre d’inscrits à cette primaire est loin d’atteindre leurs espoirs. Par ailleurs, les Verts n’ont jamais réussi à faire de bons scores à la Présidentielle.

Reste le PS, parti très amoindri par les nombreux départs depuis 5 ans, mais qui reste le plus important à gauche à l’Assemblée nationale, au Sénat et dans les diverses institutions locales. Il semble qu’on s’oriente vers la candidature d’Anne Hidalgo. Elle doit d’abord prendre le leadership sur les autres candidats de gauche. Ensuite, tout est ouvert.

A suivre

A ce stade, ce qui domine, c’est l’incertitude. La fin de l’année devrait permettre de décanter largement la question des candidatures. Mais rappelons qu’en 2017, François Bayrou n’a retiré la sienne qu’en février ! Après, ce seront les sondages qui feront la décantation.

  1. Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 10 septembre 2021

    Tout à fait. Aucun candidat ne se dégage avec évidence aussi bien chez LR qu’au PS ou chez EELV

    Le dernier sondage IPSO/ Le Point montre que sur 40 personnalités politiques testées, seule deux (Philippe et Hulot) ont plus d’opinions favorables que défavorables, et encore de peu
    La différence dépasse 30 points (!) pour Le Pen, Hidalgo, Dupont Moretti, Hollande (45!), Dupont Aignan(42!), Mélenchon (52)
    https://www.ipsos.com/sites/default/files/ct/publication/documents/2021-09/Rapport%20Barometre%20politique%20Ipsos%20Le%20Point_Septembre%202021-Rapport%20complet.pdf

  2. Jean-Claude Herrenschmidt Jean-Claude Herrenschmidt 9 septembre 2021

    En bref, on est dans l’expectative.

  3. Xavier Xavier 7 septembre 2021

    Intéressant mais je ne vous suis pas quand vous ne classez pas France Insoumise dans l’extrême-gauche. Cela revient à extrémiser Le Pen (je comprends) mais pas Mélenchon (je ne comprends pas). Les deux sont du même moule.

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