La séance du 4 février 2021 du conseil municipal de Sceaux abordait deux points consacrés à l’isolation thermique : un sur l’habitat, à propos du dispositif d’aide à la rénovation énergétique des pavillons, puis un sur deux écoles. Dans les deux cas, l’enjeu des projets était de saisir l’opportunité des aides prévues par le gouvernement dans le cadre du plan de relance.
Les pavillons
Dans un article précédent LGdS a présenté la démarche de la ville et l’accompagnement qu’elle propose aux propriétaires qui optent pour la rénovation énergétique de leur pavillon. Il s’agit d’une démarche pilote, en lien étroit avec la métropole et les ministères concernés. Le projet a été adopté à l’unanimité, majorité et oppositions confondues.
La question du volume a été soulevée par quelques élus. Florence Presson a défendu l’objectif d’une cinquantaine de pavillons par an : elle le trouve conforme à l’objectif envisagé au niveau de Vallée Sud Grand Paris, appliqué au nombre de pavillons à Sceaux. Elle pense que la question sera plus délicate avec les copropriétés dans le collectif, puisqu’il faut un assentiment partagé. Elle a aussi annoncé de nouvelles réunions ouvertes au public en mars.
Écoles élémentaires
Le deuxième projet visait deux écoles.
La toiture de l’école du Clos St Marcel est à refaire. C’est l’occasion de revoir son isolation. Coté Blagis, pour l’école élémentaire et le Centre de loisirs, le dossier est plus complexe. Une étude a été demandée à un cabinet spécialisé, qui aboutit à envisager des travaux importants (un montant de 70 000 € a été évoqué en séance). La chaudière serait à changer (elle a plus de 20 ans).
Philippe Szynkowski (Sceaux en commun) a demandé pourquoi cela n’avait pas été fait plus tôt. Réponse du maire : jusqu’à présent le retour sur investissement était estimé à plus de 50 ans. Avec les subventions prévues dans le plan de relance, la donne est complètement changée. Fabrice Bernard (Sceaux Ensemble) a demandé communication de l’étude.
Chantal Brault qui présentait le projet a évoqué la possibilité de panneaux solaires sur le toit (poser des panneaux, c’est bon a noté Philippe Szynkowski) et la possibilité d’utiliser une nouvelle chaudière à biomasse. Jean Christophe Dessanges (Sceaux Ensemble) a fait remarquer que la biomasse demandait beaucoup plus de place. Jean Pierre Riotton (Vivre à Sceaux) a fait part de son expérience dans le domaine : le prix du stère de bois a beaucoup augmenté, la biomasse demande un stockage énorme (3 à 4 camions de livraison par jour à Bagnolet), et la chaudière exige beaucoup d’entretien. Il propose d’envisager une pompe à chaleur.
Réactions épithermiques
Ces débats ne peuvent que susciter des commentaires. J’en donne ici quelques-uns. D’autres suivront dans des articles futurs.
Vouloir aller plus vite dès maintenant sur la rénovation des pavillons me parait contre-productif : il vaut mieux bien roder le dispositif que de la faire déraper en voulant trop en faire. Les premiers résultats serviront ensuite d’argument pour convaincre par l’exemple de nouveaux propriétaires.
Pour produire l’énergie fournie par un m3 de fuel, il faut 5,7 stères de bois, ou 4,4 tonnes de plaquettes de bois : le bois prend effectivement plus de place ! Il n’est pas sûr que la biomasse soit une solution adaptée.
Installer des panneaux photovoltaïques, c’est dépenser de l’argent pour produire plus d’électricité quand on en a le moins besoin, l’été et/ou en milieu de journée. Pour une raison finalement assez simple : quand le soleil donne, il chauffe déjà directement les locaux, diminuant d’autant les besoins en énergie de chauffage. Le photovoltaïque peut être une solution dans les pays où la consommation maximale est en été, à cause de la climatisation, ou si l’on dispose de moyens pour stocker l’électricité produite. Ce n’est pas le cas chez nous.
La politique suivie par la municipalité parait raisonnable : programmer les travaux de rénovation en fonction des travaux à faire par ailleurs (toiture à refaire ou chaudière à changer) est de saine gestion. Mais il serait plus facile d’en juger si les données du bilan carbone de 2008 concernant les établissements dépendant de la mairie étaient publiques. Ainsi que le résultat du diagnostic réalisé à l’école des Blagis.
Comme lors de séances précédentes, on a pu observer quelques échanges aigres-doux entre le maire et des opposants, l’une des conséquences du caractère théâtral de ces séances publiques. C’est d’autant plus regrettable que les deux sujets évoqués ici sont plutôt consensuels, comme le montre le vote favorable à l’unanimité. On ne peut qu’espérer que les discussions soient de meilleure qualité en commission. Cela semble le cas, si l’on en croit une remarque de Fabrice Bernard à ce sujet.
Dernier point. Le maire bénéficie de beaucoup d’avantages : il dispose d’une large majorité, il peut s’appuyer sur les travaux de ses services, il maitrise l’ordre du jour et arbitre les débats. Il connait bien l’histoire de la commune pour participer au conseil depuis 44 ans, alors que les élus d’opposition ne sont là que depuis moins d’un an, à l’exception de Xavier Tamby. On ne peut que regretter qu’il limite l’accès aux données du bilan carbone de 2008 ou à l’étude réalisée pour l’école des Blagis. L’accès aux informations sur le dispositif concernant les pavillons est actuellement refusé, aussi bien sur le site de la ville que sur celui de VGDS
La transparence est pourtant indispensable si on veut permettre au citoyen de se faire lui-même son opinion, un élément majeur de l’adhésion collective.
Une fois de plus je constate que les critères qui emportent la décision sont monétaires. On a bien en tête l’énergie et les économies qui résulteront de ces investissements mais personne semble-t-il ne se soucie de faire un bilan prévisionnel énergétique. L’effet d’aubaine des dispositions réglementaires d’aide financière l’emporte.
Pourquoi se priver de faire un calcul de simulation sérieux dont les résultats seraient opposables dans le cadre d’un débat sérieux ? Cela serait plus convaincant que les opinions de quelques élus municipaux qu’on pourrait espérer être justement les demandeurs de ces procédures guidées par la raison.