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Coup de pouce aux Blagis

Dans le cadre du programme de réussite éducative intercommunal (PREI), des ateliers de renforcement pour les élèves de maternelle grande section, CP et CE1 ont été mis en place. Ils utilisent une méthode pédagogique éprouvée et très pratique : la méthode Coup de Pouce. Le but de celle-ci est la prévention précoce du décrochage scolaire.

Les clubs

Trois clubs Coup de Pouce ont été mis en place au sein de l’école des Blagis. Pour les grandes sections : atelier renforcement du langage. Pour les CP : atelier lecture et écriture. Pour les CE1 : atelier en mathématiques.  Bagneux a également lancé les trois mêmes clubs. A Fontenay-aux-Roses deux clubs sur le langage et un sur le lecture sont en place. D’autres démarreront à Bourg-la-Reine pour la prochaine année scolaire.

A chaque fois, un petit groupe de 5 enfants suit 3 fois par semaine, après l’école, un parcours Coup de Pouce. Il s’agit d’enfants ayant besoin d’une aide particulière pour ne pas décrocher en classe. Ils ont été sélectionnés par leur enseignant, les enfants et leurs parents ayant donné leur accord. Les animateurs ont été formés à la méthode par Céline Lecardonnel, coordinatrice du dispositif PREI. L’objectif est de permettre aux enfants concernés de se mettre au niveau du reste de la classe pour profiter de l’enseignement.

Les enjeux de la démarche

La démarche Coup de Pouce est l’œuvre d’un groupe d’enseignants lyonnais, qui s’inquiétaient des difficultés scolaires et des taux d’échecs pour les enfants issus de milieux populaires. Réunis en association en 1984, ils ont travaillé avec des chercheurs pour définir des solutions concrètes à ce problème. Sur son site, l’association explique que : « notre mission est la prévention précoce du décrochage scolaire, lors des premières années de scolarité, celles de l’acquisition des savoirs fondamentaux, celles où se développent la confiance de l’enfant, le sens donné aux apprentissages et le plaisir des mots, de la lecture et des mathématiques. »

Cela fait longtemps qu’on a compris qu’il faut traiter les questions d’apprentissage le plus tôt possible. Dans sa conférence récente à Fontenay-aux-Roses sur l’acquisition du langage, la chercheuse Josette Serres expliquait que les écarts observés à deux ans ne faisaient qu’augmenter ensuite. C’est une des raisons avancées pour augmenter les places en crèche. La principale raison du dédoublement des classes de début de primaire dans les quartiers les plus défavorisés.

Individuellement, des bénévoles se mobilisent pour aider les enfants à réussir à l’école, à travers le soutien scolaire ou l’aide aux devoirs. D’autres vont faire la lecture à l’école avec Lire et faire lire. De leur côté, les spécialistes de pédagogie mettent en avant divers concepts résultant de leur recherche. Certainement avec raison, mais le problème est qu’on ne voit souvent pas comment cela se traduit concrètement. Une future professeure se plaignait qu’en formation on apportait des concepts sans faire avec les étudiants le travail de confrontation de ces concepts avec ce qu’ils vivaient pour qu’ils puissent trouver ensuite des solutions pratiques.

La méthode Coup de Pouce est décrite dans un guide de 48 pages pour chacun des ateliers (langage pour les grandes sections, lecture-écriture pour le cours préparatoire, mathématiques en CE1). On y trouve des idées pédagogiques assez classiques, mais parfois jargonnantes (par exemple, ce critère de sélection des enfants pour un club « identifier le projet de lecteur de l’enfant »).

Mais là où cela devient intéressant, c’est que ces concepts sont déclinés de manière très concrète. Trois exemples tirés du guide pour illustrer ce pragmatisme : le déroulement des séances, la coordination avec les parents et les jeux proposés.

Le déroulement

Par exemple, une séance pour les élèves de CP (les découpages pour les autres ateliers sont un peu différents, mais on y retrouve les mêmes logiques) est décrite en ces termes.

  • 30 minutes pour faire la transition entre la classe et le club :  accueil des enfants dans la salle du club et passage aux toilettes, puis goûter avec animation de la discussion. Présentation du mot du jour en fin de séquence.
  • 15 minutes de travail de lecture donné par l’enseignant
  • 25 minutes d’activités brèves et ludiques : lecture surprise, production collective d’écrits, jeu de sons, jeu de lecture.
  • 10 minutes en autonomie pour 4 enfants par deux, pour lire et écrire. Le cinquième enfant travaille avec l’enseignant
  • 10 minutes pour lire une belle histoire
  • Accueil des parents

Comme on le voit c’est concret. Sachant que chacune des étapes de ce déroulement donne lieu à une page de méthode. Des explications conçues comme un soutien de l’animateur et non comme un carcan indépassable.

Coordination

Pour assurer « la coéducation via l’engagement des parents, des enseignants et des équipes Coup de Pouce », le guide propose 10 actions concrètes. La première étant évidemment l‘importance donnée par le guide à l’accueil des parents. Si on continue en partant du déroulement ci-dessus, l’animateur peut aussi proposer aux parents d’assister aux dernières 10 minutes « pour lire une belle histoire ». Il est aussi proposé aux enfants d’emprunter des jeux ou des livres du club pour les partager avec leurs parents et leur enseignant.

La liste comprend aussi les cérémonies Coup de pouce (au début et à la fin du programme), les visites individuelles du club, le cahier de vacances, le questionnaire de fin d’année, la lettre d’information hebdomadaire aux acteurs de terrain, le SMS par semaine aux parents, les séances collectives.

Le plaisir de la réussite par le jeu

Prendre plaisir à réussir est un élément clé de la confiance en soi. Placer l’enfant dans des conditions de réussite est un des moyens utilisés dans la démarche. Dans le contexte du jeu, les enfants peuvent plus facilement essayer et se tromper.

Le guide pour la lecture-écriture (CP) propose quatre activités brèves et ludiques : la lecture surprise, la production collective d’écrits, le jeu de sons, le jeu de lecture. Chacune de ces activités donne lieu à une ou deux pages d’explication. Idées de lecture surprise : devinette (je suis plein de tout, mais je retiens l’eau qui suis-je ? Une éponge) ; blagues (qu’est-ce qui fait le tour du monde dans son coin? Le timbre) ; expressions (donner sa langue au chat) ; défis, charades. Ces idées sont accompagnées d’animations décrites en quelques lignes : le rouleau magique, la lettre du facteur, le puzzle, la chasse au trésor, la bouteille à la mer (d’autres peuvent être trouvées sur le site, dans la partie dédiée aux animateurs de club).

Le guide pour les mathématiques (pour les CE1) propose des activités brèves et ludiques. On n’en citera ici que deux, l’une liée à la représentation spatiale et à la géométrie, l’autre au calcul. D’abord donc : l’utilisation du tangram pour réaliser des formes avec les pièces du tangram. Ensuite, une variante du pouilleux, consistant à marier deux cartes pour faire un total de dix.

Quelques remarques

Le jeu est le premier éducateur, disait Baden-Powell, le fondateur du scoutisme. Mais il le sera d’autant plus qu’il remplit un certain nombre de conditions. La première de celle-ci est l’existence de règles.  Des règles qui ne bloquent pas le jeu (certaines règles du football sont trop compliquées pour des poussins par exemple), mais qui au contraire le permettent. Manifestement, les auteurs des guides ont compris l’importance des règles puisqu’ils consacrent plusieurs pages à la manière de les définir, de les appliquer et d’éviter que les enfants les transgressent.

Ces clubs ne s’adressent pas au même public que celui visé par le programme de réussite éducative (PRE). Ce dernier s’adressait avant tout à des jeunes ayant des difficultés de comportement alors qu’ici on est plus lié à des questions de compréhension, souvent liées à un manque de culture de confrontation à l’écrit.

On retrouve ici l’importance du volontariat, déjà évoquée pour le PRE. La Gazette l’avait déjà évoquée à propos du Service National Universel .

Les créateurs et promoteurs de Coup de Pouce

L’association a été créée en 1984 à Lyon par un groupe d’enseignants. Immédiatement, un conseil scientifique a été mis en place autour de Gérard Chauveau et d’Eliane Rogovas-Chauveau, chercheurs à l’INRP. L’association a mobilisé pendant 10 ans des chercheurs en éducation avant la naissance du premier programme Coup de Pouce en 1994. « Nous concevons, dit le site, en collaboration avec les chercheurs de l’éducation et aux côtés de l’école, des programmes péri- et extrascolaires basés sur le jeu et la coéducation. »

Ces programmes ont eu le soutien de ministres successifs. Au premier programme ont succédé deux autres. D’autres sont en cours d’expérimentation. La démarche bénéficie aujourd’hui à plus de 10.000 enfants par an. Les retours d’expérience de terrain sont exploités pour améliorer la méthode.

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