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Le premier maire de Sceaux

Le 7 février 1790, les cent vingt-cinq citoyens actifs de Sceaux (sur les quelque 2000 habitants de la paroisse) se réunirent en l’église pour élire le premier maire de la ville. Étaient citoyens actifs les hommes majeurs, domiciliés dans le canton et payant une contribution directe correspondant à au moins trois jours de travail. La paroisse de Sceaux était auparavant dirigée par une assemblée élue composée de notables et présidée par un syndic.

Le décret du 14 décembre 1789 apporta localement quelques transformations : le syndic est remplacé par un maire, élu par ses concitoyens, entouré d’un procureur syndic et d’un bureau municipal de cinq membres. A cela s’ajoutait un conseil général de la commune composé de 12 personnes également élues.

Si la Révolution commençante ne bouleversa pas le mode de fonctionnement communal mis en place les dernières années de l’Ancien Régime dans les paroisses rurales, elle permit néanmoins de porter des hommes nouveaux à la tête du pouvoir local. Richard Glot, élu ce 7 février 1790, est bien l’un d’entre eux. Né à Paris en 1740, il se déclara « écuyer et fourrier des logis du roy » sur son acte de mariage à Sceaux en 1764 avec Marie-Geneviève Saugé.

Il racheta le 29 août 1772 la manufacture de faïence de la ville à celui qui en avait fait sa gloire, Jacques Chappelle. Glot était un proche du duc de Penthièvre, seigneur du domaine de Sceaux, il devint même son fondé de pouvoir en 1776 et fut chargé de percevoir les droits seigneuriaux en 1789. L’homme acquit une renommée nationale quand il protesta, au nom des faïenciers français, contre le traité de libre-échange conclu en 1786 avec l’Angleterre. D’après le mémoire qu’il rendit en 1790, État des manufactures de faïence et de porcelaine établies dans le royaume, c’est à ce traité qu’il faut imputer la grave crise que rencontraient alors les manufactures françaises, minées par la concurrence britannique. Les auteurs contemporains nuancent ce jugement(*).

C’est donc sur le propriétaire d’une manufacture réputée, sur l’homme de confiance du puissant seigneur local, le duc de Penthièvre, et bon connaisseur de la chose locale que se sont porté les voix des Scéens. Richard Glot sembla accueillir favorablement les idées nouvelles : il fut l’un des rédacteurs des Cahiers de doléances de la ville rédigés en 1789 et n’hésita pas à présenter sa candidature en tant que maire.

Son mandat fut toutefois interrompu assez vite lorsque quelques mois après son élection, la commune lui demanda des comptes sur la gestion de la ville. Ce fut une affaire qui demeure obscure pour nous et qui l’amena à se démettre de son mandat. Comme il avait pris goût à la chose publique, il remplit d’autres fonctions dans l’administration du département de la Seine. Il demeura néanmoins attaché à Sceaux quelques années où il commanda la milice municipale durant la période révolutionnaire. On devine que sa bonne fortune dut susciter quelques remous ou quelques envies. Il fut arrêté en l’An II (on ne sait pas exactement la date) et remis en liberté en invoquant l’aide de la Société populaire qui rassemblait les plus ardents révolutionnaires.

En 1794, Richard Glot vendit la manufacture à Pierre Antoine Cabaret et se retira à Versailles où il fut conseiller de préfecture. Il y mourut le 27 septembre 1820.


Documents cités:
> Victor Advielle, Histoire de la ville de Sceaux depuis ses origines jusqu’à nos jours, Sceaux/Paris, Charaire et fils éditeurs/A. Picard, 1883
> Archives de Sceaux, Etat civil, mariage de Richard Glot 1764
> Cahier de doléances de Sceaux
> Archives des Yvelines, état civil de Versailles décès de Richard Glot, 27 septembre 1820

Pour en savoir plus sur la manufacture de faïence de Sceaux
> Georges Poisson, Maddy Ariès, Christian Gautier, Christian Béalu, Jacques Bastian, Sceaux-Bourg la Reine, 150 ans de céramique [catalogue de l’exposition du musée de l’Île-de-France à Sceaux], Éditions Narboni, 1986
> Françoise Petit, « Les métiers exercés à Sceaux au XVIIIe siècle. Le château. La manufacture », Bulletin des Amis de Sceaux, nouvelle série, n° 86, p. 3-28.

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