Quelques instantanés pris lors de la cérémonie du 11 novembre, hier, à Fontenay. Une assistance nombreuse, beaucoup d’enfants des écoles. La présence comme les années précédentes des maires de deux villes jumelées, l’une en Angleterre, l’autre en Allemagne. L’inscription sur le monument aux Morts du nom de Marie Vidalenc où, Laurent Vastel, dit « qu’elle rejoint ses compagnons d’armes». La voix ferme de Despina Biekiari, maire adjointe qui dirigeait la cérémonie, quand elle criait : « Garde à vous ! » « Repos ! » ou encore « Aux Morts ! » et qu’elle appelait à une minute de silence le 11 du 11e mois à 11h précises.
Le passé funèbre mais un avenir à dire
Il y avait eu d’abord dans le cimetière un rassemblement accompagné de la chorale Saint-Pierre Saint-Paul qui chanta dans trois langues : anglais, allemand et français. Puis on passa devant le carré militaire avant de se retrouver place du Général de Gaulle devant le moment aux Morts, où des stands étaient montés. Après lecture du message de Catherine Vautrin, ministre des Armées et des Anciens combattants et d’Alice Rufo, ministre déléguée, Dominique Lavorel du Souvenir français lit le discours du maréchal Foch au lendemain de l’armistice. Des textes sont lus par des enfants.

Si chacun des trois maires rappelle ce que les furent les deuils et les souffrances de la Première Guerre mondiale, leurs discours réservent une large place à leurs espoirs européens.
Espoirs mêlés de craintes chez Dirk Elkemann, le maire de Wiesbloch. Dans un français particulièrement vibrant, il n’élude pas son inquiétude devant les instabilités politiques. Les discours évoluent et les divergences d’opinions ne donnent plus lieu à des échanges mais à des injures. « Le compromis est considéré comme une faiblesse alors qu’il est au cœur de la démocratie. »
Politique encore, quand il voit le retour de rhétoriques nationalistes qui appellent à en finir avec l’Europe. Il connaît l’histoire allemande et sait « jusqu’où mène le mépris des groupes ». Et la défense de l’idée européenne doit se souvenir des victimes des victimes d’hier mais aussi regarder l’avenir.
Ce double regard, l’un porté vers les déchirures du passé l’autre vers l’espérance d’un futur dans la paix sera repris par Dan Ozarow, le maire d’Estree Borehamwood, puis par Laurent Vastel.
La cérémonie était évidemment conçue pour transcender la commémoration de la victoire des Alliés et de la défaite de l’Allemagne en un hommage commun aux victimes de la Première Guerre mondiale et de tous les conflits qui ont ensanglanté la France. On est dans la reconnaissance de la souffrance de toutes les familles touchées par la guerre par-delà les frontières. Et pourtant, les dangers montent, il nous faut des soldats pour rester nous-mêmes.
Les maires des trois nations côte à côte et puis la gerbe déposée par Dirk Elkemann proclamaient à leur façon que la paix impose un avenir commun en Europe.
Marie Vidalenc, une femme dans la Résistance
Ce Onze novembre fut un moment d’hommage à une femme, une résistante. Marie Vidalenc, ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay-aux-Roses, professeur engagée dans la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale. Son mari, Georges Vidalenc, également professeur et résistant, fut déporté à Dachau; il en revint. Arrêtée, comme lui, pour fait de résistance, elle fut déportée à Ravensbrück et y mourut. Le Souvenir français de Fontenay-aux-Roses consacre une page sur son site à sa biographie.

Son nom fut inscrit sur le monument aux Morts. Avec le Souvenir français, avec le maire Laurent Vastel, il faut voir dans l’inscription de Marie Vidalenc la reconnaissance du rôle des femmes dans la Résistance. Ces dernières décennies, cette reconnaissance a pris de l’ampleur. On se souvient de l’entrée de Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz au Panthéon en 2015.
Signalons qu’un Mémorial national des Femmes en Résistance et en Déportation (MNFRD) est en cours de conception. L’idée est de mettre en lumière, de raconter et de transmettre les combats et l’héritage des résistantes et des déportées, souvent cantonnées aux rôles d’agentes de liaison ou de soutien, alors qu’elles occupaient des postes de cheffes de réseau, d’imprimeuses, de combattantes, etc. Son ouverture est prévue pour 2028 au fort de Romainville aux Lilas.
Transmettre
Avec les enfants largement associés à la cérémonie, la chorale Saint-Pierre Saint-Paul, celle du collège des Ormeaux, le Conseil municipal des jeunes venu en nombre, la cérémonie s’affranchissait de son geste protocolaire. Elle semblait dire aux jeunes générations que l’horreur de la guerre a permis de tirer une leçon cruciale : le devoir de mémoire est tourné vers l’avenir, il appelle à la vigilance contre les résurgences des extrémismes. Et que l’amitié entre les peuples ne se résume pas à un vœu mais à une volonté. Pour candides qu’elles soient, les chorales d’enfants restent encore un excellent symbole. Surtout si le courage de la liberté en élève le chant.


Des enfants qui chantent dans les 3 langues, ça devait être magnifique !
Merçi pour la mention de votre ville jumelle en Angleterre.