Philippe Laurent vient de publier aux Editions de l’Aube « Maires de toutes les batailles. En finir avec l’hypocrisie décentralisatrice ». La préface de Gérard Larcher ne déroge pas à la règle de l’encensement du texte qu’elle introduit. Elle ne manque pas à l’obligation de parrainer une pensée qui se veut originale. Ici, en proposant le principe de subsidiarité « ascendante », Gérard Larcher montre qu’il partage l’impatience exprimée par Philippe Laurent.
Philippe Laurent est un homme travailleur, honnête, sincère et franc, pétri de la certitude de la justesse de ses convictions. C’est dans une relation presque exclusive de son curriculum vitae qu’il expose les fondements de sa vision organisatrice et gestionnaire de la mission d’un élu républicain local.
Au fil des chapitres dont le contenu montre, engagement après engagement, l’inspiration d’une pensée politique qui, en France, a été celle d’un centre oscillant constamment entre des choix de droite et de gauche sans jamais en endosser les valeurs fondatrices (Giscard d’Estaing souvent cité fut de ceux-là), Philippe Laurent essaie de démontrer qu’il est, de toute évidence, le tenant d’une pensée fédératrice des maires de France contre un pouvoir central devenu antidémocratique et castrateur.
Si on peut le suivre au cours d’une argumentation parfois contradictoire, mais toujours ferme et critique, dans son analyse de l’évolution des contraintes auxquelles sont soumises les communes, on est bien en peine de lui trouver une vision politique faisant sens dans le contexte actuel des changements planétaires. S’il veut bien considérer la crise sanitaire due au Covid 19, c’est pour affirmer combien les seules actions communales ont été à la hauteur de l’événement. Quant à la crise climatique, elle est ramenée à « … une cause nouvelle, comme l’environnement ».
Tous les dysfonctionnements et méfaits, ou presque, de nos institutions politiques territoriales créées dans le cadre de la décentralisation sont évoqués à juste titre, sans jamais dissimuler qu’il y participe de fait en assumant des fonctions et responsabilités qu’il y remplit apparemment sans état d’âme.
L’essentiel des reproches est focalisé sur les contraintes procédurières, financières et fiscales (c’est son domaine de compétence), imposées par une réglementation étatique, centralisée et bureaucratique. On comprend vite que c’est là son combat : changer en profondeur les institutions républicaines dévoyées par un pouvoir présidentiel devenu olympien par la volonté d’un seul. Et pour ce faire, s’appuyer sur une fronde des élus municipaux représentant un peuple envahi par des manifestations anarchisantes et sans issues, par exemple les gilets jaunes souvent cités. On pourrait presque y trouver des accents mélenchoniens.
Cette dernière remarque pourrait bien paraître excessive tant ce plaidoyer pour un redressement salutaire que beaucoup appellent de leurs vœux, est plein de bon sens et de franchise. Mais une coïncidence ne fait pas une vision politique. Or, de toute évidence, l’actualité planétaire ne se situe plus dans l’aménagement des règles qui nous gouvernent. Il est devenu urgent et nécessaire de penser notre avenir commun au-delà de la réalité locale, fût-elle pétrie d’ambitions, devenues déraisonnables, comme l’organisation des Jeux olympiques ou la création de la Métropole du Grand Paris.
Les maires de France seront-ils séduits par cette lucidité « subsidiaire » qui voudrait leur rendre la possibilité de régler les problèmes locaux à leur idée et avec leurs moyens ? L’égalité républicaine y trouverait-elle son compte ?
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