Dans un article du mercredi 9 février, Le Parisien, parlait des villes où il fait bon télétravailler. Il établit son classement sur une liste de critères assez copieuse. Soit dit en passant, on se demande comment ils ont pu être mesurés et pondérés ; le point a été laissé à dans l’ombre. N’importe, les critères valent d’être parcourus pour eux-mêmes, histoire de voir comment Sceaux se situe.
Quels sont-ils : taux de chômage, nombre d’écoles, densité médicale, attractivité touristique, nombre de crimes et délits, répartition des âges, nombre d’équipements culturels et sportifs, part de nature, temps de trajet dans la ville, utilisation de la voiture, pouvoir d’achat immobilier. Mais aussi, la présence d’espaces de coworking, la couverture en fibre optique, la proximité avec une gare et un aéroport. Enfin, le temps de trajet pour rejoindre Paris en voiture, en train ou métro.
Bon, plutôt difficile à computer, mais on reconnaît bien ce qu’intuitivement on appelle la « qualité de vie. Sceaux coche quasiment toutes les cases.
Mais l’article ne classait que les villes de plus de 50.000 habitants et sa conclusion plaçait en tête Chelles, Seine-et-Marne, puis Clamart. On ne commentera pas. D’autant que le seuil de population choisi par le journal ne correspond pas à une limite objective d’attractivité. On comprend que Le Parisien ait eu besoin de cadrer son échantillon, à défaut de quoi il aurait écopé d’une masse de données lourde à comparer. Les 20.000 habitants de Sceaux, tout comme le sous-peuplement du monde rural dont on vante beaucoup les vertus, ne sont pas des freins au télétravail.
Un manque?
On ne peut cependant pas dire que notre commune attire l’emploi à distance, malgré ses atouts du côté des écoles, de la densité médicale parfaitement honorable malgré la baisse du nombre de généralistes (on y revient plus loin), les atouts touristiques évidents ou encore les équipements culturels et sportifs. Avec ses quartiers desservis par 4 stations de RER, sa situation par rapport à Paris est tout enviable, sans parler d’Orly qui est proche.
Elle a un espace de coworking qui dispose de capacité. Alors que lui manquerait-il ? Ou plutôt que lui faudrait-il pour mieux attirer le télétravail ? Si on parcourt les critères, un semble s’imposer : le pouvoir d’achat immobilier. Dans les communes classées en tête par Le Parisien, le prix du mètre carré est bien inférieur à celui de Paris et de sa première couronne.
Le télétravail concerne d’abord les classes moyennes voire supérieures travaillant dans le tertiaire, dans la recherche ou la formation. Ce sont des catégories qui ne bénéficient pas d’accès à des loyers modérés. En même temps, elles n’ont pas forcément les moyens d’acheter dans notre ville. Et la location hors logement social est rare.
Parcours résidentiel
Dans le numéro de mars avril 2022 de HDS Mag, Rémi Muzeau, au nom de la majorité départementale écrit un article intitulé Le logement, une priorité pour notre département. Comme son groupe est aux affaires, il est intéressant de noter comment il voit les choses. A côté des actions menées dans le cadre social, il évoque le souhait « avec la participation de l’Office départemental de développer une plus grande offre de logements intermédiaires et faciliter l’accession sociale à la propriété pour leur permettre de continuer à vivre dans notre département. » Il parle de « véritable parcours résidentiel » à impulser.
Nous verrons ce que le temps nous réserve en la matière et de quels effets l’idée sera suivie. Pour l’heure, on se prend à espérer que l’action publique puisse agir sur les prix. L’habitat privé obéît à la loi de l’offre et de la demande. En situation de pénurie, les prix augmentent, cela semble logique. Et, en région parisienne, il y a pénurie ou du moins une offre bien inférieure à la demande pour des couches moyennes.
Logements accessibles
On pourrait en conclure qu’il faut désenclaver la région parisienne, déménager des emplois publics en Province et mieux répartir sur le territoire les lieux de son action. Mais on n’y est pas et rien ne se profile à l’horizon. En attendant donc, sauf à construire ici et maintenant, on ne voit guère comment satisfaire les besoins.
A Sceaux, les mètres carrés manquent et les projets de construction collective se heurtent parfois à des recours qui les diffèrent. Un courant « identitaire » assimile la ville à ses pavillons. Tout immeuble est une bétonisation, tout urbanisation est une contre-nature. Cette volonté de conservation correspond à une vision de la ville comme « village » à défendre contre la voracité du moloch urbain. Las, rien ne saurait interdire au propriétaire de pavillon de vendre au plus offrant, en général le promoteur. Il faut donc faire avec. Peut-on espérer, ou est-ce trop naïf, voir un jour astreindre la construction privée à des plafonds de prix ?