Mercredi 27 novembre, la municipalité de Fontenay-aux-Roses et GeoSud92 tenaient une réunion d’information au centre Pierre Bonnard. Elle s’adressait d’abord aux copropriétés éligibles à un raccordement au futur réseau de géothermie.
Les acteurs du projet
Une cinquantaine de personnes étaient présentes. Parmi elles, des élus de la majorité (Laurent Vastel, Despina Bekiari, Michel Renaux, Claudine Antonucci, Arnaud Bouclier…), comme de l’opposition (Jean-Yves Sommier, Maxime Messier, Françoise Gagnard).
En introduction, Laurent Vastel explique que le projet, lancé il y a trois ans, entre dans sa phase opérationnelle. Il permettra de décarboner 15.000 logements et il est intéressant économiquement. Il entrainera naturellement des travaux mais une attention particulière est portée sur les impacts dans la ville. Il souligne que la viabilité économique impose de ne raccorder que des ensembles de taille suffisante.
Julie Charitat est directrice générale de la société publique locale (SPL) « GéoSud92 » depuis juin 2024, après avoir été directrice des services techniques et de l’aménagement de la ville de Fontenay. Elle explique que GeoSud92 a été créée par la société Sipperec (qui a réalisé les études préalables) et par les villes de Fontenay-aux-Roses, Sceaux et Bourg-la-Reine, avec un capital de 2,5 M€. La maitrise d’ouvrage sera confiée à Agemo, dont le représentant est Jean-Luc Nicaise.
GeoSud92 réalisera les travaux puis exploitera le site. La demande d’autorisation à la préfecture des Hauts de Seine et l’enquête publique ont déjà eu lieu : le permis de construire devrait être délivré prochainement. Julie Charitat indique qu’elle est aussi là pour conseiller ceux qui souhaitent être raccordés et analyser les demandes.
Présentation technique
Deux puits permettront, l’un d’extraire l’eau géothermale, l’autre de la réinjecter (plus froide). Les deux puits descendent jusqu’à la couche géologique du Dogger, qui contient une eau d’une température de 65°C environ. Les puits ne sont pas forés verticalement : en surface, les deux puits seront côte à côte. Mais, au niveau du Dogger, ils seront situés à 1200 m l’un de l’autre.
Un échangeur permet ensuite de transférer la chaleur de l’eau géothermale à celle du réseau de chaleur urbain. Celui-ci est composée de deux conduites, pour l’arrivée d’eau chaude et pour le retour d’une eau refroidie par son utilisation. La longueur initialement prévue du réseau est de 20km. À chaque raccordement avec un bâtiment ou groupe de bâtiment, un échangeur transférera la chaleur à l’eau qui circulera dans les radiateurs. Ce raccordement remplacera la chaudière existante (pour les bâtiments existants).
Utilisateurs
Le résultat pour les utilisateurs, c’est un prix maîtrisé, des ressources locales et un bilan environnemental performant (22.000 tonnes de CO² évités par an), des créations d’emplois. Le taux de TVA appliqué sera de 5,5%, car la production est assurée à plus de 50% par du renouvelable.
L’étude préalable évalue la répartition des clients en 24% de copropriétés, 18% de logements sociaux, 28% de tertiaire (généralement publics) et 23 % d’établissements publics.
Les copropriétés éligibles sont celles qui ont une chaudière collective (avec des radiateurs à eau) et qui ont une consommation suffisante (correspondant par exemple à 50 logements) et une faible distance de raccordement au réseau présumé.
La tarification comprendra une partie variable, fonction de la consommation, pour environ 30 à 40%, et une partie fixe, un abonnement qui correspond au remboursement de l’investissement et à l’entretien de l’installation et du réseau. La facturation est faite à la copropriété qui la répercute aux propriétaires à travers les charges.
Le raccordement sera gratuit pendant la phase des travaux.
Les copropriétés intéressées sont invitées à se faire connaitre. Il y aura une vérification de leur éligibilité. Le contrat (avec une police d’abonnement de 15 ans) demandera un vote en assemblée générale, en 2025.
Réalisation des travaux
Le forage devrait durer 4 mois, avec un fonctionnement en continu (7j/7, 24h/24). Son démarrage est prévu début 2026. Tout sera fait pour diminuer le bruit : utilisation d’une machine électrique branchée sur le réseau (pas de groupe électrogène), capotage et mur antibruit.
Les travaux sur le site du Panorama à Fontenay aux Roses (préparation et forage, échangeur…) dureront environ 1 an, pendant lesquels les 2/3 du terrain de sport seront neutralisés. Des visites pédagogiques, des opérations portes ouvertes seront proposées aux habitants.
8,3km sur les 20km de réseaux se trouveront à Fontenay-aux-Roses. Leur mise en place se fera en trois étapes et durera de 2026 à 2028. Il y aura deux canalisations (aller et retour) et les opérations sur les voies se feront par tranches de 200 mètres maximum (sauf exception) pour limiter les perturbations. Les riverains seront informés au préalable.
Questions concernant les copropriétés
Des questions portent sur la notion d’éligibilité. Pour l’instant, un tracé a été défini en fonction de la connaissance qu’avait la municipalité des modes de chauffage dans les bâtiments éventuellement éligibles. Ce trajet peut être revu en fonction des demandes. Il faudra considérer les consommations d’un groupe d’immeubles à chauffage collectif au regard des distances et coût de raccordement : rien n’est exclu à priori. Le nombre de logements minimal est un ordre de grandeur, c’est la consommation qui compte. Mais cela ne doit pas empêcher de faire des travaux d’isolation d’abord (par exemple à l’occasion d’un ravalement prévu). Comme le note, Laurent Vastel, il ne faut pas refuser les travaux par peur de ne plus être éligible.
Questions concernant le fonctionnement du réseau
En période estivale, le débit d’eau géothermale sera limité au besoin (pour l’eau sanitaire). Puis, au fur et à mesure que les températures externes diminueront, le débit montera jusqu’au débit nominal (300m3/h). Si besoin, on utilisera des pompes à chaleur, réduisant ainsi la température de rejet de l’eau thermale sans descendre en dessous des 30°C autorisés. Enfin, en période de grand froid, de la chaleur sera apportée par les quelques chaudières à gaz conservées à cet effet.
Les échangeurs installés entre le réseau de chaleur et les réseaux collectifs dans les habitats sont automatisés pour maintenir une température constante dans le réseau collectif, indépendamment du débit de celui-ci.
Questions concernant l’ensemble du projet
À une question sur le planning, Jean-Luc Nicaise explique que la petite incertitude sur le début des travaux de forage dépend de la disponibilité des foreuses. Un appel d’offres est prévu.
À propos du bruit, il cite un forage en cours à Malakoff (une visite sera organisée). Des studios d’enregistrement de France Télévision se trouvent juste à côté, ce qui avait conduit à de fortes inquiétudes de leur part. Aujourd’hui, le constat est clair : il n’y a pas de problèmes. Des mesures acoustiques sont faites au préalable. Des murs de protection sont construits de manière à tenir un engagement de maîtrise du bruit. Certains Fontenaysiens se souviennent du bruit occasionné lors du forage à Bagneux. Il s’agissait à l’époque d’une foreuse à énergie thermique.
Il existera un avantage prix par rapport au gaz, a fortiori par rapport à l’électricité, plus chère que le gaz.
Une question porte sur différents risques du projet, économiques ou techniques. Les subventions sont-elles menacées par les difficultés budgétaires du pays ? Pour l’instant, le budget de l’ADEME n’a pas été affecté. Le risque est sans doute plus pour les projets qui seront déposés à partir de maintenant que pour les projets déposés depuis longtemps, comme celui de GeoSud92. Pour ce dernier, la déclaration d’éligibilité est attendue dans les prochaines semaines. Les autres risques financiers sont les taux d’intérêt et le prix du gaz. Ces conditions sont aujourd’hui suffisamment favorables pour que le réseau de Bagneux voie arriver aujourd’hui de nouvelles demandes. Les habitants de Chevilly-Larue, qui ont des installations depuis 40 ans, en sont très satisfaits.
Le passage des nappes aquifères (entre le sol et le niveau du Dogger) fait partie des contraintes imposées par le BRGM pour donner le permis minier. Des mesures sont faites tout le long de l’avancement du forage et des adaptations sont décidées en fonction de ces mesures. Le maitre d’ouvrage a des superviseurs 24/24 7j/7 pour surveiller que tout se passe bien et que les méthodes choisies sont bien mises en œuvre.
On observe aujourd’hui en Île-de-France des difficultés dans certains projets qui concernent d’autres couches que le Dogger, sur celui-ci, l’expérience accumulée est maintenant très importante.
La réunion se termine autour d’un petit buffet convivial. Des tête-à-tête où l’on discute avec les orateurs de points très techniques. Les élus de la majorité précisent l’ambition politique. Des contacts sont pris entre Julie Charitat et les copropriétaires venus nombreux.
Article écrit avec Jean-François Bresse des Nouvelles de Fontenay