La Gazette a publié récemment un article présentant Vallée Sud emploi. Pour ne pas alourdir l’article, il a été décidé de ne pas y intégrer des commentaires sur le bien-fondé (ou non) de l’existence et de l’action de ce service. On les trouvera donc ici sous la forme de réponses à quelque questions. Elles représentent l’analyse de l’auteur et non le point de vue des dirigeants de Vallée Sud Emploi
Y-a-t-il du chômage à Sceaux ?
Au niveau national, Pôle Emploi compte encore plus de trois millions de chômeurs en catégorie A (dont environ 450.000 de moins de 26 ans) et près de 6 millions toutes catégories confondues.
A l’occasion du recensement de 2018, l’Insee a produit des données sur la répartition de ce chômage sur le territoire. A l’époque, le taux de chômage était de 10% en France et seulement de 6,4% à Sceaux. Ce résultat n’est guère surprenant, quand on sait que le chômage diminue quand le niveau de qualification augmente. Sceaux compte 7,9% des « 15 ans et plus non scolarisés » n’ayant aucun diplôme (hors certificat d’études) pour un taux de 21,9% en France, et 67,1% de diplômés de l’enseignement supérieur contre 30,7% en France.
La situation est assez variée dans les villes limitrophes. Le seul taux des 15 ans et plus non scolarisés n’ayant aucun diplôme est de 20,8% à Bagneux, 8,6 % à Bourg-la-Reine, 14,1% à Fontenay-aux-Roses, 10,7% à Antony, 15,7% à Châtenay-Malabry.
Des données plus récentes existent au niveau départemental. Au premier et au deuxième trimestre 2021, le taux de chômage dans le 92 était inférieur de 1 point à la moyenne en France métropolitaine.
Pourquoi un dispositif spécial pour les jeunes ?
Les 15/24 ans ont un taux de chômage nettement plus élevé que les catégories plus âgées. Une des explications est que les plus formés d’entre eux ne sont pas sur le marché du travail (car ils poursuivent leurs études) : les moins formés, qui sont plus touchés par le chômage sont sur-représentés dans cette tranche d’âge.
Mais la formation initiale ne suffit pas forcément à faire de la compétence, ce qui explique que les entreprises cherchent des candidats ayant de l’expérience. Pourtant il faut bien démarrer pour acquérir de l’expérience ! C’est ce constat qui avait poussé certains à imaginer un « SMIC jeune ».
C’est la raison de la création dans les années 80 des missions locales, dont VS Emploi est en partie issu. Il s’agit de donner aux jeunes le coup de pouce dont ils ont besoin pour démarrer leur vie professionnelle, et leur faire acquérir cette fameuse expérience qui va les rendre plus crédibles sur le marché du travail. Aider des jeunes qui n’ont pas forcément les codes de la vie professionnelle, qui n’ont pas forcément les réseaux utiles, et qui pour certains manquent de maturité.
D’où parfois, la difficulté rencontrée avec des jeunes perdus face aux délais inévitables entre le choix d’une formation et le moment où celle-ci démarre effectivement. La solution consiste à utiliser efficacement ce temps d’attente, par exemple par une période d’immersion dans une entreprise.
Décrocheurs, de qui parle-t-on ?
Comme leur nom l’indique, il s’agit de jeunes qui quittent le système scolaire en cours de route, donc sans avoir obtenu un diplôme utilisable : ces élèves risquent d’avoir de très grosses difficultés pour s’intégrer au marché du travail ensuite. L’Insee, de son côté, évoque l’idée de « sorties précoces du système scolaire ». L’Union européenne (en 2010) a fait de la réduction de leur nombre un objectif inclus dans ce qu’on appelle « la stratégie de Lisbonne », et Eurostat suit les résultats (l’Insee avertit cependant que cet indicateur est fragile. Sa comparabilité entre pays est limitée).
Une étude de l’Insee publiée en 2013 identifie trois types de décrocheurs :
- Le groupe le plus important (46%) intègre des jeunes de faible niveau lors de leur entrée en 6e : le décrochement est rapide, soit dès le collège, soit en cours de formation CAP BEP, ou en cours de formation générale.
- Un autre groupe regroupe des jeunes quittant le système plus tard (autour de 18/19 ans), à l’approche de la terminale. Certains bons élèves ont connu des difficultés personnelles diverses (problème de santé, divorce des parents, décès ou maladie grave d’un des parents etc.). D’autres, après obtention d’un CAP ou d’un BEP, ont abandonné les études entamées par la suite.
- Le troisième groupe correspond aux élèves déjà très faibles à l’entrée en 6e. Les trois quarts sont passés par des classes spécialisées au collège (SEGPA)
Les actions menées depuis ont permis une réduction progressive des sorties précoces. La loi n°2019-791 du 26 juillet 2019 a défini l’obligation de formation qui vise à ce « qu’aucun jeune de moins de 18 ans ne se trouve sans solution et soit scolarisé, en formation, ou en emploi ». Cette obligation de formation est applicable depuis le 1er octobre 2020. Elle donne donc de nouveaux outils aux acteurs sur le terrain. Le ministère de l’Éducation nationale s’appuie sur deux types d’intervenants : ceux de l’Éducation nationale et ceux de l’emploi.
Le proviseur de Marie Curie a récemment expliqué pour la Gazette comment son établissement applique la partie du plan qui le concerne.
Pourquoi agir au niveau du territoire ?
Les missions locales étaient liées à une commune parfois plusieurs. Cela avait le mérite de la proximité pour les jeunes, mais l’inconvénient de ne pas être adaptées à la réalité du marché du travail
L’Insee a défini ainsi les zones d’emploi : une zone d’emploi est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l’essentiel de la main-d’œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts. A cette aune, la ville de Sceaux est un espace beaucoup trop petit pour être considéré comme un bassin d’emploi : seulement 15% des actifs de Sceaux travaillent dans la ville, et 23% des emplois scéens sont occupés par des habitants de la ville !
Il existe un peu plus de 300 zones d’emploi pour l’Insee en France. Elles sont généralement plus étendues autour des grandes métropoles, mais on ne sera pas étonné que l’Ile-de-France constitue un cas à part. Elle jouit de la forte attractivité de Paris et de l’importance des transports en commun. De fait, la zone d’emploi de Paris comprend plus de 100 communes, dont toutes celles du territoire Vallée Sud Grand Paris.
Il n’y a pas de solution idéale, mais l’organisation du service de Vallée Sud Emploi au niveau du territoire, avec des permanences locales, semble un bon compromis.
Le regroupement sur le niveau du territoire permet d’intégrer dans un service de taille adaptée la diversité des compétences utiles et d’obtenir un effet d’échelle dans les actions menées sans perdre le contact avec les réalités locales
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