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Si Sceaux m’était conté (2) : renouvellement de la population

Régulièrement, des scéens quittent la ville pour de nouveaux horizons quand arrivent au contraire des personnes qui s’installent dans la ville. Un phénomène qui compte beaucoup plus que le flux des naissances et des décès pour le renouvellement de la population. Comment se passe ce renouvellement, pourquoi certains partent-ils ou arrivent ?

Ancienneté dans la logement

L’Insee publie une statistique sur l’ancienneté des ménages dans leur logement. Attention, on parle ici du logement, pas de la ville : des Scéens déménagent en restant dans leur ville. Mais les chiffres ci-dessous montrent un turn-over non négligeable : plus de la moitié des habitants (53%) habitent leur logement depuis moins de 10 ans. A contrario, 29% y sont depuis au moins 20 ans.

C’est entre 15 et 54 ans qu’il y a la plus grande proportion de ménages qui arrivent d’une autre commune parmi ceux qui ont déménagé dans l’année.

L’ancienneté dans un logement dépend aussi du statut d’occupation : logiquement, l’ancienneté moyenne est plus élevée pour les propriétaires que pour les locataires. Quand on achète, c’est qu’on a le projet de rester un certain nombre d’années.

Pyramide des âges

L’analyse de la pyramide des âges et du contexte francilien (voir plus bas) montre, à travers des entrées sorties de la ville à tous les âges, un modèle dominant.

Les enfants et les jeunes jusqu’à 18 ans naissent dans des familles scéennes ou arrivent avec leur famille dans le cours de leur enfance. Ils font leurs études sur place, au moins jusqu’au lycée. S’ajoutent ensuite des jeunes qui viennent faire leurs études (post-bac), mais qui ne restent pas, ou, plus tard, qui viennent travailler.

Une partie importante des jeunes dont les familles sont à Sceaux quittent la ville pour leur travail, d’où une tranche d’âge plus faible entre 30 et 44 ans. Mais dans cette dernière catégorie, les femmes sont sur représentées. Des personnes qui arrivent viennent ensuite renforcer les cohortes un peu plus âgées. Souvent des familles avec enfants. Ces personnes peuvent être d’anciens Scéens (voir des exemples ici et ici).

Les anciens Scéens de retour peuvent être motivés par les liens familiaux ou amicaux (comme dans beaucoup d’autres villes) : pouvoir confier les enfants à leurs grands-parents le mercredi, c’est bien pratique quand les deux adultes du couple travaillent. Pour ceux qui n’ont pas d’attaches en ville, la principalement motivation (du moins pour les couples avec enfants) semble être la qualité de l’enseignement.

Plus de femmes

Au sein de la population scéenne, on compte plus de femmes que d’hommes. Normal, les femmes vivent plus longtemps. Mais le déséquilibre est plus important à Sceaux que dans le reste de la France : on y compte en effet 113,24 femmes pour 100 hommes, pour un ratio de 106,65 pour 100 en France. Dit autrement, le surplus de femmes par rapport aux hommes est deux fois plus fort à Sceaux.

Pour comprendre cette différence, il faut regarder de plus près la répartition par âge.

Si on compare avec la même structure France entière, on observe trois spécificités scéennes. D’abord entre 15 et 29 ans. Le ratio en France est de 97,45 femmes pour 100 hommes. Il est de 103,89 à Sceaux. Raison probable : plus de femmes que d’hommes dans les résidences étudiantes (à Jean Monnet, il y a environ deux femmes pour un homme). Il est cependant probable que joue aussi une plus forte proportion de femmes à l’âge du premier emploi. On en parle plus loin.

Ensuite au-delà de 75 ans. A ces âges, la proportion hommes/ femmes est très favorable aux femmes, à Sceaux comme en France. Mais la proportion de plus de 75 ans est un peu plus forte à Sceaux, sans doute en raison de la présence de résidences pour personnes âgées. Cela augmente mécaniquement la part des femmes sur l’ensemble de la population.

Le graphique ci-dessus montre une différence importante pour la tranche d’âge des 30/44 ans, où on compte 120 femmes pour 100 hommes, contre 104 pour 100 dans la population française. On note aussi que la part des 30/44 ans dans la population est plus faible à Sceaux qu’en France : 16% du total contre 20% chez les hommes, 17,1% contre 19,5 % chez les femmes.

La situation à Paris est très différente : les 15/29 ans et les 30/44 ans y sont nettement plus nombreux qu’en moyenne nationale. C’est vrai aussi dans les Hauts-de-Seine pour les 30/44 ans.

La raison de la situation parisienne est connue : les étudiants y viennent nombreux et ils restent quand ils sont actifs. Une partie part vers la banlieue quand les enfants commencent à grandir. Certains choisissent Sceaux pour la qualité de l’enseignement. Frédéric Delamarre constatait que cette venue dans le quartier des musiciens se faisait plutôt avec des enfants en primaire qu’avec des enfants en maternelle. Il pensait à une raison financière (le temps nécessaire pour accumuler une partie du prix d’un logement), l’arrivée se faisant avec accès à la propriété.

On peut donc penser qu’une partie des jeunes scéens quitte la ville (et les résidences étudiantes ou le logement familial) après les études. Cela fait un trou démographique après 25 ans, un trou qui commence à se combler avec l’arrivée de ménages avec enfants. Mais cela n’explique pas la surreprésentation des femmes à 30/44 ans, qu’on n’observe que très légèrement dans le département.

Précisons de quoi on parle : parmi les 30/44 ans, il y a 319 femmes de plus que d’hommes. Ce serait seulement 63 si le ratio était celui observé en France. Pourquoi donc 250 femmes supplémentaires ?

Première hypothèse : au sein des couples qui arrivent avec enfants, les femmes sont un peu plus jeunes que les hommes. Difficile à estimer, mais probablement limité à quelques dizaines de personnes.

Deuxième hypothèse : l’emploi local est majoritairement féminin, en particulier dans la catégorie Administration publique, enseignement, santé, action sociale. Dans cette catégorie, qui comptait 2870 emplois en 2021, il y a 70,4% de femmes, ce qui donne 2020 femmes et donc 850 hommes seulement. Dans les effectifs de la ville, on compte 294 femmes et 121 hommes.

Une assez faible partie des personnes qui travaillent à Sceaux y logent : seulement 1355 sur 5687. Mais la ville dispose avec Sceaux et Bourg-la-Reine Habitat d’un outil pour loger ses propres effectifs. On peut imaginer que cela profite à des jeunes femmes encore seules, mais il reste difficile d’en mesurer l’impact.

Qui sont ceux qui restent,  ceux qui arrivent ?

Lors de la séance de restitution de la démarche « Parlons ensemble de Sceaux », Philippe Laurent, maire de la ville a pointé « un grand attachement des Scéens à leur ville. De la part de ceux qui y vivent depuis longtemps, mais aussi des nouveaux arrivants. Ceux-là n’y viennent pas par hasard, mais parce qu’ils y ont déjà vécu ou parce que venant des villes voisines, ils savent ce qu’ils vont y trouver ».

Ce sont des propos qui veulent renvoyer une image positive aux présents, mais qui reflètent aussi une conviction générale. Mais, comme l’a fait remarquer un participant, rien ne dit que les présents étaient représentatifs de la population de la ville. Par définition, ceux qui étaient là y étaient assez attachés pour venir à la réunion. Faut-il considérer que ceux qui ne se sont pas déplacés n’étaient pas attachés à la ville ?

Des indices montrent que l’attachement à la ville est important pour une partie des habitants. Premier exemple : au moment de relancer l’association des anciens de Marie-Curie, Marie-Pascale Ragon, se présente comme « scéenne depuis 5 générations », tant du côté de son père que de sa mère. Si elle sent le besoin de le dire, c’est qu’elle pense qu’un nombre significatif de personnes y seront sensibles.

Autre exemple : lors d’une conférence donnée par Chloé Dupart et Hélène Offret à propos de deux lycées pendant la guerre, Jean Philippe Allardi a demandé aux personnes présentes si elles avaient des enfants dans l’un des lycées puis si elles-mêmes en avaient fréquenté un. Pas mal de mains se sont levées à chaque fois (20, 30% ?). Mais ce sont justement ceux qui ont fréquenté ces lycées qui étaient intéressés par le sujet. Difficile d’en tirer des enseignements.

L’ancienneté dans un logement dépend aussi du statut d’occupation : logiquement, l’ancienneté moyenne est plus élevée pour les propriétaires que pour les locataires. Quand on achète, c’est qu’on a le projet de rester un certain nombre d’années.

Si on regarde ce qui se passe France entière, on trouve une durée d’occupation moyenne équivalente pour les propriétaires, mais plus longue à Sceaux pour les locataires, quel que soit leur statut : 9,3 ans vs 8,3 et 15,5 ans vs 12,2 dans le logement social. Les valeurs sont de 10,2 et 14,7 en Île-de-France, on a affaire à un phénomène francilien. C’est plutôt sur l’ancienneté moyenne pour les propriétaires que Sceau se démarque en Île de France : 20,4 ans contre 17,8.

Il y a certainement un attachement d’une partie notable des habitants à leur ville, en particulier chez les propriétaires, mais pas d’indice permettant de dire que c’est très spécifique à Sceaux.

Parmi les ménages qui viennent s’installer à Sceaux, il y en a certainement qui le font à cause d’attaches familiales ou amicales dans la ville comme il y en a certainement qui le font pour que leurs enfants puissent bénéficier d’un enseignement de qualité. En quelle proportion ?

En revanche, il ne semble pas que les héritiers de propriétaires dans la ville restent dans la maison héritée. Déjà pour la raison simple qu’ils ont déjà un logement la plupart du temps.

Prochain article : caractéristiques de la population

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  1. AUER AUER 28 janvier 2025

    « Mais la ville doit loger le personnel enseignant en primaire et en maternelle » ??? Euh… bah non ! Il y a bien longtemps que ce n’est plus le cas, les derniers instituteurs logés par les communes ont été nommés… il y a 35ans et beaucoup d’anciens instits sont devenus professeurs des écoles et se logent à leurs frais et sans « aide » des municipalités.

    • Gérard Bardier Gérard Bardier Auteur de l’article | 28 janvier 2025

      Merci de ce commentaire. Article rectifié

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