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De plus en plus de sols artificialisés

On a vu dans des articles précédents quelques actions concernant les arbres pour limiter ou éviter les îlots de chaleur. Une autre manière d’aborder la question est de regarder ce qui caractérise les sites urbains : l’artificialisation et l’imperméabilisation des sols. Le rôle de la maison individuelle y est majeur.

Artificialisation et imperméabilisation des sols

Notre pays prend progressivement conscience de l’augmentation continue de l’emprise au sol des zones artificialisées. D’où un rapport de France Stratégie sur le sujet paru en 2019, rapport dont l’intitulé annonce clairement la couleur. Objectif « zéro artificialisation nette » : quels leviers pour protéger les sols ?

Le rapport commence par retenir une définition de son objet. Sont définis conventionnellement comme artificialisés les sols qui ne sont pas des espaces naturels, agricoles ou forestiers.

Une estimation des surfaces concernées est alors possible : À l’échelle métropolitaine, 5,1 millions d’hectares étaient artificialisés en 2014, soit 9,2 % de la surface du territoire. Parmi ces surfaces artificialisées, 1 million d’hectares correspondaient à des sols bâtis (soit 20 % du total artificialisé), 2,5 millions à des sols revêtus ou stabilisés (49 %) et 1,7 million à des sols artificialisés non imperméabilisés (31 %).

En termes d’utilisation, l’habitat (volumes construits et sols artificialisés associés) représente environ 42 % des surfaces artificialisées estimées, devant les infrastructures de transport (28 %), le foncier de services (16 %), qui inclut notamment les surfaces commerciales et économiques (14 %).

L’espace artificialisé autour d’un bâti habité (voie d‘accès à pied ou en voiture, parking, terrasse…) prend donc plus de place que le bâti lui-même : un axe de réflexion certainement.

Une pelouse compte dans la catégorie « sols artificialisés non imperméabilisés ».

Le rapport explique que la répartition de ces sols artificiels est très hétérogène sur le territoire, comme le montre la carte ci-contre. On y voit surtout l’influence des grandes métropoles très denses.

Le rapport montre que l’artificialisation continue, de manière plus ou moins rapide selon les zones (carte ci-dessous). On note en particulier l’évolution rapide des zones littorales et de la grande couronne de Paris.

Densifier ou pas ?

Les auteurs concluent que la meilleure voie pour réduire le rythme d’artificialisation en cours consiste à densifier le bâti. Ils examinent ensuite les meilleurs moyens d’y arriver (la méthode la plus « simple » consistant à ajouter un étage à tous les habitats existants !). On peut s’en étonner après avoir constaté que les zones les plus artificialisées sont justement les zones denses.

Sur Twitter, une scientifique, titulaire d’un doctorat en chimie des matériaux analyse les fonctions du sol. Elle continue une réflexion sur l’artificialisation du sol, en reprenant notamment des éléments du rapport de France Stratégie.

On trouvera ci-dessous deux graphiques qui reprennent l’analyse de France Stratégie. Ils font la distinction entre habitat individuel et habitat collectif. Les deux graphiques concernent l’évolution pendant la période 2006-2014. A noter : la création de nouveaux réseaux routiers est directement liée à la construction des nouvelles zones habitables.

Le logement individuel représente actuellement 55% du parc. La période d’après-guerre voit la construction de beaucoup de logements collectifs, la maison individuelle reprenant l’avantage entre 1970 et 2000. L’individuel représente 62 % de la construction en 2000, 50% en 2010, 41% en 2015. Sur la période 2006/2015 sont construites à peu près autant de nouvelles maisons que de nouveaux appartements.

La part du nouvel habitat individuel est importante dans l’évolution de l’artificialisation (47%) et de l’imperméabilisation (30%). A l’opposé, l’habitat collectif n’en représente que 3%. Il est possible que cette dernière valeur s’explique en partie parce que le collectif remplace souvent de l’individuel (donc il n’y a pas de nouvelle artificialisation). Mais il est évident que le collectif consomme moins de terre que l’individuel. A observer la carte de la variation dans le temps de l’artificialisation, l’implantation de zones pavillonnaires en périphérie des grandes métropoles apparait comme un facteur très important d’artificialisation. C’est l’étalement urbain qu’il faut limiter drastiquement.

La conclusion logique de l’observation de ces graphiques : si on ne considère que les aspects artificialisation et imperméabilisation, il faudrait à l’avenir ne construire que de l’habitat collectif. Plus facile évidemment à écrire ici qu’à faire, comme l’a montré la huée qui a accueilli la ministre Emmanuelle Wargon quand elle a eu le malheur de le dire.

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