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Le CARRRO sur la ligne Robinson du RER B

Dominique Daugeras est présidente du CARRRO (Collectif des Associations et des Riverains du RER B Robinson). Cette association intervient auprès d’IDFM (Île-de-France Mobilités) au nom des usagers. Elle fait état de leurs problèmes et ils sont nombreux, mais aussi de leurs attentes. Elle transmet à ses adhérents les informations reçues des opérateurs de transports (RATP et SNCF) et de l’AUT-IDF (Association des Usagers des Transports d’Ile-de-France) et « elles sont nombreuses, dit Dominique Daugeras. Normal, le RER B transporte près d’un million de passagers chaque jour est la deuxième ligne d’Europe par sa fréquentation. »

Atout CARRRO

A la suite de la baisse énorme de fiabilité du RER B ligne de Robinson, qui s’est produite à partir de 2004, « le collectif a été créé en 2005 par Jean-Jacques Campan, qui a été élu ensuite conseiller municipal de Sceaux, et conseiller général de notre circonscription. » Lui, Marcelle Vernet et elle-même avaient alors analysé les causes de cette dégradation, une des principales étant probablement « l’augmentation de la circulation des trains de la ligne D du RER dans le tunnel entre Châtelet et Gare du Nord commun aux deux lignes, ce qui a perturbé celle du RER B. »

Le CARRRO regroupe aujourd’hui, en plus d’usagers individuels, les associations Chêneaux-Sablons à Sceaux et CIVIFAR à Fontenay-aux-Roses. Dominique Daugeras a elle-même assuré la présidence de Chêneaux-Sablons de 2008 à 2015. Elle y a mis fin en devenant conseillère municipale à Sceaux dans la liste de Jean-Jacques Campan.

Le CARRRO est adhérent de l’AUT-IDF qui est membre de laFNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports). Le président de l’AUT est Marc Pélissier. En tant qu’association d’usagers, le CARRRO participe à des réunions avec IDFM (anciennement Syndicat des transports d’Île-de-France (STIF). Le conseil d’administration d’IDFM est présidé par Valérie Pécresse, qui est aussi présidente du conseil régional d’Île-de-France.

Problèmes de la ligne B du RER

Ainsi, le CARRRO suit de près les problèmes qui ne manquent pas de surgir sur toutes les lignes du RER B. « Des transformateurs claquent, dit Dominique Daugeras, des caténaires défaillent, des rails sont à remplacer. On paie le manque d’investissements dans le RER B, lorsque le président du conseil régional, Monsieur Huchon, préférait le tram. »

Les incidents techniques y sont fréquents. Et quand il en survient un sur l’un de ces lignes (qui comptent 47 gares réparties dans 41 communes), celaentraîne parfois des perturbations sur l’ensemble du réseau. De même pour les travaux de maintenance.

Des retards ont été observés sur la ligne B également en raison d’une mauvaise coordination des horaires entre la SNCF et la RATP.

L’information aux usagers s’en ressent. En 2019, lors de travaux de modernisation à Gare du Nord, la RATP et la SNCF ont utilisé des canaux de communication différents pour informer les passagers. La RATP a principalement utilisé son application mobile et son site web, tandis que la SNCF a privilégié les annonces en gare et les panneaux d’affichage, ce qui a conduit à des informations incohérentes.

« Beaucoup d’incidents (souvent aussi des « faits sociaux ») proviennent de la partie nord du RER B (ainsi la Plaine Saint-Denis et au Bourget) : des personnes sur les voies, des fermetures de portes empêchées, des tunnels Gare du Nord occupés. » S’y ajoutent ce que la RATP nomme des « problèmes humains », à savoir des oublis de bagages, des malaises voyageurs.

Relations avec IDFM

Des réunions régulières organisées par IDFM tiennent les associations d’usagers (dont le CARRRO) informées de l’état des problèmes et des évolutions. Ainsi, septembre 2023, elles furent informées du lancement du plan Ramette dont il est question plus bas. En septembre 2024, Valérie Pécresse leur exposait les termes de la « révolution billettique » qui se déploie en ce moment, à savoir le tarif unique (2,50€) pour métro et RER, et un autre (2€)pour bus et trams, quelles que soient les zones. Au passage, Dominique Daugeras, un brin narquoise, évoque la difficulté de la mise en place des nouveaux tickets en janvier 2025 « J’ai acheté à Paris un ticket pour aller à Robinson et, à la sortie, il a été refusé ! » Visiblement, les machines ont mis du temps à être toutes mises à jour.

Pourtant, elle n’en veut pas à Valérie Pécresse, qu’elle juge courageuse et sincère. « Elle veut savoir ce qui se passe vraiment pour les usagers dans les transports en commun, écoute, invite à parler lorsqu’elle rencontre des associations. Elle donne suite aux doléances, du moins s’y efforce. Elle veut des transports publics fiables, performants et modernes. Depuis son arrivée, des progrès ont été faits, en particulier pour la propreté. Une équipe nettoie les trains à Robinson. Ça n’existait pas avant. »

Plan Ramette

Valérie Pécresse, en mars 2023, a commandé le « plan Ramette ». Pour Dominique Daugeras, c’est un louable effort pour améliorer la ponctualité et la qualité de service de la ligne B du RER. Le site Le Rail donne quelques détails. Le plan prévoit l’équipement de tous les trains avec des puces GPS, et la réduction des limitations de vitesse de moitié en trois ans. Une nouvelle équipe cynophile (avec des chiens) à Roissy, et des mesures anti-intrusion visent à accélérer les réactions en cas de bagage abandonné et d’intrusions sur les voies. Une nouvelle procédure pour les malaises voyageurs est progressivement mise en place à partir du premier semestre 2024. Des écrans supplémentaires d’information voyageurs ont été déployés sur les quais du RER B. Selon Le Rail encore, « la mise en œuvre des premières mesures a déjà permis de rétablir la ponctualité de la ligne avec une hausse de 3 points entre 2023 et octobre 2024 (85,5% vs 88,5%) ». Remarque : cette amélioration est probablement liée à celle qui a eu lieu au cours des JO 2024 !

Double exploitation

Cela ne résoudra pas tout, car nombre de difficultés sont intrinsèques à l’exploitation conjointe de la ligne B par la SNCF et la RATP. La SNCF gère les gares situées sur les branches au nord de Paris jusqu’ à Mitry-Claye et Aéroport Charles-de-Gaulle 2 TGV). Mais au sud jusqu’à Saint-Rémy-lès-Chevreuse et Robinson, ainsi qu’à l’intérieur de Paris, c’est la RATP qui est en charge de la gestion.

Quand tout va bien, pas de souci. Mais en cas d’incident (il en arrive tous les jours) la gestion des trains est beaucoup plus difficile. Le plan d’Yves Ramette prévoit un centre de commandement unique (CCU) pour les lignes B et D à l’horizon 2030. Croisons les doigts.

Les matériels roulants

« On attend les nouvelles rames MI20 qui remplaceront progressivement les MI79 et MI84, » dit Dominique Daugeras. MI pour « Matériel Interconnecté » signifie que les rames circulent à la fois sur les réseaux SNCF et RATP. Les MI79, conçus en 1979, sont équipés de moteurs électriques. Ils sont reconnaissables à leur livrée blanche avec des bandes bleues et rouges. Les MI84 (donc conçus en 1984) sont similaires aux MI79, mais avec quelques améliorations techniques.

D’après Wikipedia et les publications de la RATP, les MI20, futures rames à deux étages, seront plus modernes, plus confortables et offriront une meilleure capacité de transport. Longues de 104m elles doivent compter 1.070 places assises, soit 20% de plus que le matériel roulant aujourd’hui. Elles doivent inclure de la vidéosurveillance, des prises USB et de la climatisation.

« Les MI20 devaient commencer à rouler en 2023, explique Dominique Daugeras, puis en 2024 et en 2025. Maintenant, ce serait plutôt à partir de 2027… en croisant les doigts! ». Les causes des retards ne sont pas forcément imputables à la RATP. « Ont été imposées subitement des normes européennes inutiles : l’obligation de crash test avec un camion sur passage à niveau avant leur mise en service, alors qu’il n’y a aucun passage à niveau sur les lignes du RER B !!» Ce qui se solde par deux ans de retard et, paraît-il, « le mécontentement de Valérie Pécresse ».

Le prolongement de la ligne 4 ?

Plusieurs pistes ont été et sont encore explorées pour découpler les trafics des lignes de Saint-Rémy, Orsay et Massy-Palaiseau, de celui de la ligne de Robinson. « Au début des années 2000, raconte Dominique Daugeras, un projet de navette entre Bourg-la-Reine et Robinson fut abandonné par la RATP ». Cela aurait consisté en un train faisant des allers-retours entre ces deux stations. En conséquence, pour aller à Paris, « il aurait fallu changer de quai à Bourg-la-Reine, descendre et monter des escaliers sans ascenseur. »

Le prolongement de la ligne 4 du métro depuis Bagneux jusqu’à Robinson puis à Châtenay-Malabry est un projet dont la faisabilité économique (il serait très coûteux) et technique est à l’étude. Il alimente en tout cas les espoirs de certains, les craintes d’autres. Le CARRRO a une position assez neutre. Il est conscient de ses avantages : extension possible jusqu’au tram 10 à Châtenay, augmentation de la fiabilité et de la fréquence des rames, amélioration des performances du RER B sur l’axe Saint-Rémy. Mais ce ne serait pas sans inconvénients pour les usagers de cet axe : temps de trajet plus long pour arriver au centre de Paris, interruptionde la ligne B sur l’axe Robinson pendant deux années de travaux.

En attendant NExTEO

De sorte que l’essentiel, aux yeux du CARRRO, reste l’amélioration de tout le RER B lui-même. Au cœur de cette transformation est l’unification des systèmes de régulation des trains, qui est prévue pour les années 2030. C’est la grande attente.

Le futur système de régulation du trafic, NExTEO « utilisera un système de contrôle des trains basé sur la communication continue entre les trains et une gestion centrale du trafic ». Cela permettra de réduire l’espacement entre les trains, par conséquent d’accroître le nombre de trains par heure. Avec, à la clé, une amélioration de la ponctualité et une augmentation de la capacité de transport, notamment dans le tunnel entre Châtelet et Gare du Nord.

Mais il semble qu’une régulation unique et efficace réclame une « omnibusation » ou « métroîsation » de toutes les rames, entre Bourg-la-Reine et Cité universitaire. En effet, précise Dominique Daugeras, « le fait que tous les trains ne s’arrêtent pas à toutes les gares est un facteur de complexité. Mais cela allongerait le temps de trajet pour les trains de la ligne Saint-Rémy qui sont actuellement directs » Allez satisfaire tout le monde !

N’empêche. Une régulation unique sur un réseau unique améliorera sans doute bien des choses. Et évitera peut-être que la ligne de Robinson soit, comme aujourd’hui, la « variable d’ajustement du RER B ».


Pour contacter le CARRRO

Mail: carrrob@laposte.net


Pour en savoir plus

Une intéressante communication datant du 30 septembre 2024 sur les travaux en cours sur la ligne B. Mise en ligne sur le site de la ville de Bourg-la-Reine.

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