La tétralogie » Les Voies de l’ombre » regroupe quatre thrillers qui font vivre une aventure hors du commun, plongeant le lecteur au plus profond de la noirceur de l’âme humaine, d’une si forte manière que tout le reste ne compte plus pendant la lecture.
Un couple qui brille dans le monde du polar
Le lecteur friand des romans policiers, des thrillers, qu’ils soient sur fond historique, sociologique ou social, celui qui apprécie tout spécialement les ouvrages qui créent une ambiance, un climat, un peu dans la veine des polars de Simenon, sera ravi d’entrer dans le monde des romans du couple de Jérôme Camut et de Nathalie Hug. Comme beaucoup d’autres, ils dévoreront tout, tant la puissance évocatrice des ouvrages du couple, à la ville comme à la plume, est époustouflante.
Le couple Camut/ Hug sait tenir le lecteur en haleine du début à la fin et de lui faire oublier tout le reste : il sait créer un monde autour de leurs personnages. Il en est de même des romans publiés individuellement par chacun des deux.
Deux auteurs, un couple original
« Ici, nous ne sommes pas 2 mais 3, écrivent-ils sur leur site. Il y a Jérôme Camut, il y a Nathalie Hug, et il y a l’entité CamHug, nous en un ». Le moins que l’on puisse dire de leur écriture à quatre mains, c’est qu’ils ont véritablement crée un style CamHug, la fusion de leur travail respectif ayant fait naître une seule et nouvelle plume.
Après avoir étudié la réalisation audiovisuelle, Jérôme Camut, altoséquanais de naissance, entame très vite l’écriture. Nathalie Hug, au contraire, œuvrait depuis une quinzaine d’années dans l’industrie pharmaceutique au moment de leur rencontre.
En 2004, Nathalie Hug découvre les deux premiers volumes de la tétralogie de Jérôme Camut « Malhorne » dans une librairie de Nancy, cité dans laquelle elle vivait avec ses enfants, et les dévore. Elle adresse un mail à l’éditeur pour demander comment faire pour féliciter l’auteur. L’éditeur transmet le mail à Jérôme Camut qui répond, après avoir un instant craint d’avoir affaire à une folle.
Elle lui envoie alors un poème et les échanges de mails se terminent par une rencontre dans un café parisien et par un coup de foudre. Jérôme Camut demande à Nathalie Hug de relire le roman sur lequel il travaille. Ainsi débute leur collaboration littéraire. Cela s’est rapidement consolidé par un mariage. Nathalie Hug cède alors à sa passion pour l’écriture et devient romancière et scénariste.
Un couple prolifique
Aujourd’hui, les CamHug, comme on les appelle, ont écrit plus de treize romans. Le premier, Prédation, introduit la tétralogie présentée ici. Il est en cours d’adaptation pour le cinéma.
Les auteurs ont publié ensemble deux séries d’ouvrages remarquables. D’abord la série W3 qui comprend « le Sourire des pendus », « le Mal par le mal » et « le Calice jusqu’à la lie ». Puis la série « Les Voies de l’ombre », déclinée en quatre volumes : « Prédation », « Stigmate », « Instinct » et « Rémanence ».
Un fou très intelligent dénué de toute humanité
La trame dramatique des Voies de l’ombre est très simple et très claire. D’un côté, il y a le mal incarné par un déséquilibré absolu mais serein. Kurtz, véritable psychopathe, se fait appeler du nom du colonel Walter E. Kurtz d’Apocalypse Now, dont il se sent l’héritier.
Marlon Brando a incarné ce rôle dans le célèbre film culte « Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola, sur fond de guerre du Vietnam. Ce film est tiré du célèbre roman de Joseph Conrad, « Au cœur des ténèbres », auteur auquel Kurtz se réfère également sans cesse directement.
Ce fou total de Kurtz mène une traque macabre organisée comme de l’horlogerie Suisse. Mais torturer des innocents ne suffit pas à ce génie machiavélique, qui poursuit en réalité un dessein plus ambitieux et beaucoup plus inquiétant.
De l’autre côté, les victimes. Le lecteur partage leurs angoisses, leurs aventures, les interrogations. Deux enfants s’échappent dans le premier volume des geôles de Kurtz et le lecteur les suit dans les quatre volumes.
Le malaise est profond pour le lecteur qui s’attache à certaines victimes de Kurtz. Au fil des chapitres, il réalise que plusieurs d’entre elles -toutes ? – ont définitivement été transformées par Kurtz. Tantôt elles tentent de lui résister, voire de le combattre. Tantôt elles se surprennent à le servir, voire à porter son flambeau …
Entre tortionnaire et victimes, il y a aussi une série de protagonistes à la posture ambiguë : représentants des forces de l’ordre qui ont, ou pas, basculé du mauvais côté, seconds rôles pourtant essentiels…Tout un Panthéon original parfois attachant, parfois rebutant…
Particulièrement imbu de sa personne et sûr de sa supériorité sur le reste de l’humanité, celui qui se fait appeler Kurtz déclare : « J’ai de l’amour pour mes chiens d’attaque. Certains il a fallu les tabasser, d’autres pas. Il n’y a pas de règles. C’est ça l’extraordinaire chimie de la nature humaine. C’est passionnant. Approche-toi, ami voyeur. Et n’aie pas honte de ton vice.
Viens pénétrer le monde d’un artiste du crime.
Il est temps que je me présente et que j’offre ma réflexion à la multitude ».
Il faut lui reconnaitre une particulière habilité d’organisateur capable d’intégrer dans ses équipes des gens venant des forces chargées du respect de l’ordre étatique. Au point de parvenir à faire vaciller la République sur ses bases.
Un élargissement progressif de l’ampleur de l’intrigue et de la folie de Kurtz
Dans les Voies de l’ombre, le combat contre le mal pourrait vite tourner au manichéisme le plus simpliste. Mais les auteurs parviennent à brouiller les pistes et à faire douter le lecteur. L’infâme Kurtz a des analyses pertinentes. Les victimes ont des faiblesses et des parts d’ombre.
Au fil des volumes, les projets de Kurtz et leur mise en œuvre prennent de l’ampleur : dans le premier (Prédation), l’intrigue se situe au niveau d’individus qui semblent choisis au hasard. Elle est fondée sur un principe redoutablement simple : obtenir tout et n’importe quoi de prisonniers qui perdront leur conjoint ou leur enfant s’ils ne s’exécutent pas…
Puis certaines victimes tentent de comprendre le but poursuivi par Kurtz. Pourquoi brise-t-il leur existence ? en toute sérénité (Stigmate)…
Dans Instinct vingt-cinq tueurs agissent pour le compte de Kurtz avec efficacité et mettent la France à feu et à sang…Jusqu’à ce que deux « enfants » de Kurtz devenus adultes réalisent à quel point ce dernier a perverti leur esprit (Rémanence).
Il écrivait, elle travaillait dans l’industrie pharmaceutique, vivant chacun de leur côté. Mais le hasard et la vie ont créé CamHug et, aujourd’hui, ils vivent ensemble, écrivent ensemble et publient ensemble leur quatorzième livre.
A découvrir pour qui aime les policiers, les thrillers, les écrits hors des sentiers battus qui vous sortent de vos soucis !
Toutes les photos sont publiées avec l’aimable autorisation de Jérôme Camut et Nathalie Hug. Copyright © Jo Allaux.
Voilà des livres sûrement accrochants, comme le laisse entendre avec talent Frédéric Négrerie.
Mais sortir des soucis de la retraite pour tomber dans ceux de tueurs, fussent-ils de papier, est-il une perspective tellement réjouissante ?
Cher Jean-Claude,
Ils sont effectivement très prenants et l’excitation d’une lecture haletante vaut bien, selon moi, la toile de fond sordide de cette tétralogie !…
Frédéric