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Le château de la Roseraie

À Châtenay-Malabry, il existe un patrimoine remarquable situé au cœur du centre-ville. Partie intégrante du CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportives) jusqu’à peu, le château de la Roseraie apparaît au travers de ses grilles donnant Rue Voltaire. Dans quelques mois, grâce à l’ouverture au public du parc qui le longe, il sera plus facile d’admirer ses belles façades, témoins de bien des choses.

Quatre siècles d’histoire

Construit au XVIIe siècle, du temps de Colbert, ce domaine entouré d’un grand parc, fut successivement propriété du Maréchal de Ségur, ministre de la Guerre de Louis XVI, de la famille Arouet, du Prince Francesco Borghèse, Premier écuyer de l’Impératrice Marie-Louise, du Comte Benoît de Boigne et enfin de Roland-Gosselin et de sa descendance.

Le mystère de la naissance de Voltaire

Voltaire a toujours prétendu ne pas être né à Paris, comme indiqué sur son acte de naissance, mais dans la propriété de son père, le château de la Petite Roseraie. Mais cela paraît peu vraisemblable puisque ce domaine a été acquis par le notaire parisien seulement en 1711 alors que son fils avait déjà 17 ans. Pourtant, ce fait semble être confirmé par la Comtesse de Boigne dans ses mémoires : « Je transportais mes pénates dans un petit manoir situé dans le village de Châtenay, près de Sceaux. La naissance de Voltaire dans cette maison lui donne prétention à quelque célébrité.« 

Les soirées de la Comtesse

Durant plus de 40 ans, de 1812 à 1853, on y fit salon au gré des saisons. On pouvait ainsi y croiser des grandes figures de la littérature française, des scientifiques, des politiques et des diplomates. Leur point commun ? Ils étaient tous proches de la maîtresse de maison, la Comtesse de Boigne, née Adèle d’Osmon. Madame Récamier, son amie depuis une dizaine d’années, y séjourna à plusieurs reprises et bénéficia des visites assidues de son amant Chateaubriand, qui venait en voisin. Autre hôte de marque, Madame de Staël ou encore Louis-Philippe en 1834.

Partageant son temps entre ses appartements parisiens et son autre demeure de villégiature, à Trouville où elle finira par s’installer en 1853, c’est pourtant à Châtenay que la Comtesse choisit d’y écrire ses mémoires intitulées Récits d’une tante, mémoires de la comtesse de Boigne, née d’Osmond. Témoignage acerbe sur la Monarchie de Juillet, la version intégrale (5 volumes) ne sera publiée que dans les années 1920.

Bien qu’il ne fût pas un de ses contemporains, Marcel Proust a toujours apprécié les mémorialistes et fut un lecteur assidu de la Comtesse. Dans A la recherche du Temps perdu, l’écrivain s’inspirera de sa vie et de sa personnalité pour créer le personnage de Madame de Villeparisis.

Les grands travaux

En 1853, changement d’ambiance : Alexandre Roland-Gosselin, agent de change, achète le château à la Comtesse qui s’installe définitivement à Trouville. Le nouveau propriétaire détruit la Maison Arouet, dont il subsiste aujourd’hui un bel escalier à double révolution. Il fait aménager le parc par l’architecte Louis-Sulpice Varé, responsable du Bois de Boulogne. Une orangerie et une petite maison pour enfant, baptisée « le château de poupée » (transformée en chapelle en 1909) sont construits.

L’âme philanthrope, Roland-Gosselin finance en 1854 la création d’une école communale pour jeunes filles située rue des Vallées. En 1875, Marie poursuit l’œuvre de son grand-père. Elle inaugure un orphelinat réservé aux jeunes filles nécessiteuses dans un nouveau pavillon baptisé La Petite Suisse. Le bâtiment existe toujours et a été rebaptisé Les Lilas. Le Général Appert reçoit en héritage le domaine puis le transmet à son tour à son petit-fils, le Commandant Appert. Ancien Ambassadeur de France en Russie, il sera le dernier propriétaire privé du domaine qui fut en 1940 occupé par les Allemands et dégradé.

Un centre de sport de haut 

Dès 1941, l’État en devient propriétaire par expropriation. Il y installe un des premiers CREG (Centre Régionaux d’Éducation Générale) transformé, à la Libération, en École Normale Supérieure d’Éducation Physique de jeunes filles. Puis en 1975, cela devient un Centre d’Éducation Populaire. Enfin, en 1986, c’est un nouvel acronyme avec la création par la Région Île-de-France du CREPS (Centre de Ressources, d’Expertise et de Performance Sportives) qui occupe l’ensemble du site de 19ha. Avec la fermeture du CREPS de Montry (Seine et Marne) en 1986, Châtenay-Malabry devient l’unique site francilien. A ce titre il fait officiellement partie des 620 sites labellisés Centres de préparation aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Il accueille alors la délégation ukrainienne.

Tout en conservant ses équipements et bâtiments, le CREPS s’est séparé récemment de sa partie basse, constituée du parc et du château, désormais propriétés du département des Hauts-de-Seine. Une fois clôturé, ce nouvel espace vert, baptisé Parc de la Roseraie,  offrira 8 hectares de verdure supplémentaire aux Alto-Séquanais. On peut miser qu’à coup sûr cette ouverture au public conférera un regain d’intérêt pour le château de la Roseraie.


Sources

  • Mémoires de la comtesse de Boigne I, Du règne de Louis XVI à 1820, Le Temps Retrouvé, Mercure de France, 2008, p.239, (ISBN 978-2-7152-2178-9)
  • Le Parisien, article de Anne-Sophie Damecourt du 3 avril 2024
  • Les Nouvelles de Châtenay (octobre 2001)
  • Les Nouvelles de Châtenay-Malabry (septembre 2004)

  1. MAIRE MAIRE 1 avril 2025

    Très intéressant et complet : merci ! Cela donne envie de prendre connaissance des mémoires de cette fameuse comtesse (disponible à la médiathèque de la ville, c’est la moindre des choses…
    Ps : Un centre de sport de haut… niveau (je suppose) que le parcours de la flamme olympique ne manqua pas de traverser cet été …

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