La Gazette avait signalé la consultation publique lancée par le territoire dans lequel se trouve la commune de Sceaux et ses voisines, celui de Vallée Sud Grand Paris (VSGP) à propos de son Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET). La date limite pour les contributions, initialement fixée au 31 décembre a été repoussée au 15 janvier pour cause de Covid. Le temps nécessaire à un examen du plan d’actions.
Un plan diversifié
Le plan ne comprend pas moins de 51 actions, réparties en 6 axes stratégiques, chaque action faisant l’objet d’une fiche en deux pages. De quoi permettre à chacun d’y trouver son compte.
Les actions sont très diverses, d’importance variable et plus ou moins concrètes.
Entre « animer un groupe de travail avec les élus »(action 12) et « Restructurer le réseau de bus porté par le Territoire et l’offre portée par Ile-de-France Mobilités pour qu’1/4 des déplacements se fasse en transports en commun » (action 19) ou « Étendre les réseaux de chaleur existants et créer de nouveaux réseaux pour multiplier par 4 la chaleur actuellement distribuée » (action 25), on comprend qu’on est face à des actions d’importance très inégale (ce qui ne signifie pas qu’il faille négliger des actions moins importante.
De même on trouve des actions particulièrement précises comme l’action 17 (Passer à 100% d’éclairage public en LED d’ici 2035 et développer un système de smart éclairage public) et d’autres qui restent assez générales (et probablement à construire dans le temps) comme l’action 4 (S’appuyer sur les arts, la culture et le sport pour sensibiliser au développement durable)
D’abord balayer devant sa porte
L’article précédent avait souligné qu’on attendait en priorité le territoire sur tous les sujets dont il est responsable, et plus précisément sur toutes les actions qu’il est seul à pouvoir mener car elles font partie de son domaine, et du sien seul.
Sur les 51 actions du plan, 24 peuvent être considérée comme relavant de ce critère « si le territoire (et ses communes) ne fait pas cette action, personne ne pourra la mener à leur place ». Par exemple :
- Action 5 : Impliquer l’ensemble des agents de Vallée Sud – Grand Paris dans la démarche Plan Climat
- Action 12 : Animer un groupe de travail avec les élus en charge du développement durable et un autre avec les chargés de mission développement durable
- L’action 17 vise à diviser par 2 la consommation énergétique de l’éclairage public d’ici 2025 : Passer à 100% d’éclairage public en LED d’ici 2025 et développer un système de smart éclairage public
- Action 19 : Restructurer le réseau de bus porté par le Territoire et l’offre portée par Ile-de-France Mobilités pour qu’1/4 des déplacements se fasse en transports en commun
- Action 20 : Étendre le réseau d’itinéraires cyclables permettant de circuler en sécurité et rapidement sur des axes structurants
- Action 25 : Étendre les réseaux de chaleur existants et créer de nouveaux réseaux pour multiplier par 4 la chaleur actuellement distribuée
24 actions sur 51, c’est à peine moins que la moitié. On peut considérer que c’est satisfaisant, sans préjuger du fait qu’il puisse ou non manquer une action de ce type
Accompagner les citoyens
Il reste donc 27 actions qui consistent à agir dans un domaine où d’autres pourraient faire (par exemple un projet de méthanisation) ou à agir pour que les acteurs privés modifient leur comportement.
Le citoyen qui s’intéresse un petit peu à ces sujets ne pourra qu’être effaré par l’écart immense qui existe au sein même de la population entre
- Ceux qui sont encore dans le déni par rapport au problème (et ne comptent pas changer leur mode de vie d’un iota)
- Ceux qui pensent que ce sont d’abord les autres qui doivent changer
- Ceux qui trouveront toujours qu’on n’en fait pas assez
- Ceux qui privilégient telle ou telle solution et ne veulent pas entendre parler des autres
- Ceux qui sont prêts à agir mais ne savent pas comment
- Et tous les cas intermédiaires…
Cette diversité existe évidemment aussi parmi les élus.
Et pourtant l’enjeu est immense et les changements attendus considérable
Sur la seule question de l’objectif climatique, le rapport RTE parle, à l’horizon 2050
- D’une consommation d’énergie diminuée de 40 % par meilleure efficacité et par sobriété
- De la quasi-disparition de l’utilisation des énergies fossiles, par diminution et substitution
Si les modalités pour y arriver, les valeurs à atteindre sur tel ou tel aspect du dossier sont largement discutées, l’importance du changement à mener fait l’objet d’un large consensus
Alors, trouver la façon d’emmener les acteurs publics, les entreprises et la population vers les changements dans leurs comportements est sans doute un élément clé du dossier.
Exemple de la rénovation énergétique
Prenons un exemple, celui de la rénovation énergétique du parc immobilier. L’objectif national est qu’il faut d’ici 2050 rénover quasiment tout le parc. Cela représente 1 million de logements par an dont pour le territoire, 6000 logements par an(non compris les locaux d’activité, les commerces, les bureaux etc…). On en est très, très, loin.
Le groupe de travail « bâtiment » de la coordination des associations qui s’est constituée pour suivre ce dossier sur le territoire, a proposé de commencer par une phase dite expérimentale, avec un objectif plus limité pour commencer (par exemple 1000 rénovations par an). Le but serait de se servir de cette phase expérimentale pour identifier les freins réels ou imaginaires, proposer et tester des solutions, faire connaitre les résultats à la population et se donner les moyens d’’un volume plus important par la suite.
L’action 15 du PCAET (Créer un dispositif d’accompagnement à la rénovation énergétique) correspond à cette question, mais son contenu montre qu’on en est encore aux balbutiements. On parle d’une étude de faisabilité pour l’éventuelle création d’une société d’économie mixte. Mais peut être vaut -il mieux se donner des objectifs réalistes et construire des bases solides plutôt que de se donner des illusions en affichant des objectifs déconnectés des réalités
La question de la prise de relais par les communes
On peut reprocher au plan de manquer d’ambitions ou de pécher par l’absence, à quelques exceptions près, d’objectifs quantifiés. Mais la réalité est qu’il n’aboutira à des résultats que si chacune des 11 municipalités du territoire s’en empare.
A cet égard, on peut même se demander si le plus important n’est pas l’axe transversal et ses 12 actions, qui visent à diffuser une « culture de développement durable », et en particulier l’action 12 : Animer un groupe de travail avec les élus en charge du développement durable et un autre avec les chargés de mission développement durable.
Dit autrement, on peut souhaiter une amélioration de ce PCAET, mais le vrai défi reste sa mise en œuvre