Le quartier des Blagis n’a pas échappé à la contagion émeutière. Déjà la nuit précédente, du 28 au 29 juin, des jeunes ont mis le feu à des voitures et des poubelles. De chez moi, j’avais cru entendre les pétarades habituelles des jours de fête de l’Aïd el-Kebir. Jeudi matin, les restes calcinés le long de l’avenue Jean-Perrin et les témoignages des commerçants du Centre commercial ont permis de comprendre que… ce n’était pas la fête.
Feu au commissariat
Le soir du 29 juin, alors que se déroulaient dans le calme et la bonne humeur les Estivales de Sceaux à l’Hôtel de Ville, on a vu cette agitation se remettre en place avec tir de mortiers, pièces d’artifices désormais bien connues, et déploiement discret de forces de police. Toute cette agitation s’est amplifiée au fil des heures et vers 1 h 30 des flammes se sont élevées sur la façade du commissariat de police des Blagis. L’ancien commissariat en fait, car il est occupé par la Direction territoriale de la sécurité de proximité depuis le transfert du commissariat à Châtenay en 2003. Mais les jeunes qui ont mis le feu ne s’y trompaient pas. Ils s’en prenaient aux symboles de la République. La police nationale est intervenue avec des grenades lacrymogènes.
Commerces vandalisés
Le Centre commercial a été le théâtre de violentes dégradations. Un monsieur qui habite dans un logement au-dessus m’a dit : « Ils étaient une cinquantaine, mais ceux qui cassaient étaient tout au plus une dizaine. »
Les devantures de la boulangerie ont été fracassées. La boulangère, en larmes, se désespère : « je vais rouvrir dès que je peux». Le boulanger raconte : « Quand j’ai entendu les jeunes dans le centre pendant l’après-midi, j’ai décidé de ne pas rester là pour la nuit. Je suis parti avec ma femme et mon fils.»
La boutique qui vend de l’informatique et du téléphone mobile a été pillée, la porte d’Auchan défoncée et le rayon d’alcools vidé.
Évidemment, l’émotion était partout.
Une dame sous le choc : « Vous voyez, c’est ça la France !»
Il m’a fallu un peu de persuasion pour lui faire admettre que les Français ce n’est pas la même chose que la France, et que tous les Français ne se livrent pas à de tels débordements.
Une voisine m’a dit cet après-midi que le maire est venu. Ce que confirmera le fil Twitter de la Ville de Sceaux sur lequel on le voit rencontrer des habitants des Blagis, accompagné du préfet des Hauts-de-Seine et de Jean-Pierre Riotton, élu délégué à la sécurité.