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Retour de Cracovie

Il fait noir dans la salle.  Sur l’écran apparaissent les mots : Voyage en Pologne du 5 au 8 décembre 2023. Puis des images d’un aéroport. Des jeunes, environ 18 ans, franchissent les différents accès. Plusieurs expriment successivement la même idée : j’ai hâte !

Descente d’avion. Il y a de la neige. Les jeunes sont dans un bus. Ils traversent des rues enneigées. Arrivent dans un hôtel. Quelques-uns profitent de la neige pour faire des boules et un semblant de bataille. On les voit ensuite dans la vieille ville décorée par les illuminations de Noël. Puis au restaurant.

Bref, un voyage de classe comme tous les autres. Comme tous les autres ? Oui. Et non.

Cité scolaire Marie-Curie

Quelque temps avant le début du film. Nous sommes dans l’auditorium de la Cité scolaire. Dans la salle, des élèves de terminale en train de s’installer et certains de leurs parents. Étienne Recoing, le proviseur, est là aussi. C’est déjà là qu’ont eu lieu la journée de préparation au voyage et la conférence d’Evelyn Askolovitch. Ce voyage a reçu le soutien de la Fédération Nationale André Maginot, du Souvenir Français, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, avec le soutien du ministère des armées – direction de la mémoire, de la culture et des archives

Quatre professeurs sont devant les chaises. Quelques jeunes filles entrent portant un teeshirt « I love Cracovie ». Elles offrent un bouquet de fleurs à chacun des enseignants.

Alain Rajot, professeur d’histoire et de géographie, remercie pour les fleurs et enchaîne.   « Le voyage dont on fait ici le retour était un peu particulier. La séance en cours a pour but de le restituer. » Il s’agissait d’une expérience humaine collective. Le travail fait par les élèves depuis le retour a été énorme et même exceptionnel. Ce sont certains de ces travaux qui vont être présentés.

Catherine Donnefort, professeur d’arts plastiques, explique le travail réalisé par ses élèves. Chacun a créé une gravure à partir d’une photo ramenée du voyage et d’un fragment de texte qu’il a voulu lui associer. Les gravures sont affichées tout autour de la salle.

Avec Patricia Doukhan, professeur de philosophie, les élèves ont écrit des textes puis les ont enregistrés. Ces enregistrements de quelques minutes sont également disponibles dans la salle. Certains élèves utiliseront leur texte lors des épreuves du baccalauréat, lors du Grand Oral.

Ludovic Sot, professeur d’histoire et de géographie, explique que trois élèves vont participer à la commémoration du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation, le 28 avril, à Bagneux et à Antony. Deux élèves viennent successivement lire leur texte.

Le film est projeté ensuite. Deux autres lycéennes viendront à leur tour lire un texte qu’elles ont écrit.

Déroulement du voyage à travers le film

Le film affiche Jour 1. Il montre les jeunes au petit-déjeuner puis dans un bus. Ils visitent la ville de Cracovie : la basilique Sainte-Marie, le marché couvert, la Colline de Wawel avec sa cathédrale et la cloche de Sigismond. L’après-midi, ils visitent la mine de sel de Wieliczka.

Le film affiche Jour 2. Un jeune ( ?) lit un texte d’Evelyn Askolovitch dans le bus. Celui-ci traverse une zone d’arbres dénudés et enneigés. On voit le portail surmonté de la formule cynique « Arbeit macht frei ». Puis des extraits filmés, l’intérieur du musée…

Plusieurs jeunes sont interrogés successivement et parlent de la visite.

Il faut que tout le monde y aille un jour, mais il faut être préparé.

J’ai vu le nom de famille de ma grand-mère sur une valise.

Impression de ne pas assimiler, trop de détails en même temps.

Nous faire partager les émotions plus que les faits.

Les gens dont nos livres parlaient devenaient réels.

Le film montre une plaine immense et enneigée, avec un groupe de jeunes en train de s’éloigner en marchant. Ils semblent perdus dans l’immensité. Ils sont à Birkenau, lors de l’après-midi de cette visite.

On est touché par les deux lieux, l’un ne va pas sans l’autre.

Jour 3. Cette journée est consacrée à la visite de ce qui reste du ghetto juif dans le quartier de Kazimierz, puis à l’ancienne usine de Schindler. Celle-ci a été transformée en musée. On peut y voir des photos d’époque et des affiches.

Des vues du marché de Noël et de ses illuminations à l’intérieur et à l’extérieur terminent le film.

La réalisatrice, Ava Burgé est en Terminale Elle a utilisé ses propres photos et vidéos ainsi que celles de plusieurs de ses camarades. Le film dure près de 20 minutes et on est impressionné par sa qualité technique. Le travail réalisé est considérable.

Les interventions des élèves

Les deux premiers intervenants lisent chacun un texte prévu pour les cérémonies officielles. Ils évoquent le devoir de mémoire et leur souvenir de la journée passée à Auschwitz et Birkenau.

« Le devoir de mémoire devrait s’appliquer à toute l’humanité, car il s’agissait d’un crime contre toute l’humanité.

L’ambiance était très particulière, pesante. Voir les objets des déportés. Jamais nous n’oublierons cette journée. »

Les deux autres intervenantes reviennent sur les réflexions sur la Shoah, les livres sur le sujet.

La première évoque un texte de Lola Lafon. Dans Quand tu écouteras cette chanson celle-ci évoque une nuit passée au musée Anne Frank, dans l’Annexe.La lycéenne commente :

Comment imaginer 25 mois de vie cachée ? On ne peut pas se mettre à la place des déportés. Lola Lafon raconte : dans l’annexe, il n’y a rien, et ce rien , je l’ai vu.

On l’a vu à Birkenau, le silence dans ce vide immense. C’est la question de la mémoire et de la transmission. Pour les israélites, la musique célèbre la survie du peuple juif.

Le retour en France et au quotidien est compliqué. Les ressentis de chacun sont différents. Comment raconter autrement qu’en laissant des silences ?

La deuxième intervenante revient sur la visite. Elle aussi oppose les deux temps, le matin à Auschwitz et l’après-midi à Birkenau.

L’arrivée à Auschwitz est le moment le plus fort. Les baraquements ont été reconstitués. Il y a des objets en masse. Impression d’un musée où il faut avancer pour laisser la place au groupe suivant. Impression de tourisme de masse. Mais la visite fait prendre conscience de la réalité de la Shoah.

Birkenau donne le sentiment d’émotions non imposées. Le plus marquant, c’est l’immensité et le silence.

Le problème, c’est qu’on ne comprend pas toujours ce qu’on voit. La préparation d’avant voyage était donc essentielle. C’était un voyage extraordinaire : merci aux enseignants.

Un voyage de classe comme les autres ?

Comme dans tout voyage de classe, on sentait ce soir-là que ces quelques jours partagés avaient rapproché les lycéens entre eux et avec leurs professeurs. Au-delà des temps de vie et de détente en commun, ce voyage a aussi été un temps studieux, comme l’ont été les temps de préparation avant et d’exploitation après.

Mais ce voyage n‘était pas un voyage comme les autres, parce qu’il a été l’occasion de se confronter à une histoire particulière, un crime contre l’humanité. Qu’ils retiennent d’abord cet après-midi à Birkenau dans le silence et l’immensité le montre avec force.

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