La Gazette a déjà publié un article sur le conseil municipal du 16 décembre, qui aborde notamment le dossier de l’aménagement de la place Charles de Gaulle. Il s’agit ici de revenir, non pas sur le fond, mais sur la manière dont s’effectuent les échanges.
La séance du 16 décembre avait plutôt bien commencé. Le stationnement payant et la délégation de service public afférente étaient à l’ordre du jour. Dans une intervention solidement argumentée, Fabrice Bernard évoquait le développement rapide des voitures électriques et des vélos à assistance électrique et s’interrogeait sur les conséquences à en tirer dans les parkings publics. Dans sa réponse, Patrice Pattée, adjoint à l’espace public et aux mobilités affirmait plusieurs fois être d’accord avec le conseiller d’opposition sur les points évoqués.
Attaques personnelles
Et puis on est passé au sujet suivant, avec les évolutions du projet de la place Charles de Gaulle. Les avis ont été moins consensuels, ce qui n’a en soi rien d’anormal : si des membres du conseil municipal ont été élus sur des listes concurrentes, c’est bien qu’ils avaient des désaccords sur un certain nombre de sujets !
Pour autant, les désaccords justifient-ils les attaques ad hominem, voire ad personam, telle que celles que l’on a pu entendre à l’occasion de ce sujet ? J’ose penser que non. Rappelons que ce type de propos consiste à s’attaquer aux personnes plutôt qu’à leurs arguments. Il donne le sentiment à l’observateur extérieur que les personnes qui les utilisent manquent d’arguments sur le fond. Souvent il traduit le fait que les émotions ont pris le pas sur la raison pour ceux qui les tiennent. Une des choses qui m’a frappé en arrivant à Sceaux, c’est la politesse au quotidien de pratiquement tout le monde. Doit -on faire exception quand la politique s’en mêle ?
A la Gazette, on cherche à s’intéresser à ce qui se passe au Conseil Municipal. C’est ainsi que j’ai pu assister à une partie des trois dernières séances. Et j’ai constaté à chaque fois des attaques que je considère comme à la fois inutiles et déshonorant les personnes qui les portent. Précisons tout de suite qu’il y en a eu peu, on pourrait même dire très peu, mais ce peu est de trop. Précisons aussi qu’il est volontaire de ne pas les nommer ici, le but n’est pas de stigmatiser tel ou tel mais de proposer de changer. Ces attaques sont venues de plusieurs camps, ce n’est pas une question de position politique. Peut-être faut il suggérer aux personnes qui se laissent ainsi emporter de faire une formation à la communication non-violente ?
Je précise que je compte dans ces attaques ad hominem celles qui consiste à dénier à certains le droit de parler d’un sujet pour une raison liée à sa personne. Et je dois dire pour finir que j’ai vu la plupart des membres du conseil se comporter dignement.
Quel débat possible ?
La loi du 19 novembre 1982 a donné aux listes minoritaires une place dans les conseils municipaux des villes de plus de 3500 habitants, place qu’elles n’avaient pas auparavant. En 1999, le Sénat a débattu d’une proposition de loi, émanant d’élus socialistes, tendant à étendre ce système aux villes de 2500 à 3500 habitants. On peut lire dans l’exposé des motifs :
La loi n° 82-974 du 19 novembre 1982 a institué un mode de scrutin mixte combinant scrutin majoritaire et représentation proportionnelle dans les communes de 3 500 habitants. Ce système fonctionne bien et personne aujourd’hui ne songe à le remettre en cause. Il permet à la fois à la majorité de gouverner, à la minorité de s’exprimer et de participer à la gestion des affaires.
Ce système a probablement un avantage : une équipe gagnant les élections après avoir été dans l’opposition a normalement une connaissance des dossiers qui lui permet de démarrer son mandat dans de bonnes conditions. Dire que la minorité participe à la gestion des affaires parait cependant un peu présomptueux. On peut cependant espérer qu’il y a des débats utiles en commission et que les suggestions des minoritaires y sont écoutées, voire parfois entendues.
Mais les séances du conseil municipal ne peuvent guère avoir se rôle. On y vote des textes déjà ficelés. Bien sûr, majorité et minorité y échangent des explications et des arguments qui peuvent éclairer le citoyen qui s’interroge sur les actions de la municipalité. L’action des minoritaires est cependant extrêmement limitée par les règles en vigueur, le législateur ayant eu la sagesse de laisser à la majorité les moyens de gouverner (majorité confortable assurée par la prime au gagnant, maitrise de l’ordre du jour et maitrise des débats).
En séance, cela donne 90% des élus de la majorité dont le seul rôle est de voter à la fin de chaque discussion (enfin voter, il leur suffit de ne pas réagir quand le maire demande qui vote contre puis qui s’abstient). Des conseillers d’opposition qui tentent d’apporter la contradiction et qui se préparent longuement en ce sens. Un maire qui considère que l’unanimité prouve qu’il a raison et gère bien et que des votes contre prouvent que l’opposition n’est pas sérieuse.
Lors du dernier conseil, un élu a noté qu’il n’y avait que trois pékins dans les rangs du public. Deux des trois étaient des rédacteurs de la Gazette (qui n’y ont pas vu une attaque personnelle). La réalité est que le citoyen a ses propres responsabilités, familiales et professionnelles, et qu’il n’a guère envie de passer du temps à assister à ce qui ressemble à une pièce où tout est déjà écrit.
Merci à Gérard Bardier d’écrire : « Une des choses qui m’a frappé en arrivant à Sceaux, c’est la politesse au quotidien de pratiquement tout le monde » , rappel aux comportements sociaux normaux qui permettent de savoir que nous visons dans une société civilisée.
Et ce propos est immédiatement suivi par cette question : « Doit -on faire exception quand la politique s’en mêle ? »
Pour ma part, ma religion est faite. Quand je parle « politique de la ville » avec certains de ceux qui font justement la politique de la Ville de Sceaux, je suis toujours incommodé par la facilité avec laquelle il leur arrive de qualifier leurs administrés contradicteurs de manière tout à fait incivile et grossière, en me prenant à témoin en presque aparté : « Celui-là,… Ah ! Quel c… ».
À partir du moment où celui qui parle porte en son for intérieur un tel jugement, souvent a priori sur l’autre « différent », on ne peut guère s’attendre à ce que dans la discussion spontanée ce jugement ne s’exprime sans retenue.
La liberté de conscience ne libère pas du devoir de respect.
Un courageux anonyme a déposé le commentaire suivant
« Il est vrai que X et Y ont été particulièrement virulents et agressifs ce soir-là. Nous le regrettons tous. »
C’est moi qui ai remplacé les noms par « X » et « Y » (nous ne publierons pas le commentaire en question)
Attaquer nommément les personnes en se réfugiant dans l’anonymat laisse pour le moins rêveur. De plus sans la moindre justification des qualificatifs avancés…
C’est volontairement que je n’ai pas mentionné les personnes dont je reproche le comportement : l’article vise au changement, pas à la vindicte populaire, et invite chaque élu à l’introspection. Comme le dit Molière dans l’Avare (Acte 1, scène 3), « qui se sent morveux, qu’il se mouche ! »
Mais prenons un exemple. Lors de la séance de novembre, un élu à argumenté que les propos d’une autre élue ne comptaient pas car « elle n’est pas cycliste » (on l’aura compris, on parlait plan vélo). Cet argument est en fait un déni de la fonction d’une élue qui est aussi là pour porter la parole de certains de ces électeurs ; dans ce cas précis, ceux parmi eux qui sont cyclistes, qu’elle le soit elle-même ou pas. C’est le principe de base du fonctionnement de la démocratie représentative.
Le fonctionnement démocratique, ce n’est pas facile. Rappelons cette citation attribuée (probablement à tort) à Voltaire : Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire
Cette gazette a t’elle pour bute d’informer de manière objective? Est ce que du moins c’est possible qu’elle le soit? J’en doute car ceux qui la rédige sont tous des candidats malheureux à l’élection municipale de 2020. Si nous partons de ce postulat sans partie pris on sait d’avance quel est votre ligne éditoriale.
L’article a été commenté par une élue de la majorité municipale, une élue de la liste Sceaux en commun et une personne présente sur la liste Sceaux Ensemble. Aucun de ces commentateurs n’a semblé choqué par mes propos, ni ne leur a reproché d’être révélateurs d’un quelconque parti pris supposé de la ligne éditoriale. Ils ont simplement et calmement apporté leur pierre au débat (et nous les en remercions).
Ce qui correspond de fait à la ligne éditoriale que nous voulons porter.
La démocratie participative est une des caractéristiques de la ville de Sceaux. Une démarche instaurée par le maire depuis qu’il est présent dans la vie politique de la ville.
Cette caractéristique est connue et reconnue outre les frontières de notre ville.
Tous les sujets structurants sont présentés et travaillés avec l’ensemble des citoyens prêts à participer à quelques réunions ou à rejoindre des groupes de travail, et les membres de l’équipe de la Gazette ne manquent pas ces rdv.
Ces réunions de travail sont ouvertes à toutes et tous… donc à l’ensemble des élus. Il est vrai que certains sujets ont été vu lors de réunions qui remontent à quelques années en arrière… et que de nouveaux arrivants à Sceaux peuvent les découvrir sans savoir qu’elles ont été le fruit de très nombreuses réunions d’échanges, de propositions, d’idées qui ont marqué et fait évoluer les projets votés aujourd’hui.
Merci à la Gazette pour sa présence aux récents conseils municipaux et pour ses restitutions qui permettent d’éclairer la vie démocratique locale. Les pratiques doivent en effet évoluer : voir – https://www.sceauxencommun.org/le-debat-democratique-au-conseil-municipal-doit-sameliorer/
Puisse donc 2022 marquer une évolution vers plus de transparence (avec en premier lieu la reprise des diffusion et rediffusion des conseils sur internet!), de démocratie et d’écoute.
En effet, ce comportement interpersonnel est tout à fait déplacé dans une séance publique : en entreprise, c’est un motif de licenciement pour faute, s’il est dirigé sur une ou des personnes en particulier. C’est un management totalement dépassé et très improductif : il y a toujours plus d’idées dans 30 têtes que dans une…
Bonne année 2022, sur de nouvelles bases relationnelles ?
La diffusion des conseils municipaux sur Internet, avec possibilité de visionnage en différé plus encore, permettrait un accès à un bien plus grand nombre d’administrés et une diminution des attaques ou des écarts de langage sans doute. Cela étant les expériences passées et récurrentes de conseils municipaux se prolongeant jusqu’à l’aube et le caractère couru d’avance des résolutions (même si les questions et réflexions des membres des groupes minoritaires peuvent être fort intéressantes et faire réfléchir) ont dû en dissuader plus d’un…
La diffusion des conseils municipaux sur Internet avait été mise en place en mars 2020 afin de respecter le caractère public des séances ; les retransmissions sont d’ailleurs toujours disponibles sur le site de la Ville. Depuis que les séances du conseil ont repris en présentiel, ces retransmissions ont hélas cessé… Il est important de les rétablir afin que tous les Scéens qui le souhaitent puissent suivre les débats et s’informer facilement.
Le maire ne veut pas d’espace de discussions et d’échanges avec l’opposition. Il refuse, sur les sujets déterminants pour l’avenir de la ville, de faire des commissions pré-conseil, pour enrichir le projet. Bien entendu, le scrutin majoritaire restera à la majorité mais pourrait sûrement faire évoluer le projet….si il y avait cette volonté.
On le voit bien avec l’échec du projet de l’école de cuisine dont une raison est l’échec du maire dans la négociation avec les demandes des riverains.