Le mois de juin est d’ordinaire festif. Entre la fête de la musique, les manifestations en plein air, les festivals, les communes mettent le paquet. Cette année, elles ne pourront ignorer la bataille politique qui commence. Le premier tour des Législatives est le 30 juin, dans moins de 20 jours. Les militants de tous bords vont arpenter les rues, frapper aux portes, organiser des meetings. C’est dans la logique élémentaire de la démocratie.
Une pensée perplexe pour les négociateurs des partis qui commencent aujourd’hui à négocier les 577 candidatures qui doivent être déposées dimanche, dans 6 jours.
Fontenay est dans la XIIe circonscription, tandis que Bourg-la-Reine, Châtenay et Sceaux sont la XIIIe.
Le député sortant de la XIIe, Jean-Louis Bourlanges, a déjà annoncé qu’il ne se représente pas. Cette législature devait être sa dernière, il l’avait déclaré dès le début, il y a deux ans. Ses difficultés de santé ne sont pas étrangères à sa décision. En 2022, au deuxième tour, il avait recueilli 57,53% des voix contre son opposante de la Nupes, Cathy Thomas avec 42,47%.
La députée sortante de la XIIIe est Maud Bregeon, très investie dans sa circonscription, candidate à nouveau. Au deuxième tour en 2022, elle s’était imposée avec 59,11% contre 40,89% à Brice Gaillard, de la Nupes. Parmi les candidats du premier tour, Numa Isnard qui avait recueilli 4,88%, annonce sa présence au nom des LR.
Transmutation
Une autre pensée va à l’Europe, qui avait nourri les débats pendant deux mois pour disparaître séance tenante le soir même des résultats. Cette Europe « responsable de tous nos maux » pour certains, cette Europe comme dimension nécessaire pour d’autres, est sortie en un éclair des radars médiatiques français.
Jean-Christophe Ploquin, dans La Croix, rappelle: « Au fait ! Il y avait des élections européennes dimanche ! En France, la dissolution annoncée par Emmanuel Macron après la victoire du Rassemblement national et l’effondrement de la majorité présidentielle a détourné l’attention du scrutin continental. »
Le débat sur la montée des (le qualificatif est au choix) extrêmes droites, droites radicales, populismes en Europe s’est recombinée en la montée des mêmes en France. Au Parlement européen, ceux-là n’ont pas fait la percée prévue et restent loin d’être une minorité de blocage.
Métaphores
Les raisons qui ont conduit Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée sont des plus obscures. On ne retiendra pas parmi les hypothèses, la volonté de tester l’électorat des XIIe et XIIIe circonscriptions des Hauts-de-Seine. Suivons plutôt les grands éditorialistes. Dov Alfon, directeur de la rédaction de Libération, s’interroge et file la métaphore avec les Jeux olympiques : « En convoquant des élections législatives le 30 juin et le 7 juillet, quand des centaines de milliers de serviteurs de l’Etat avaient prévu de prendre leurs vacances pour être prêts et bronzés aux JO de Paris, le chef de l’Etat aura au moins réussi son effet de surprise. Plus vite, plus haut, plus fort ? » Il précise sa pensée en ironisant : « Qui peut croire qu’Emmanuel Macron sait ce qu’il fait ? ».
Guillaume Tabard, éditorialiste aux Figaro, est dans un état d’esprit proche quand il se demande : « Faut-il parler d’audace ou d’inconscience ? » Mais il diffère de Dov Alfon avec une métaphore plutôt tournée tapis vert : « C’est en tout cas un coup de poker que joue Emmanuel Macron. Sonné par l’ampleur d’une défaite sévère bien qu’annoncée, il a au moins réussi à créer la surprise. »
En revanche, Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, voit les choses autrement : « Sous le choc de ce coup de théâtre institutionnel, aussi légitime qu’inattendu, la plupart des commentateurs ont choisi de recourir aux mêmes images : un pari, un coup de poker. Le problème, c’est que nous en constituons la mise, et que se décideront à la va-vite, les 30 juin et 7 juillet, rien de moins que l’avenir de notre démocratie, ainsi que le visage que nous voudrons présenter à nos alliés et nos partenaires européens, alors que notre continent est de nouveau frappé par la guerre, alors que notre monde est en état de catastrophe climatique. »
Comment ne pas souscrire ? Mais comment ne pas craindre que cette menace « fin du monde » ne touche guère les électeurs « fin du mois ».
Je suis (du verbe suivre) Maurice Zytnicki sur ses craintes conclusives.
J’ai déjà été sollicité à deux reprises pour voter par procuration.
« Tu comprends, on avait déjà planifié nos vacances ! ».
Certes, certes.
Ce sont les mêmes, qui ne s’abstiennent jamais, parce que : « Quand même, le vote on l’a conquis de haute lutte. »